mardi 5 décembre 2017

fragment N°1 de samedi dernier petite Rockette :"Le soir des mâchoires de cochon grillées" es




Le soir de mâchoires de cochon grillées

La mère s’active en cuisine pour sa soupe à la tomate. Le père dans la cour sous le frangipanier installe la gente de pneu. C’est barbecue-africain. Au centre, il installe le charbon, quelques petits bois. Quelques efficaces goutes de benzine, un gratouillis d’allumette, il la lance enflammée, le feu prend  et  se mijote de braises incandescentes. La grille est installée sur la gente. Et sur un coin de table, avec son poignard du djebel, il va sur les joues du cochon faire quelques quadrillages : permettre au grillé d’avoir plus de surface à son œuvre. Les joues à l’abattoir ne sont jamais dépecées de la mâchoire. Il sale, poivre, épice, couvre de thym frais, de romarin, laurier. La braise est « al dente », elle crépite. Par deux, têtes bêches sur le grill, elles sont déposées.
La maman à ce moment là, passe à la moulinette les tomates et le bouquet fleuri  ail, oignon, clous de girofle. Au dernier moment elle râpera une gousse de manioque.
C’est une chorégraphie qui se met en branle, le jour des mâchoires grillées. Même le camion arachides en partance pour  la  Mauritanie fait le décor avec les sacs de guaneaux. Le caquetage des pintades : orchestre pas « en fausse ». Elles vont, viennent en petites fleurs d’opéra noires et blanches. Le contre point de l’affaire est la mission des filles.  L’une ou l’autre. Ne jamais sauter un tour, malgré les petites manipulations d’intimidation. Sur terre d’Afrique,  la petite à l’œil du père, on ne peut la menacer sans être tout de suite repérer. Il a observé le manège à leur arrivée à Abidjan… Elle avait du en baver la Pompon. Sous haute surveillance les coups de latte de l’aînée et la main leste de la mère.
La mission : dans la salle de bain laquée bleu outremer soir sans lune, prendre le pot de chambre familial, aller au fond du grand jardin et dans la cabane  le verser dans le trou. Attendre 1 minute pour entendre  que  de la cargaison est arrivée en son endroit. L’autre dresse la table sous le frangipanier.
La soupe à la tomate de chez nous, notre France dans l’assiette, notre Courçon d’Aunis. Cette couleur a absorbée en opposition au blanc laiteux des fleurs du frangipanier… La transparence des graines de manioque. Le goût si sucré des tomates de Bobo Dioulasso. C’est un jour divin où tout se tait sauf les pintades et la mère cesse ses guirlandes de râleries au père.
Après chacun a ce morceau d’anatomie qui déborde de par et d’autre de son assiette, l’odeur du grillé : alléchant velouté pour narines de paysannes. Même silence sauf les minauderies gutturales de la chienne qui voudrait bien avoir sa mâchoire. Ici c’est Bobo, c’est le présent. Les musulmans ne mangent pas de cochon, les colons ne mangent pas ces abats. Nous les récupérons. Grâce à Papa qui n’a pas oublié son ancien métier « boucher » et passe régulièrement aux abattoirs rendre visite à ses anciens collègues –métier-   apprendre d’autres mode de découpage.
Pas de dessert, à l’unanimité Nous souhaitons rester avec le goût de grillé dans la bouche.
Frankie Map’s Monde 


Sous la direction artistique 
de Françoise Pain
Droits réservés


 photo de jean bathiste le photographe au scooter 
Trouver son livre n'est ce pas une joie ?

bonne lecture et à tout bientôt merci de vos billets commentaires sur les textes de Philippe Delherm.



5 commentaires:

  1. Bien envie de goûter ces mâchoires de cochon grillées. Bises

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  2. en ce temps pas de temps ...pour te lire ..mais tes portraits sont superbes! bises

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  3. Tu me fais saliver ! J'ai adoré le grill sur la gente jante...

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  4. j'ai été devancer par Gine
    il y a comme un fumet qui me chatouille les narines après avoir lu

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  5. je sis ravie de vous avoir chatouillé les narines et je vous comprends car qu'est ce que s'était bon.

    Il nous faudra un jour nous rendre à un endroit, j'irai à l'abattoir du coin et d'autre prepareont les gentes et nous degusteront

    Bisous

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