jeudi 9 mai 2013

pensons avec François Cheng sur la beauté


extrait d'un article paru dans psychologie


j'avais de vous parler du beau et je n'ai pas trouver  que cet extrait d'interview xce jour de l'ascension 
l'élévation 


«Nous sommes transformés, rendus meilleurs par la beauté.
Dans la vie, il y a des scènes qui exaltent, comme le combat, l’entrechoquement des corps par exemple, mais l’état suprême de la beauté, c’est l’harmonie. Il s’agit de la qualité éthique de la beauté. Cette beauté éthique permet à l’homme de conserver sa dignité, sa générosité et sa noblesse d’âme. Ces qualités nous permettent de transcender notre condition humaine, de dépasser la douleur pour atteindre l’harmonie. La beauté nous transfigure, car elle nous sort de l’habitude, nous permet de revoir les choses qui nous entourent comme au matin du monde, comme pour la première fois. En sortant dans la rue, vous voyez cet arbre en fleur, et l’univers vous apparaît comme au matin du monde. Comme Prévert qui, dans un poème (Voyages, in Histoires, Gallimard, Folio, 1972), raconte qu’il voit sa femme de loin dans un bus, sans d’abord la reconnaître, comme s’il la voyait pour la première fois. Seule la beauté est capable de nous donner cet étonnement, cet émerveillement de la première fois. »



« Quelqu’un qui possède une sensibilité à vif ne peut s’empêcher d’être ému, et même bouleversé par la beauté de l’univers qui s’impose avec une force d’évidence.
Si, toute ma vie, j’ai été hanté par ce thème, c’est probablement parce que dès ma petite enfance, vers l’âge de 7 ou 8 ans, j’ai passé tous mes étés au mont Lu, de l’avis général l’un des plus beaux endroits de la Chine : imaginez une petite chaîne de montagnes située au bord d’un fleuve, le Yangzi Jiang, et entourée de lacs qu’elle surplombe. Le tout envahi par une végétation luxuriante et des rochers fantastiques. Mais ce qui en fait le charme particulier, ce sont les vapeurs qui s’échappent des lacs et du fleuve, formant des brumes qui se déchirent pour laisser apparaître la beauté mystérieuse et ensorcelante des cimes du mont Lu.
Ce jeu d’ombres et de lumières, ce passage incessant du visible à l’invisible sont des expériences inoubliables. Ajoutez à cela le chant des cascades et des sources qui dévalent le long des montagnes, et le spectacle des jeunes Occidentales en maillot de bain qui viennent s’y baigner. Il faut imaginer ce que tout cela pouvait représenter pour un jeune Chinois dans les années 1930 : j’ai été terrassé par la beauté conjuguée du monde, de la nature et du corps humain. »



« Une beauté qui n’est pas fondée sur le bien est-elle toujours belle ?
Non, c’est la laideur même. La beauté qui se met au service de la mort est animée par la laideur de l’âme. Inversement, tout visage, en sa bonté, est beau. Essayez dans le métro, regardez les visages : si vous contemplez un visage humble, vous le trouverez beau.
Et je ne peux pas m’empêcher de citer Henri Bergson : “L’état suprême de la beauté est la grâce, or dans le mot grâce, on entend la bonté, car la bonté est la générosité d’un principe de vie, qui se donne indéfiniment. Donc à travers le mot grâce, beauté et bonté ne font qu’un.” Miraculeusement, “grâce” en français veut dire à la fois beauté et bonté, qui viennent tous deux du latin, bellus et bonus, lesquels viennent d’un seul mot indo-européen : dewnos.
En chinois, nous avons l’idéogramme hao, composé de deux éléments, la femme et l’enfant, qui, ensemble, signifient à la fois beauté et bonté. Quoi de plus beau et de meilleur que la relation de la mère à l’enfant ? Pour finir, je dirais que la bonté est le garant de la qualité de la beauté. Et que la bonté irradie la beauté et la rend désirable.


merci à l'intervieweur et 0 françois Cheng



http://www.psychologies.com/ 



"Shitao"
1642-1707
"la saveur du monde"
Phébus, 1998
présenté par
François Gheng        
"La vraie passion' c'est une quête, pas une impulsion, un emportement, un instinct de chasseur"

François Cheng,
 Extrait d'une interview dans Le Monde - 15 Février 2002



"La joie ne dure qu'un printemps" 
extrait d'un poème "Buvent sous la lune"







"La passion charnelle reste la plus haute forme de quête spirituelle. Elle est un aspect d'éternité".
François Cheng, interview dans Cyberpresse - 15 Mars 2002



«Fleur. Est-ce une fleur?
Brume. Est-ce la brume?
Arrivant à minuit,
S'en allant avant l'aube.
Elle est là: douceur d'un printemps éphémère.
Elle est partie: nuée du matin, nulle trace.»
 poème de Bo Juyi

  


 "Par delà les mots, il y a la musique des vers", François Cheng


Belle Ascension.
je vous embrasse 
 Frankie Mappemonde

10 commentaires:

  1. quelle bonheur chaque jour avec toi François (pour Saint François d'Assise) Cheng est un grand maître il magnifie tout ce qu'il regarde, je l'ai découvert à l'époque de son prix Goncourt qui n'a jamais été aussi bien attribué que cette année là, il a aussi écrit sur les peintures de Fabienne Verdier, quelle rencontre extraordinaire que ces livres.
    on se sent transcendé à chaque lecture.
    gros gros bisous Frankie et merci pour tous ce que tu transmets

    RépondreSupprimer
  2. Très intéressant... Merci ;-)
    Bizzz Lolo
    http://ptitesphotosdelolo.blogspot.fr/

    RépondreSupprimer
  3. Merci pour ce bel article, j'ai lu de lui Les méditations sur la beauté, le dit de Tianyi, l'éternité n'est pas de trop; ces propos sont une récurrence pour lui, une partition sur laquelle jouer... Je te fais de bons bisous, belle journée!

    RépondreSupprimer
  4. avoir seulement la bonté.. bises elf

    RépondreSupprimer
  5. Très belles réflexions sur la beauté et la bonté. Merci! Bonne soirée!

    RépondreSupprimer
  6. Je ne connaissais pas ce monsieur, bien pensé ce qu'il dit . Merci pour la découverte.

    RépondreSupprimer
  7. De quoi réfléchir en nous élevant peut être en modeste ascension!

    RépondreSupprimer
  8. Comme nos esprits se rencontrent...Avec toi j' aime beaucoup F. Cheng...:-)
    Le sujet du bac philo que j' avais choisi était " Qu' est-ce que le beau " ?
    François Cheng nous en donne par tes extraits une idée merveilleuse...
    Bisous Frankie

    RépondreSupprimer
  9. Quel émouvant poème que celui de Prévert. Je me suis empressée de lire.

    Quant aux autres de tes partages: Josette a tout dit. Je n'ai rien à rajouter. Juste: Merci.

    RépondreSupprimer
  10. Ah si. Toutefois. Quelque-chose à rajouter: le monde a François Cheng. Nous, notre monde, il a Françoise de la Mangou. Et je ne l'échangerai pour aucun autre François ni Françoise.

    RépondreSupprimer