jeudi 24 mai 2012

contes de sagesse : les deux branches , sage ou fou





les deux branches

Il y a bien longtemps, sur une lande desséchée,
se trouvait un arbre extraordinaire. Il était très vieux, aussi vieux, disait-on, que la Terre ; et il donnait des fruits merveilleux, dorés et luisants comme des soleils. Ces fruits faisaient ployer deux énormes branches. Hélas, personne ne pouvait profiter de ce don du ciel, car l'une des deux branches portait des fruits empoisonnés ; et l'on ignorait laquelle. Tous salivaient donc devant ces fruits offerts, mais aucun n'y touchait. Vinrent des temps de famine. Un printemps trop glacial ravagea les vergers, un été trop sec brûla la moisson. Seul le vieil arbre portait ses fruits, plus beaux que jamais. Alors les villageois se rassemblèrent autour de ses branches, l'envie au cœur. Il leur fallait choisir : risquer la mort en mangeant les mauvais fruits, ou mourir de faim en n'y touchant pas. Ils tournaient autour de l'arbre, indécis, lorsqu'un vieil homme, que plus rien ne rattachait à la vie, osa faire le geste. Il saisit un fruit d'une branche et mordit à pleines dents. Tous le regardèrent. Puis, voyant qu'il croquait et croquait encore, ils se précipitèrent pour se nourrir à leur tour. La chair des fruits était suave, elle rassasiait de la faim comme de la soif. Et, miracle ! au fur et à mesure qu'on les cueillait, d'autres fruits repoussaient.

Durant plusieurs jours, la population du village festoya en riant de sa peur passée. Dire qu'ils avaient failli mourir de faim à cause de l'autre branche empoisonnée !
À quoi bon d'ailleurs garder cette branche, aussi
inutile que dangereuse ? À la nuit tombée, ils prirent une hache et la coupèrent au ras du tronc.
Hélas, lorsqu'ils revinrent le lendemain, tous les fruits étaient tombés. Ils pourrissaient sur le sol. Et l'arbre. le bel arbre aussi vieux que la Terre, était mort.

D'après un conte de l'Inde












Cette histoire arabe fut racontée par Khalil Gibran

Sage ou fou ?

 


Un roi puissant et sage gouvernait la ville de Wirani. Tous le craignaient pour sa puissance et l'aimaient pour sa sagesse.

Or, il y avait au coeur de cette ville un puits dont l'eau fraîche et critalline alimentait toute la cité. Une nuit, alors que tout le monde dormait, une sorcière pénétra dans la ville et empoisonna le puits. Elle y versa sept gouttes d'un liquide étrange en disant : "Tous ceux qui boiront de cette eau deviendron fous."

Le lendemain tous les habitants de la ville, excepté le roi et son chambellan, burent de l'eau du puits ... et comme la sorcière l'avait prédit, ils perdirent la raison.

La ville devint le théâtre des agissements les plus étranges, et le roi ne parvenait pas à calmer la population. D'autant que désormais toute la ville murmurait : "Notre roi n'agit pas comme nous, il est devenu fou. Nous refusons d'être gouvernés par un dément. Il nous faut le détrôner."

Aussi ce soir là, le roi fit remplir un gobelet doré de l'eau du puits. Il en but une grande gorgée puis le passa à son chambellan qui fit de même.

Et le peuple de la ville se réjouit et organisa de grandes fêtes : le roi et son chambellan avaient, disait-on, recouvré la raison ...


Bazille scènes d'été


 beau week- end de Pentecôte
enfin nous allons fêter l'été




  bonne route

7 commentaires:

  1. Bonjour madame la conteuse et ,merci de nous faire profiter de votre sagesse !
    Bon week-end de Pentecôte, fêtons bien l'été.

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  2. Très intéressante l'histoire de l'arbre.En effet il vaut mieux, quitte à sacrifier quelqu’un pour le bien de la communauté, que ce soit le vieux à la place du mousse...
    Agréable Pentecôte.

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  3. La première histoire nous démontre que ce qui est mauvais pour nous peut être bon pour un autre. Bonne fin de semaine.

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  4. « Cette histoire arabe fut racontée par Khalil Gibran… »

    Ce n’est quand même pas rien que la morale de cette histoire – parce que, si je comprends bien, l’arbre meurt quand on supprime la branche qui porte le mal. Autrement dit, inutile de faire des guerres pour exterminer les ennemis ou les races maudites : eux aussi sont nécessaires à l’équilibre sans lequel le monde dont nous dépendons n’existerait plus.
    Je n’ai pas entendu beaucoup de religieux donner cette version des choses…

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  5. de Sollee de Toulouse
    Merci de tous ces mots sur Artaud et du conte des deux branches, parabole de la schizophrénie : la mauvaise branche est partie intrinsèque de l'arbre et se sont les fruits empoisonnés qui permettent a l'autre branche d'en faire de si succulents...
    Si Artaud n'avait été malade, ses écrits auraient-ils été si brillants ?

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    1. justement c'est jean pierre Hammel qui est au dessus qui a écrit sur la phrase d'artaud dans on blog citation du jour tu peux aller chaque jour il nous enseigne.. gros bisous

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  6. Deux contes comme je les aime. Pleins de sagesse .... et de folie.
    Merci de nous les offrir.
    J'ai pas eu beaucoup de temps à consacrer à la toile ces jours derniers, et je regrette d'avoir raté tes billets.
    Bonne journée à toi

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