vendredi 10 janvier 2014

Le dessert




Le dessert était servit. Au milieu il y avait un Paris Brest dont la circonférence était sortie des livres de Rabelais. Le dessus –pâte à chou, pâte d’éclair, cercle de vélo- était posé de biais comme un béret basque. La crème au beurre pralinée, était stylisée en vagues de sable – quand la baïne se perce au large – des colverts en pâte d’amande en pose avant l’envol coiffaient le Paris Brest. Celui -ci était présenté sur un plat soufflé par les Daum du début de siècle. Quelle pièce ! Dans l’aiguillière le jaune doré du Monbazillac nous donnait son sirupeux en illuminant l’ensemble et les visages  des 5 convives plus la Maîtresse de maison. Ce Paris Brest amènait à l’ébétitude.  Les invités étaient béats devant ce tableau dessué qu’aucun n’osait planter la pelle à gâteau argent ciselé qui défiait les cuillères à absinthe en sillage de l’argent. Ce manège dura une bonne demie heure.Les hommes faisaient des contrepèteries. Les femmes jalouses du succés de la Dame de maison tentèrent de dériver les regards sur leur décolleté qu’elles avaient discrètement embaillé, saupoudré leur galbe aldente. Le temps s’était éternisé, alors on ricana devant. Le dessert ne comptant pas, il arrivait un peu retard, cela ne faisait rien on allait tout de même le caresser.
Françoise Frankie pain La Mangou


8 commentaires:

  1. Pas besoin de la photo (très appétissante) , rien que par ta description, les yeux fermés on le voit, on le sent, on l'imagine et on l'idéalise.
    Il ne nous maque que sa présence réelle pour l'engloutir !
    Je t'embrasse bien fort ma Frankie.
    Belle fin de journée

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  2. Après un tel dessert il ne reste qu'à faire Paris-Brest à pied !

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  3. ioui les nanas rendez vous Paris Brest et alte dégustation

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  4. coucou Frankie
    Quel régal...ton texte vraiment je vois cette scène ! je lis en ce moment un roman de l'époque victorienne et c'est tout à fait l'ambiance
    ton Paris Brest je le sens sur ma langue, le praliné fond et la pate à chou éclate
    je ne te remercie pas pour le kilo supplémentaire du à ta lecture...
    gros gros bisous

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  5. J'en veux j'en veux est-ce qu'il en reste?

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  6. La dame de la maison est une fée du logis! Et toi, tu sais bien nous appâter... Miam!
    Bonne nuit, Frankie!

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  7. « Les femmes jalouses du succès de la Dame de maison tentèrent de dériver les regards sur leur décolleté qu’elles avaient discrètement entrebâillé, saupoudré leur galbe aldente. Le temps s’était éternisé, alors on ricana devant. Le dessert ne comptant pas, il arrivait un peu retard, cela ne faisait rien on allait tout de même le caresser. »

    Ce Paris-Brest, arrivé sous l’image de la roue de bicyclette devient peu à peu un excitant érotique : à force de désirer mordre dedans, ce sont peu à peu les rondeurs des décolletés qui deviennent al dente.
    Mais toujours – toujours ! – l’érotisme, qu’il soit celui de la saveur d’un sein ou de la crème au beurre, relève de l’attente. Sans attente, pas de frôlement, sans frôlement, pas de caresse….
    Vous m’affolez chère Frankie !
    J-P

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  8. L'attente est si savoureuse qu'on en oublie la chair du gâteau... Le désir est toujours le summum du plaisir n'est-ce pas ?

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