lundi 23 février 2015

première urgence dans le marais



  gamme  de la semaine 
je vous l'ai mise en entier c'est vous qui feront les coupures en rapport à vos désirs et emplois du temps.
pour les lecteurs et lectrices du feuilleton Odette et le skipper vous retrouver  l'héroïne Odette.

Le premier rendez vous pour son retour à son ancien métier est sur son carnet neuf : un panaris... L’urgence est mineure alors sur le chemin de l’école désaffectée lieu de son rendez vous, dans un endroit assez dégagé en arbres pour  mieux capter  son émission de  France culture, elle s’arrête  et déguste. Un de ses auteurs favoris est interviewé avec en plus sa  lecture de quelques extraits. Après guillerette est  la route  entre Maillé et la Ronde malgré un trac d’une reprise après un si grand écart.

Odette trouve relativement facilement  la vieille école. Elle tire la cloche au-dessus de la porte, une voix qui  marche lui dit : entrez.  Le timbre de la voix l’interpelle  « pas inconnue ». La porte est ouverte,  un homme avance vers elle, entre la lumière du dehors et la pénombre du dedans, un temps au pourpre rétinien pour entrapercevoir les contours et les détails. Phrase d’accueil.   Odette avance jusqu’à la banquette où  elle s’évanouit.

L’homme la veille. A son réveil l’homme dit : « que puis-je faire pour vous ? » Odette dans son sourire le plus lumineux  elle répond : «voulez vous m’épouser ? ». L’homme au panaris avec ses  douloureux lancements dans son pouce droit  acquiesce de la tête et dit : « oui,         je le veux bien,    ….       dans six mois. »

Odette enfile sa blouse blanche, demande un torchon de cuisine propre et à se laver les mains. Sur la table de cette pièce, plus bibliothèque que salle à manger, elle installe sa boite de petit chirurgie, ses fioles,  sa boite stérile du bistouri. Dans un bol de cuisine  elle immerge la main droite dans du dakin. Odette ajuste ses lunettes, enfile ses gants. Elle observe le gros bobo turgescent, jaunassant, elle palpe,  observe le visage de l’homme,   en même temps, elle mesure  le degré de la douleur. « Je vais inciser, Monsieur Souche. Votre vrai nom ? » Il acquiesce. « Cà vous va bien aussi. Comme votre nom d’auteur d’ailleurs Quelle  synchronicité ! Sur le chemin je vous ai entendu sur  France Musique ».

- Je comprends mieux votre étourdissement. Dans le marais nous pouvons croire à certaines apparitions.  J’aime bien écrire ici. Aïe.
-Pardon, il la fallait cette petite incision. Quand le patient parle, on le prive de l’appréhension, c’est mieux ainsi. Je vais appuyer pour qu’il se vide.  Un bon pansement non compressif, dans quelques jours  tout sera rentré dans l’ordre. Pas de fièvre ? Donnez-moi votre front.  Odette est gênée, rétrospectivement, comment a-t- elle pu être si directe ?  Elle pose le dos de sa main sur le front, le temps de la captation de la fièvre,   elle sourit aux marronniers en fleurs de la cour. Blanc, rose et rouge. L’incongruité  de cette situation  est palpitante  sous sa blouse blanche.

Il lui aurait offert un thé, avec des merveilles qu’aurait confectionné Anna sa  gouvernante. Il lui aurait dit  que l’écriture le comblait tellement qu’il n’envisageait plus sa vie avec un être vivant -  malgré l’avoir souhaité si longtemps -  . Il aurait  eu le temps de l’observer, ces quelques heures dans son évanouissement.  Il aurait même été voir son ambulance aménagée. Sa vielle ambulance remise à jour avec le tout pour y vivre, le tout pour y soigner. Dans la bibliothèque  de  la « doctor » il a vu au moins trois livres de lui et plusieurs de ses grands amis. Il aurait dit « au moins ils s’entendraient. » En buvant le thé il aurait dit : nous commençons mal notre roman d’amour. Ah ! aurait- elle répondu sur un ton ingénu. - n’oui, Melle Odette, d’habitude c’est la fin : la demande en mariage. Qu’elles vont être nos péripéties ? Quand çà commence par ce qui termine ! J’aime passer à la mise en culture en boite de pétrie le roman qui va venir, au cours de l’écriture de mon roman, alors là ???  Il dirait être perdu, chamboulé. Elle aurait répondu : le pire protocole est à l’orée peut-être d’un Prix Goncourt. Ils seraient partis dans un fou rire interminable, un magasin entier de pellicules pensa-telle.  Il lui aurait dit :  « cela fait un moment que la nuit est là. Je ne voudrais pas  vous envoyer par le marais noir après ce remous de vie, ce courant. Voudriez-vous habiter ma chambre d’ami ! » Il n’aurait pas attendu sa réponse, il se serait levé,  il aurait été au chai des bûches, en serait revenu les bras chargés, elle se serait mise  à éclater du petit bois, à l’installer comme un mandala accompagné d’une frise de pommes de pin, elle aurait dit : « c’est moi qui craque l’allumette.  Pour qu’il fasse flamme et prenne : il faut être philosophe ou amoureux. » Il aurait laissé faire, étonné de sa docilité. Ils auraient baigné de silence et de mots, ils se seraient attardés fort longtemps sur la virgule,  les volières de l’aube du marais et leurs chants  les auraient surpris dans leur premier sommeil. Ils auraient eu leurs corps à peine rapprochés.
La fermière voisine aurait fait sonner la cloche et  posé le grand bidon de lait frais. La vue de l’ambulance l’aurait fait frapper aux carreaux. Monsieur Souche l’aurait rassurée. La fermière serait revenue avec un bon poulet juste plumer. Odette serait partie pour une urgence à l’église de Maillet.

Anna aurait été de repos. Monsieur Souche aurait mis le tablier de cuisine  d’Anna. Il aurait farci le poulet  comme il aimait piquer ses chapitres de quelques épices.   Il serait allé cueillir au jardin les herbes qu’il aimait respirer avant  de s’attabler à l’écritoire. Dans la pinède derrière l’école il aurait cueilli sur les bruyères en fleurs des épines de pins. Ils les voyaient bien piquées dans le troufion du poulet.  Dans le garde manger il aurait sorti la truffe, il l’aurait râpée dans le ventre du poulet. Odette serait revenue les mèches en bataille elle aurait aidé un vêlage.

Ils auraient mangé avec un Pomerol qu’il aurait versé auparavant  dans son aiguillère d’argent Daum, cadeau du fils Daum ce journaliste fou de VSD. Une sieste les aurait séparés. Odette aurait voulu la faire dans l’ambulance, il aurait accepté de la suivre. « Vous me devancez aurait-il dit: je vous réservais pour demain la visite de la Venise verte par les canaux,  il me fallait un « pigouilleur »  (pour avancer sur la plate du marais, un bâton une pigouille pousse dans la vase  du canal). Elle aurait demandé pardon : être proche de la vache lui permettrait de mieux se reposer. Ainsi ils auraient vécu leur première proximité de leur corps dans un champ rempli de boutons d’or, dans un concert minimaliste de ruminements  de plongeons de ragondin, de mugissements maternels des jeunes génisses accouchées. Il aurait dit : « le galbe de vos seins me fait découvrir les mystères des marbre de Carrare de Rome. » Monsieur aurait été jusqu’à lui servir d’assistant dans des petites chirurgies : recoudre les sutures. Son éditeur auraient été ravi des petites différences qui auraient émaillé les récits de son adulé auteur. Moins de temps à la table d’écriture. A regarder Odette Monsieur aurait habité sa caverne de la femme comme d’une vulve fécondée, ses mots seraient sortis amplifiés de sonorités sensuelles. Il se croyait au bout en répétition de son dire, il  se sentirait dans la genèse d’un autre mystère, toujours aussi captivé. Odette parlerait peu  de son passé. La seule émergence aurait été le regard au scalpel des réactions  profondes des protagonistes des pages de  Monsieur Souche. IL aurait sacrifié ses salles de classes,- uniquement réservées à ses premiers jets et ses énièmes reprises par chapitre- pour lui aménager une sorte de dispensaire. Recevoir quelques consultations après ses interventions sur le terrain. Il aurait publié les bancs dans les temps. Le mariage aurait bien eu lieu 6 mois jour pour jour après l’évanouissement d’Odette.

L’intimité souhaitée se serait transformée de  surprise en surprise. D’abord Monsieur aurait fait comme l’oublier  Odette sur son fauteuil sous un préau en sa robe de mariée. Tout aurait été pensé pour cela : qu’elle se vide des squames de son passé, qu’elle puisse revenir sur sa décision. Après un kaléidoscope  d’enfer dantesque, au moment où elle n’aurait plus attendu dans cette cour d’école déserte à part les oiseaux, comme l’entrée du film «  Il était une fois dans l’ouest » de Sergio Léone, les musiciens en queue de pie, noir sur blanc, seraient apparus avec le chef d’orchestre. A la première mesure de « La pastorale » de Beethoven,  le curé dans sa robe noire  aux pans flottant aurait franchi le porche  de l’ancienne école, son missel à la tranche violette bien tenue dans ses mains en prière sur sa ceinture carmin. Il aurait avancé au cœur d’un troupeau de mérinos.  Blancs, noirs, marrons. En couronne  des cavaliers et cavalières sur  des chevaux de traits anglos percherons aux robes grises, tâches de blanc et noir, aux crinières comme les vagues de  la mer. Sauf une demoiselle d’honneur  sur une chèvre blanche habillée de rose pivoine  pâle. Deux oui  se seraient réunis  dans l’écho des préaux.   La fermière et ses complices seraient arrivés avec une charrette  de gaëls rouge, violet carmin, blanc.  Elle les aurait répartis cérémonieusement dans des pots au pied de chaque pilier de préau,  portée par les voix choristes des villages alentours.  Un jeune tambour aurait  roulé avec ses baguettes expertes  la peau tannée du tambour, il aurait ensuite  convié les mariés, les invités à un méchoui dans la cour de la ferme d’à côté.

Ce couple n’aurait pas eu  d’enfants, seulement  de nombreux livres seraient nés de cette alliance. Odette n’aurait rempilé des années de travail après la date de sa retraite. Régulièrement venaient peindre ou écrire dans son dispensaire  des voyageurs, des amis des villages.  Des yourtes ce seraient installé autour de l’école… Chaque soir Odette méditer sous l’Hêtre pourpre,  elle chantait la chanson d’Edith Piaf : Non rien de rien non je ne regrette rien. ». …..
  
 de Frankie Map's Monde

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C’est là qu’Odette apprit que le réseau de résistance dont faisait partie son père Etienne René avait été fait prisonnier que le père de Monsieur Souche était Monsieur Robert

8 commentaires:

  1. Jubilatoire, comme toujours!
    Plein de mots savoureux : "le bobo... jaunassant" - Beurk, immédiatement! - Les herbes piquées dans le cul du poulet : un savoir faire de cuisinier! Et le marais, tout autour!
    Un bon moment!

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  2. Gine à tout dit... jubilatoire, lyrique, sensuel c'est Odette-Frankie que l'on connait et reconnait...
    je t'embrasse

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  3. On reconnait bien ton style dans cette histoire qui se déroule rapidement. Bravo.

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  4. Colorée, bouillonnante une jolie rencontre !

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  5. de garance Toulouse

    Tout ton univers est là. Tes personnages récurrents, tes décors de saintonge, tes gourmandises. Il y a quelque chose d'immuable à te lire ainsi depuis les mains expertes d'Odette soignant les plaies superficielle de celui qu'elle désire.
    Tu es là tout entière dans ces phrases lumineuses. Tu es une auteure de la lumière ma chérie et elle brille dans tes mots du quotidien comme dans ceux de l'amour. C'est beau.
    garance

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  6. Je débarque dans l'histoire et je pressens un univers tellement vaste ... Amicales bises.

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  7. gran historia
    me gustó tu blog :)
    abrazos

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  8. Contente de retrouver Odette, pleine de couleur, de bonté et d'amour pour les autres.
    Il n'y a rein à regretter, tout est bon chez toi, il n'y a rien à jetter.
    Je t'embrasse Map's Monde.
    Belle journée

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