vendredi 9 septembre 2011

critique de Pascal Conte du film de Gilles Legrand " tu seras mon fils"






Il est révélateur de constater dans le film de Gilles Legrand « Tu seras mon fils » l’activité obsessionnelle de Paul, propriétaire d’un prestigieux vignoble, dans l’achat de chaussures de luxe pendant que Martin, le fils qu’il rejette, sillonne les vignes pour faire ses joggings. On y voit là un papa qui ne sait pas marcher alors que le fils unique a dépassé cet handicap, ce stade puéril et matérialiste puisqu’il court ! Martin a fait une école de viticulture, il est diplômé alors que son père n’est juste qu’un commercial !
Si Martin court après sa chance, il a l’esprit jeune, il ne s’attache pas aux mœurs ( il baise comme un castor, il vote pour une trieuse à lecteur optique, il court avec un Ipod accroché au bras et il travaille sur Excel) , il ouvre de nouveaux horizons en trahissant notamment la loi ancestrale du père à la fin du film. C’est pourquoi, il est voué aux quolibets assassins et humiliants de son père, distillés par petites touches subtiles pendant tout le début du film. Mais est-ce une raison suffisante pour renvoyer son fils ?
Martin aux allures de jouvenceau, innocent, est une sorte de mélange libidinal interdit qui semble pousser parfois le père à l’écœurement. Une douce et pétillante jeunesse qu’il n’a jamais su se donner ou peut-être une sexualité qu’il redoute. En vérité, il semble que Paul n’ait pas encore fait le deuil de la mort de sa femme causée par Martin à l’accouchement. C’est pourquoi, il choisit l’autre, Philippe le fils du régisseur. Un jeune loup, carriériste que l’amour ne peut pas atteindre.
Si Philippe et Martin sont des amis d’enfance, le premier se montre plus mordant aux yeux de Paul. En vérité, il n’a pas la noblesse et la sagesse des grands maîtres de chai. Philipe est à l’image des grains nobles, le raisin pourri qu’on ramasse aux vendanges tardives. Il se laisse emporter dans l’adoption sordide par Paul aidé d’un avocat. Mais ce qui est juste sera fait dans l’action du Régisseur, la mort personnifiée, car somme toute, elle nous emportera tous.



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