vendredi 12 juin 2009

Dialogues avec le Fujiyama

Jade
Je comprends pourquoi les chinois écrivent des traités de fadeur.

Philippe
Je suis reconstitué

Jade
- Yoko est belle dans son kimono

Philippe
La semence et Oubli dans le sillon mouillé.

Jade
- avec ce goût de quelque chose d’inhabituel. . .

Philippe
Si je pouvais avoir les testicules aussi fermes !

Jade
- j’y mets tous mes atouts.

Philippe

Accrocher l’amour ?

Jade
- Comme l’odeur de la craie sur le tableau.

Philippe
C’est l’opération Canari. Le malien, il chante un octave. Ils sauvent les vies dans les labyrinthes de charbon.

Jade
- La cérémonie du thé, les gâteaux fades. Les livres font partie de mon être.

Philippe
- Un macareux moine sous la neige à l’entrée du jardin comme un tableau.

Jade
- Je m’invite dans ce tableau ?

Philippe
L’amour aux portes des crues du Nil.

Il sourit

Jade

- Ma panoplie de japonaise. Mon mari m’a fait promettre, devant tout forme du destin, ne jamais oublié la sensualité. Mais sacrée .

Philippe

Vous sentez la torréfaction !

Jade

Elle éclate de rire.
Celle de la transparence, l’odeur fade du thé, sur son tableau de chasse : son encre bleue !

Philippe
Vous l’avez échappée belle, à cette époque mon cheval de bataille n’était pas le cheval de Troie comme je vous ai écrit, bluffeur mais Bataille. Je donnais mes cours de philo dans la chaleur mouate de Hanoi, à la craie blanche sur le tableau j’écrivais : « l’amour c’est la mort ».

Jade
Je comprends. A l’Université je suivais les cours de Jean Luc Nancy et de Francis Marmande, j’ai du prendre le large, je savais que mon « mecktoub »° avec l’Amour, Bataille et moi nous étions cousin.

Philippe

Jade, j’ai un regret, j’aimerai y croire aujourd’hui, permettez moi de vous revoir un jour, et de votre côté lessiver : un tel cousinage .

Ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre. Leurs mains exploraient le corps de l’autre, ils ne voulaient pas penser. Ils s’accrochaient à une pente de ciel. Il l’embrasait, elle l’accueillait, l’onde s’enflait en elle comme une vague scélérate, ils se cramponnaient au lit comme au radeau de la Méduse, dehors la balle dans le tennis du parc de l’hôtel tonnait sur le cours.

Une chanson en volute de voyelles asiatiques leur parvenait, ainsi que le piano des grands hôtels.

Les larmes coulaient, des bruissements de petits animaux s’échappaient de la couche, leur deux corps soudés dans une joie qui les dépassait tous les deux.

Philippe
Jade, dis moi que ce n’est pas simplement moi qui rend ainsi

Jade
. . . si
Accrochons à notre ciel,
la sensation , elle est montée jusque dans mon cerveau,
je ne connaissais pas
et mon corps, tu as vu, en lévitation sur le matelas comme la sole surprise par un rayon lumineux, un soir de chasse à la fouane et qui se décolle du sable. Une sole quand elle décolle.

Philippe
Oui, c’est exactement cela, qu’allons-nous devenir ?

Jade
Tu vas fuir cela , tu ne m’adresseras plus la parole, tu auras peur que cela ne recommence plus
° « mektoub » destin
jamais.
La perfection fait peur, nous en sommes capable pourtant. Nous préférons être cassables et toujours recommencer. . .

Philippe
C’est si juste , vous la Femme, vous toujours avant Nous , la parole vous sort aussi rapide que votre jet de lait quand vous allaitez. Que vas –tu faire ?

Jade
Ecrire. J’ai trop de toi en moi pour ne pas vaciller. Dans le flot des mots, je retrouverai ma berge. Je serai à nouveau heureuse dans ma rivière de vie , faites de même Philippe autrement vous allez être à nouveau démonté.

Philippe
Ton avion.

Jade
Dans trois jours .

Philippe
Nous allons aller à la fumerie d’opium, je vais être ton guide touristique, je t’offre un fil rouge pour ton écrit afin que mes décors t’apaisent entre cet impossible qui aurait pu être possible.

Jade
Jade pleure
Pourquoi qu’une unique fois ?

Philippe
Inoubliable. Rester sur ce goût, tu es partout en résonance. Tu fais comprendre ce que l’on cherche quand nous faisons l’amour. A partir de là, l’on peut s’arrêter. Cà nous en dira jamais plus . Après cela il va nous falloir dix années pour ressouder cette coque fondamentale fêlée des intempéries de coîts banaux où l’on se fait chier à 100 sous de l’heure.

Eclats de rires se mélangent comme leurs corps enlacés. Ils durent très longtemps. A recommencer à faire l’amour, lui s’envole comme elle. Il s’évanouit. Sourire béat

Philippe
Quand je me rappellerai, je le nommerai le goût du Fuji -Yama .Ton ventre le Fuji-Yama quand il y a des nuages.
. Tu es l’empire des sens de Barthes et les textes du Japon de Nicolas Bouvier et de Marguerite Yourcenar

Jade
Fuji-yama !

Philippe

Tous les mythes ont leur interdiction : »ne te retourne pas autrement tu seras transformé(e) en statue de sel »…
etc

Jade
Pourquoi ?

Philippe
L’histoire ne se raconte pas deux fois.
Elle se transmet, elle devient récit, elle ne nous appartient plus.
Ou nous nous perdons à la reconquérir !

Jade
Est happée par une vague de tristesse.

Philippe
Dis-toi « dans le goût du Fuji-Yama nous y avons accroché – comme je t’aime, comme je pourrai t’aimer »

Devant l’hôtel, Philippe hèle un pousse –pousse motorisé, il indique le quartier des fumeries d’opium.

Philippe
Nous serons ainsi porter sans effort dans la continuité de l’état dans lequel nous sommes.
Nous y retournerons l’heure avant de prendre ton avion .
Ainsi je ne te quitterai que quand tu poseras le pied sur le sol de Londres.

Françoise
Atelier des EsterElles
Mardi le 3 février 2009


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