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dans Voyage à l’autre
Pourquoi dehors toute la journée ? Tapas en fragments
de mes romans en finition.
Pourquoi dehors toute
la journée ?
Le père, la mère travaillaient.
Ce n'était pas leur bon de commande.
Une traduction de l'ainée.
A la
limite d'Adjamé. Un village prés de la maison.
A l'époque les petites filles quand elles me
voyaient, elles fuyaient. Afin de faciliter le contact, j'apportais mes
poupées : c'était pire. Je ne comprenais pas, elles étaient belles mes
poupées. !
Je n’ai jamais fait la différence entre noire et
blanche
J’étais des deux couleurs
Sans le savoir
Elles étaient noires, blanche celle qui
voulait être leur copine.
Je ne savais pourquoi ; c'était une évidence que
nous étions les mêmes !
C’est avec ma sœur que je sentais de la grande
différence.
Racisme je crois disent les grands.
Alors,
jonchée sur la falaise, je regardais des heures la lagune d’Abidjan.
Le trafic des bois.
Les éléphants tiraient des filins comme sur les
chemins de hallage à certains moments les péniches étaient traquées ainsi sur
nos fleuves.
Les billes de bois immenses, plus larges que le
tour de taille de maman qui était bêlée- bêlée, la hauteur : papa
plus la sœur ajoutée.
Papa
avait une voix grave
Floutée de la cigarette,
un grain de sable
saupoudrait la douceur dans ses paroles.
Quel dommage qu'il fut si taiseux,
çà doit venir des gens de la guerre.
Nous
recevions le lait dans des bouteilles de verres,
je contemplais çà comme une œuvre d'art.
Çà changeait du bidon métallique,
du pot de lait qui sonnait quand nous le
baladions vide : mes premiers pas dans la création des sons, cependant.
J’ai pas beaucoup progresser mais aujourd'hui à
chacun de mes ateliers d’écriture nous créons -une minute de musique-.
Elles seront montées, j'espère de là, nous ferons
la musique du générique de mes tapas
inaugurales des fragments des thèmes de mes romans en finitions.
Ma robe
jaune que j'avais tachée au petit déjeuner,
Je la lavais, toute mouillée je la
portais
arrivée à mon perchoir sur la falaise,
je me mettais en petite culotte, je la
faisais sécher sur une branche.
Régulièrement j’allais la toucher, je la changeais
d’exposition comme faisait la mémé Louise Marie le jour de lessive. Le lundi.
C’est
long une journée hors de chez soi,
dans un pays que l'on connait à peine.
Je pensais à Bijou, le percheron de mon pépé.
Blanc et noir, gris poudré.
Je l'imaginais prés, je lui parlais,
il y arrivait même des jours où je sentais
son souffle sur ma joue.
C'était mes caresses, mes douceurs, mes
tendresses,
alors je pleurai moins.
Je
rêvais, j'imaginais une île où des nids d'hommes verts sortaient de leur
écorce œuf.
Papa avait parlé un jour de l'île de la Désirade.
Je trouvais çà beau : Désirade. Je rêvais
qu'un jour l'on m'appelle ainsi.
L'on ne m'a jamais appelé comme çà dans le
quotidien, cependant un jour: j’héritais du rôle de Désirade dans la pièce
« Le coup de Trafalgar » de Monsieur Vitrac.
Déjà
douée en couture, je confectionnais des jarretières de mariée en haut de la
falaise.
Je m’étais confectionnée un sac où dé,
aiguilles, épingles, petit ciseau, fils à coudre, à broder, boutons .
Attendre leur mise en
fonction : suturer le temps.
Une de mes grands-mères me faisait mettre la
main de l'innocence sur cet objet là.
« Pas de robe de mariée confectionnée
sans jarretière ». Disaient l’une et l’autre, grands-mères.
Je
récupérais tous les bouts de tissus de la maison, plutôt de la rue
Mère ne cousait pas et ma sœur jetait les
tissus ou les cacher.
C’est ainsi que j'eus dans mes mains les premiers
cotons pagnes.
Maintenant dans mon grand âge c’est comme une
signature, toujours un boubou quelque part. De la petite culotte aménagée, à la
coiffe chapeau de chaque jour. Vous le savez vous qui me croisez si souvent.
Quand j'en mettais en foulard dans mes
cheveux que je me promenais, c’était comme si j'avais un drapeau blanc .mon
papa m'avait raconté ce que ce symbole signifiait : - Stop, faisons
une trêve, parlons- Nous.-
Des
touffes d'herbe poussaient entre les billes de bois sur la lagune.
Quand je clignais des yeux, j'imaginais une
noyée dont les poils, comme ceux de maman que j'avais aperçus, un jour,
c'étaient transformés en touffes d'herbes.
Ca me rendait triste : des femmes noyées. Il y
avait bien une sœur qui me faisait-la journée dehors-, alors quand çà commence
par çà le règne de l'aînée - une reine Shakespirienne-. Si on prend un grade comme dans l'armée, sans en avoir
l'air : çà, peut pousser dans l'eau.
Glisser çà arrive à tout le monde, même que parfois
çà nous fait rire.
Le midi
j'avais faim, j'avais dérobé dans la cagnotte pour la fatou quelques francs CFA, j'allais m'acheter des
beignets de poissons frits, au village Adjamé.
Petit à petit les villageois me reconnaissaient,
m’accueillaient à manger avec eux.
J’ai compris alors que seule un jour, après
nous pouvons être nombreux. Très nombreux.
Plus tard, je m'enfuyais de la maison avant même que Reine Shakespienne eut
le temps de le dire. Charmante frangine, que j'aimais tant ; tout de moi
la gênait, elle racontait n’importe quoi au peu de monde qu’elle croisait. Cela
devait être terrible d'un coup sans anicroche de la Pompette = moi,
les gens me fuyaient comme si j'étais une apparition maléfique.
Je rentrais de plus en plus tard. Avec les familles amies d’Adjamé, avec les
enfants : filles et garçons, nous construisions avec des bidons d'essence
ou d'huile des guitares avec des fils de nylon, en s'arrangeant à fixer un
manche. La musique était un de nos rassemblements, de nos chants, nos éclats de
rires.
Un jour,
les parents ont découvert mes absences. Ils rentraient avant moi de leur boulot.
J’étais gonflée, je leur ai dit : « adressez vous à votre ainée,
tout le temps dés que vous aviez le dos tourné, « hop là vas dehors ». Au
début ce ne fut pas facile, après je m’y accommodais. Mieux qu'un :
tais-toi systématique.
Çà ne me regarde pas : c'était vos
ordres » m'avait-elle dit.
« Vous avez beaucoup de chance :
plusieurs Messieurs m'ont demandé en mariage. J'ai simplement répliqué que d'où
je venais, c'était beaucoup plus tard, ou même jamais."
Frankie Map’s Monde
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