vendredi 16 septembre 2016

quelques phrases de la quinzaine littéraire et deux poésies de Wordsworth


Entre le ciel et  la mort  de Hervé martin

"Le mal progresse, j'accepte la défaite / dans la gloire des roses premières . "

Pierre Reverdy

"Je n'ai pas assez de place pour mourir".

deux poésies de  William


LES JONQUILLES
J’errais solitaire nuage,
Qui vogue haut sur monts et vaux,
Quand d’un coup je vis une foule,
Un essaim de jonquilles d’or ;
Le long du lac et sous les arbres,
Voletant, dansant dans la brise.

Constantes comme les étoiles
Qui sur la Voie Lactée scintillent,
En ligne elles s’étendaient sans fin
Le long du rebord de la baie :
J’en vis dix-mille en un coup d’œil,
Qui dansaient agitant la tête.

Près d’elles les vagues dansaient,
Mais brillaient moins qu’elles n’étaient gaies ;
Ravi ne peut qu’être un poète
En si riante compagnie :
Je scrutai, scrutai, sans savoir
Quel trésor leur vue me confiait :

Car souvent lorsque je m’allonge
Que je sois rêveur ou pensif,
Elles brillent pour l’œil intérieur,
Félicité des solitaires,
Et de plaisir mon cœur s’emplit
Et danse parmi les jonquilles.

Traduit de l’anglais par ©Maxime Durisotti

THE DAFFODILS
I wandered lonely as a cloud
That floats on high o’er vales and hills,
When all at once I saw a crowd,
A host, of golden daffodils ;
Beside the lake, beneath the trees.
Fluttering and dancing in the breeze.

Continuous as the stars that shine
And twinkle on the milky way,
They stretched in never-ending line
Along the margin of a bay :
Ten thousand saw I at a glance,
Tossing their heads in sprightly dance.

The waves beside them danced ; but they
Out-did the sparkling waves in glee :
A poet could not but be gay,
In such a jocund company :
I gazed – and gazed – but little thought
What wealth the show to me had brought :

For oft, when on my couch I lie
In vacant or in pensive mood,
They flash upon that inward eye
Which is the bliss of solitude ;
And then my heart with pleasure fills,
And dances with the daffodils.



LA MOISSONNEUSE SOLITAIRE
Vois-la, qui seule dans le champ
Solitaire enfant des Highlands !
Moissonne et chante toute seule ;
Reste, ou passe sans bruit !
Seule elle fauche et lie le grain,
Poussant un chant mélancolique ;
Oh écoute ! le val profond
De partout déborde du son.
Jamais rossignol ne chanta
Si doucement pour le repos
De voyageurs en un coin d’ombre,
Parmi le sable arabe° ;
Jamais plus doux chant ne se fit
Lors du printemps par le coucou,
Pour rompre le calme des mers
Parmi les lointaines Hébrides.
Qui me dira ce qu’elle chante ?
Ces vers plaintifs ont-ils mémoire
De quelque ancien malheur, d’antan,
Des batailles antiques ;
Ou est-ce un plus humble poème,
Sujet familier de nos jours ?
Chagrin, perte, peine ordinaire,
Qui fut et sans doute sera !
Qu’importe, la fille chantait
Comme pour ne jamais finir ;
Je la vis chanter à l’ouvrage,
Penchée sur la faucille ;
J’écoutai à n’en plus pouvoir :
Et en remontant la colline
La musique en mon cœur durait,
Quand même on ne l’entendait plus.
Traduit par ©Maxime Durisotti
° Je dérobe à Mallarmé l’emploi capricieux de « parmi » devant un indénombrable singulier (« Verlaine ? il est caché parmi l’herbe Verlaine »)
THE SOLITARY REAPER
Behold her, single in the field,
Yon solitary Highland Lass !
Reaping and singing by herself;
Stop here, or gently pass !
Alone she cuts and binds the grain,
And sings a melancholy strain;
O listen ! for the Vale profound
Is overflowing with the sound.
No Nightingale did ever chaunt
So sweetly to reposing bands
Of Travellers in some shady haunt,
Amont Arabiand Sands:
No sweeter voice was ever heard
In spring-time from the cuckoo-bird,
Breaking the silence of the seas
Among the farthes Hebrides.
Will no one tell me what she sings ?
Perhaps the plaintive numbers flow
For old, unhappy, far-off things,
And battles long ago:
Or is it some more humble lay,
Familiar matter of today ?
Some natural sorrow, loss, or pain
That has been and may be again !
Whate’er the theme, the Maiden sang
As if her song could have no ending;
I saw her singing at her work,
And o’er the sickle bending;
I listened till I had my fill:
And, as I mounted up the hill,
The music in my heart I bore,
Long after it was heard no more.

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