mardi 9 juin 2009

Pour toutes ses mères vaillantes

Hanaëel et Pélagie chantent et rient dans le salon.

Sur la terrasse donnant sur le bassin, elle se balance royale dans le rocking chair. Elle contemple la dune du Pillat à travers les mimosas en fleur.

Il est là à la Villa, le sourire ’émail diamant, sa gueule de Paul Newman et sa carrure Kevin Cosner.

Il a un bouquet de 13 roses baccaras .Il connaissait la Villa par cœur. Il a l’œil qui rode sur l’ancien territoire.

Lui
Je passai par là.

Il lui tend le bouquet de roses. Elle ne bouge pas.

Lui
C’est pour toi. J’ai eu besoin de te demander pardon.

Elle continue son balancement avec application. Son regard ne quitte pas la dune, c’est comme si ce qui se passait devant elle n’existait pas. Il pose les roses sur la table à manger. Il observe la table. Il l’avait poncé et peinte avec du vernis marin. Elle est dans le même état à part de ci de la quelques couleurs de peinture. De l’huile, de l’acrylique se demande –t-il ?

Lui
Ces bruits d’enfants ?
Elle
Après un temps.
Je rends service à une copine.

Elle se lève, va au salon :
Les filles , je suis en rendez-vous sur la terrasse, appelez-moi par mon prénom. C’est un jeu. Nous irons à l’île aux oiseaux demain . . .

Hanaëel et Pélagie :
En chœur
Chouette, chouette , chouette Charlotte !

Charlotte avait rêvé mille fois à cet instant, elle avait imaginé des solutions miraculeuses, il est là , lui face à elle : elle se rendait compte que derrière la même beauté, le froid de son œil n’avait pas changé , bleu : le reflet du ciel dans le glacier du Vignemal à midi. Elle entendait encore descendre les escaliers de bois de son duplex , juste après le secret de son accident de montagne.
Comment il avait pu trouvé la réplique.. . . . . . Réplique parfaite de celui qui cherche à déboîter de tous ses engagements en sautant sur une occasion, il l’avait attendu même, si l’aveu était un point de réel insymbolisable.

Lui
Comment va ta mère ?

Charlotte

Toujours aussi attentif !
Lors d’un rare appel, je t’ai dit qu’elle n’est plus !

Hanaëel et Pélagie déboulent sur la terrasse, curieuses de la visite.

Hanaëel et Pélagie :
Charlotte ! Est-ce que l’on peut prendre notre quatre heures ?

Il dévisage les deux pompettes qui font des mimiques de diablesses.

Hanaëel
Avec une référence
Bonjour, Monsieur !

Pélagie
Plus réservée
Bonjour , monsieur.

Qui n’a pas rêvé, plus charmant face à face ? Est-ce l’heure ? Elle reprend son balancement.

Charlotte
Vous connaissez les armoires maintenant, faites comme chez vous ! Allez les puces, que çà sautent !

Lui
Tu sais, . . . je me suis dit avec le temps, que nous pourrions être amants, maintenant .

Charlotte
Peut-on être amant quand on a été si prés, ta mariée ?

Lui
Silence

Charlotte
Je t’ai connu plus prompt en réplique !
Hum !
Franchement ?

Elle doit le mettre dehors. . . Bien sur, elle peut prétexter un rendez-vous, devoir rapporter les petites, mais elle est là à prendre sa glue, à revoir et ressentir les différents passages de ses ignominies .
Elle ne lui avait jamais dit qu’elle n’avait pas fait la faiseuse d’anges et qu’elles étaient des jumelles.
Elle aimerait trouver comme lui, après l’aveu de son . . . , l’occasion de lui dire . . . . Elle prend des risques. Si l’une se tape quelque part et laisse échapper Maman. Quel foin il va lui battre ? Ce n’est pas en ce moment dans leurs intérêts ! De plus , il ne lui a pas fait par amour mais par calcul , . . .
Coincée elle l’est , mais sans le packaging.

Elle se balançait toujours sur le même rythme comme sa mère, sa futur belle mère à qui elle ressemblait comme deux gouttes d’eau, la BettesWhite Man mais « mon petit, mettez de l’eau dans votre vin , faites comme moi avec son père ».

Lui cogitait.
Lui
Alors, c’est oui ou non ?
. . .
Charlotte :
Les phrases qui se présentent ne peuvent être énoncées, son père lui a toujours dit de tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de parler, c’est la première fois qu’elle appliquait et comprenait l’intérêt de cette phrase. Merci PaPa.

Lui

Avec toi , je serai restée un artiste, j’ai tout mis à la poubelle avec ma femme mais j’ai tout ce que je n’aurai pu avoir avec toi, la maison immense dans la forêt de pins, le bateau, les trois enfants , des vacances chaque année dans les îles de Sumatra, la Réunion …

Les filles reviennent les doigts plein de Nutella et chacune prend une main du Monsieur , salient son tailleur bleu ciel au frôlage.

Hanaëel et Pélagie
:
C’est bon ! Charlotte t’a assez vu, tu vois pas qu’elle est pas dans son assiette avec toi ! Tu n’ ressembles pas aux genres de ses amis.

Lui
Quelles pestes les enfants de ta copine !

Charlotte
Hanaëel et Pélagie ont raison . Partez, je vous prie Monsieur, j’aurai du vous le dire plus tôt !

Hanaëel et Pélagie
:
Nous vous raccompagnons !

Elles le dirigent vers la porte arrière de la maison. Il n’y a que les amis qui passent pas la voie de la plage et peuvent se mêler au paysage de la dune du Pilla, à travers les mimosas en fleurs. Les petites éclatent de rire à leur retour.

Hanaëel et Pélagie
Quelle peste !
Rires
Les enfants
rires rires rires
de ta copine !
rires rires rires
rires rires rires
.

Il revient, prend les roses baccaras.

Lui
J’ai oublié.

Hanaëel
Oh ! Le vilain !

Pélagie
Radin ! Notre mère, elle dit comme çà
Des gens comme toi !

Hanaëel
En gloussant
Toi tu manges ton caca deux fois !

Pélagie
Ce qui est donné n’est pas repris !

Hanaëel
Allez ! Allez ! Tu t’en remettras, tu es si riche !

Pélagie
Tu vas pas en crever !

Charlotte
Osant le ton
Les filles, c’est bon !

Hanaëel et Pélagie

Tu sais bien qu’on est tes petites boules !

Lui
Des pitboules, oui !

Il jette les fleurs sur la terrasse.

On entend le bruit du moteur de la voiture , la voiture recule, le bruit du moteur disparaît.

Charlotte
Les roses sont à vous, sont à vous !

Pélagie
Prend le bouquet
Choisis en une !

Charlotte exécute. Elle est callée au fond du rocking chair, elle respire profondément, elle prie, elle est clouée, hébétée.

Les petites prennent un vase à fleur unique et mette la rose au bain d’eau fraîche et sur la table de la terrasse . Elles prennent leur manteau, une poussette de leur poupée mettent le bouquet dedans et à tour de rôle, elle tire la poussette vers la plage et celle à l’arrière éparpille les pétales rouges sur le sable au milieu des pourpiers de dune. Elles chantent :

On veut des roses blanches pour notre jolie maman ….
Elle qui les aime tant…

Charlotte est comme dans un film de Kurosawa, le geste appliqué de ses semeuses comme la femme du dictionnaire Larousse, le chant se mélange à celui des oiseaux, elle va vite tout à coup, prendre un saladier, des œufs, de la farine et toujours se baignant dans ce grand paysage qu’Hanaëel et Pélagie peignent pour elles, pour Elle. Des crêpes, elle leur détrempe.

Charlotte
Ah ! Ses petites mères !

Charlotte repense à son ami Olivier qui lui disait : « nous devrions faire un film comme Jean Jacques Annaud a fait « L’ ours » ce sens de l’observation et montrer combien les enfants savent tout, avant 6 ans après il leur faut la vie pour réapprendre. Filmer cela . »

Pélagie et Hannëel !
Maman ! Tu nous prépares des crêpes !
Chouette !

Elles se logent dans les bras et sur les genoux de Charlotte, elles regardent leur dessin.

Hannaëel
Un jour, papa arrivera par la plage,

Pélagie
Nous lui avons dessiné le chemin de la Villa
Le rouge, c’est pour l’amour
Hum maman !

Hannaëel
Hum ! Maman il t’a beaucoup aimé papa !

Charlotte
Oui, beaucoup !
Papa est parti faire un grand voyage,
il adore faire de la plongée sous marine
il va loin très loin , toujours très loin
un jour, il est remonté du fond de la mer,
il a tout oublié.
Qui il était, qui il aimait
comment il aimait .
Si la mémoire lui revient, si l’amour lui revient,. . . ?
Oui ! vous avez raison ,
c’est le chemin de la mer qu’il prendra.
Il vous reconnaîtra en un clin d’œil.
C’est pas encore pour aujourd’hui.

Ariane, la voisine : la parisienne en vacances, de sa villa à vue sur le tableau des baccaras dans la dune.

Ariane

Charlotte, un jour tes filles viendront jouer au théâtre du Soleil
ces petites mères sont déjà des artistes !
Ephémère : la trace d’un serpent de sable sur la dune.
Je m’invite à manger les crêpes.
J’aime prendre le temps de la conversation avec vous.
Frankie Pain Atelier Foranim O. Apert et N. H
Et l'atelier des EstherELLES







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