je vous souhaite bonne lecture
2eme jet
C’est
dimanche. Les champs Elysées couloir sont envahis de visites.
Cris, éclats de rires, palabres
al continuum. C’est donc vrai que cela existe.
Après tant d’années d’exode aux
habitudes du groupe familial, nous sommes tentés par circuit de haute sécurité
d’oublier que cela existe.
Où sont donc les miennes ?
L’on m’en avait quasiment promis une. Au point
que pour ne pas qu’elles se chevauchent,
j’avais laissé tomber la relance d’un désir exprimé. Il me fut bien noté : « surtout pas deux visites
en même temps ».
Depuis
trois semaines les «relations »- je ne sais plus comment les appeler-,
elles savent que mes portables ne me donnent pas la voix, leur voix, que le seul moyen est de me parler sur mon fixe.
Comme une envolée de passereaux à
l’arrivée du chat de la maison dans l’arbre,
elles sont parties.
C’est une sacrée cure de silence imposé. Nous
cramons les plombs normalement le 10 éme
jour ; là ca fait presque 2 mois et demi : « bon poids. Madame,
vous voyez ! »
J’en suis au stade que je ne peux
plus téléphoner. Mon défenseur interne me la dé-prescrit « appel
de mendiante » never, never. Aujourd’hui, j’ai reçu la réception d’un
petit service, d’un ami voisin de mon centre, pas un mot sur une potentielle visite, je
l’avais donc fantasmé. Pourquoi fantasmer des mots qui l’ont suggéré et la
conditionné.
Vous
verriez ma mine de papier mâché, au milieu des rires des chambres d’à côté. La
joie a tiré ses bords. La semaine sera chargée de chimio, d’ergonomie, de kiné.
Du roman.
Etres ne vous mettez donc pas en
peine de visites, la vieille sera au milieu de sa troisième chimio bien
fatiguée. Vous n’aurez pas votre joute verbale dont vous adorez, vous en roulez
les pouces , de temps en temps question de faire rebondir ce drôle de polichinelle,
vous envoye une relance.
Alors, pour ne pas glisser du
haut du toboggan vers la baïne de la mélancolie tout sera occupée de
méditation, de grottes chamaniques.
Les fermoirs de fermeture l’éclair
gravira quelques dents et ne se rouvrira pas. Plus. Ne plus être atteinte de
ces misérabilismes d’attente. De planter des choux ou de compter les lentilles
en faisant un vœu toutes les mille.
C’est
bêtasse une absence de distinction, d’attention et zobbie la fin de journée est
foutue. J’ai du boulot encore. Je dis n’importe quoi, je les écris même, je
suis dépitée. Pas un mot sur l’éventuelle visite, je ne vais pas me mettre à
écrire en mal, « En attendant Godot ». Pardon beckett
. Je connais. Surtout ne jamais demander.
La rate au gros bouillon sans autre source de
procès que de la cuire. Saler, manger à l’huile - vinaigre. Les rates de la
marche du mercredi de Courçon d’ Aunis confites dans de la graisse du confis de
porc. Au moins une atrocité m’apporte une image de gourmandise. Je m’en régale.
J’ai la joie de pouvoir capter
France musique sur mon portable et la contrebasse mon running ne me fera pas
céder, m’écrouler, et glisser sur le toboggan du très très bas. La stance de la
mélancole.
La
transfiguration de l’absence de visite et de coup de téléphone. Au moins je
sais que ce qui s’y raconte est tellement peu délirant de conversation que déjà
je suis passée à autre chose : la
lecture de l’œuvre de Flaubert pour avoir de belle envolée avec Palmarès mon
cher perroquet de Flaubert que j’ai acheté aux enchères 1 euros. personne n’en voulait il vit dans ma
salle de bian , pour l’instant je suis encore conditionné au lit je n’ai pas le
droit de poser mon pied du fémur cassé au sol. Le myélome à poser sa yourte à
l’embranchement de deux bouts et du coup tout cale jeune comme les premiers
radis il les bouffe.
Je retiens mes larmes. Je ne sais
dans quelles conditions une telle maladie l’être en visite est projeté en
lui-même pour ne rien signifier, c’est
vous la parleuse. Pour sa sécurité, il a mon fixe, je n’ai pas le sien. L’eau
du lac de montagne n’est pas plus claire. Depuis 8 ans l’aimance –terme de Derrida nommant l’amitié-
fraternelle est née, je n’ai abusé du portable comme quoi l’agonie d’un être ça
fait flipper. Je n’agonise pas encore, peut-être jamais. Les équipes sont
engagés dans les soins, grande éthique envers le malades et de Saint louis à
Romainville la circulation des informations . Chaque détail, n’est jamais à
l’économie. Le geste de chacune des équipes m’offrent 1OO fois par jour un
geste vers la vie. Leur prénom, leur différence , leur sourire aussi.
- Pas de plainte Abigaël. Regarde
là où va la reconstruction, le reste chacun croise ses angoisses, découvre le
miroir de la mort en direct alors le jeu du bol de glaçons de chez Ayuna sur la
8 , là c’est la bête cannibale qui ronge la moelle osseuse. Quelle
coïncidence la petite fille de Rabelais ils
ont toujours dit de moi dans mon pays de Bordeaux, « la substantifique
moelle » cela pourrait apparaître
le grand gag.
J’ai mal. Mes larmes une pluie
d’orage comme une écharpe qui descend du ciel et m’enrobe pour que le froid me
calme comme les bains froids que l’on donne aux démentes pour étouffer leurs cris.
Palmarès le perroquet ;
-Abigaël il te manque un peu de
poésie. Tu crois qu’ils vont te lire ?
Abigaël
Peut-être ceux touchés du même mal, les
isolés.
Palmarès le perroquet
Traversons l’Atlantique du manque
d’humains à la rame ; Quand tu arriveras à New York tu chanteras
la liberté devant le statut de ce nom là.
- N’oublie pas Abigaël le réussir d’une psychanalyse
c’est ne pas se transformer en obsessionnelle où les défenses s’irrigent sans
même avoir à y penser c’est structurel, quand on est une hystérique de conversion.
Il y a bien d’autres avantages mais c’est la mère tape dure voyez le cadeau
qu’elle vous a offert le 29 octobre.
Abigaël
Mon après midi a été cuite, non blette , je répugne
çà .
Je ne suis pas dans le silence créateur d’une séance de psychanalyse.
Cela pourrait voler à la logorrhée Thomas Bernardienne.
Sauf quand il est avec son ami Wittgenstein dans les multiples maisons de repos où ils se sont retrouvés lors de
leur cure de leur grand bobo réciproque.
J’arrête, je suis pénible, je racle les mêmes propos.
L’élévation n’est pas.
Là, il y en a un qui se régale comme les rodeurs scélérates, ils cherchent
qui se fera prendre qui ne de débattra pas. Il sera fier de rentrer au bureau
les couilles allégées. A la maison, sa reine femme qui comme chaque jour,
chaque mois, chaque an, ne lui ne donne jamais sa chatte, il aura lâché
prise, il se sera délesté.
Il se dit : »La nénette s’en remettra. Pas
vierge, le reflexe d’humecter est là, la douceur en moins de la toile émerie.
Demain à l’entreprise on lui trouvera le sein gonflé, personne ne lui posera
de question. Délicat, mais, elle n’en mourra pas juste un point d’humanité en
moins en elle. Sur elle avec une grenade de honte qui grossira si une main
douce des mots délicats consolateurs, l’’empathie ne la réconfortera pas. Cà
risque de moins en moins d’arriver. Dans l’édition des nouveaux dictionnaires
ces mots sont à disparaitre. Raison : plus utilisés.
Je n’ai rien écrit de ce que je souhaitais. Mon
brouillon m’était incompréhensible, pas la force de lever les mots nés de mon
énergie distillées depuis 7 heures du mat.
A noter première fois qu’il est un obstacle à mon
travail, mon état de bletitude.
Conne te laisser manger par un autre myélome ta
substantifique moelle A comme on l’aime. Si il n’a pas aimé l’amiral l’autre
jour, c’est qu’il c’est certainement retrouvé en miroir chez lui .
Arrête de te préoccuper. L’autre est en toi par
l’écriture et la lecture. Pourquoi revenir en arrière depuis le temps de tes
astreintes.
Palmarés
L’hors champ te va bien , ne plus le vouloir te tue.
As-tu besoin de plus que çà.
Un fil de plus à la patte.
Couche toi, berce toi, suce ton pouce. Tu es bonne à
rien avant les films des frères Cohen ce soir, alors acceptes le légume que
tu es devenue
sur trois
mots. Comment osez ?
Comme l’autre
ami « prompt rétablissement » alors qu’il sait qu’il ya deux ans de
chimios.
Ces eux qui vont être plus fort que Myélome.
Pourquoi pas ?
palmarés
Stop.
Quand on sait plus faire on fait la morte.
Et il chante une berceuse et volette autour d’elle pour
faire vibrer l’air de vie comme sous un arbre dans le vent
N’oublie pas ta définition de l’amour ma bigaël :
« L’amour c’est la caresse du vent dans la crinière
d’un cheval au galot sur l’estran de la plage, avec mémé minouche et son chat
qui t’attend dans sa Normandie avec un gigot de pré salé »
Fin de
chapitre.
L’émotion est
absolument involontaire, elle est un pur événement intérieur, elle arrive,
c’est tout, vous surprend, vous désarme, insiste et bouleverse l’ordre des
pensées comme tout autre ordre d’ailleurs. Anne
Dufourmantelle
je suis celle en imper gris
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