vendredi 3 octobre 2014

La Dame et les anguilles . suite et fin

pain.mangou@yahoo.fr

lamangou@gmail.com

bonne lecture chers amis blogosphère...
la parution ne figurera pas longtemps dans sont intégrité. après si vous le voulez vous passerez par le blog.






Billou
La Dame et les anguilles .
 suite et fin


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Le Capitaine prit son  relais aux anguilles. Quand il en sortit, il  avait comme la danse de Saint Guy. Les chiens allaient de la baignoire  à la cabine de Pilar - Sébastian, leurs poils redressaient au milieu de leur échine : les sons produits d’un lieu à l’autre ne devaient  pas encore  être identifiables  en leur mémoire. Ils avaient la Trouille aux fesses. Le Capitaine douché, rasé, endimanché, au travers de leur porte de chambre dit : « mille Sabord, ce cent d’anguilles m’amènent à une autre centaine…. Je vous laisse Laïka et Billou,  la gabare est solidement amarrée, le cadre  sera de circonstance à votre réveil. Nos gourmandises pour le déjeuner  sont préparées. Dressez la table et quand vous m’apercevrez, craquez quelques allumettes sous les sarments. Je porte le pain.  Gardez vous bien du feu qui pâlit »
Sébastian : « et vous, Capitaine : battez le fer jusqu’au blanc».  Leurs rires en écho où les deux pôles s’éloignent, sont vite remplacés par les grattements des pattes de Laïka et Billou sur la porte de la cabine, accompagnés de gémissements. Pilar sent le syndrome de l’abandon chez ces deux chiens perdus-trouvés, elle en a tant entendus dans la jungle de ses nuits aux urgences. La porte s’ouvre, Billou, Laïka trouvent vite leur brassée de câlins. Rassurés ils s’enchâssent l’un dans l’autre et ronflent copieusement à couvrir presque le rire bleu de la gabarre dans sa contemplation de la lune pleine. Arrivent sporadiquement les  cris de la buse. Elle avait choisi la gabarre comme  halte depuis leur mouillage  avant Bergerac. Elle bivouaquait sur le mât aux drapeaux du Capitaine.
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Pas loin de là, les coqs d’une basse-cour font des Battles. Leurs cocoricos s’enchainent à d’autres  à la ronde. Leurs chants racés dessinent l’espace. Se rendormir encore. Cette heure là qui ne l’aime pas ? Un autre  réveil, aux  piaillements d’enfants. Rose les tabliers des filles, bleu ceux des garçons. Toutes les têtes chaussées de casquettes jaunes au  rabat jaune sur la nuque. Ils se déplacent dans le champ de colza, au rythme de leur cueillette. Le chemin de halage est  bordé des touffes de jonquilles. Quel bouquet pantagruélique ! Et ce jaune Sol Lewitt à l’infini.     « Le Capitaine - pense tout haut Pilar-  a  soigné  l’amarre. Il ignorait la venue des enfants de l’orphelinat. Pilar voit le   plan qu’aurait pu faire  Fellini.  Il composait ses séquences  comme un tableau et dans tout film de Federico, il  ne manquait pas d’évoquer orphelins ou  un orphelinat ».    La buse avait ouvert son entreprise aux rats des champs. Entre les rougeoiements des  iris, elle guettait aussi les poussins des poules d’eau. Le héron au bec claquetant, impatient dodeline dans la vase de la berge. Il taquine la buse avec ses prises régulières de gardons et de tanches. Le martin pêcheur au  rire sceptique   se tâte : « est-ce bien l’heure déjà de pêcher ?».    Pilar est émue par l’offrande matinale de la nature. Sébastian dans un élan de tendresse virile l’enveloppe contre son corps dans ses bras. Contemplation. Puis,  il chuchote à l’oreille de Pilar : « sur le sein de cette paix règne la grâce de l’innocence alors que chacun cherche sa proie. » Bêlements et biquetteries rejoignent  la fanfare des rives.    « Quel réveil mon ami ! Suis-je Femme ou Ondine ? » Sébastian : « Femme c’est déjà diablement (pause) incommensurable. Il s’adresse aux chiens qui les collent aux talons : «  hum,  hein Laïka, hum batard Billou ! ». Ils  battent le plancher de la gabarre avec leur queue en rythme : « ouah, ouah, ouaf ! »
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« Me Amor,  la faim piétine mon estomac.    Que notre Capitaine arrive.     Ne vois-tu rien venir ? ». Le grand échalas trapézoïde taillé comme Burt Lancaster dans « The swimmer » pédale. A l’avant du vélo : des paquets d’agapes certainement,  sur son sillage, dans la poussière de la sente de terre et de pierres : une cavalière sur  un superbe destrier blanc tacheté de gris. Sourires complices de Sébastian et de Pilar. Sur la table ronde d’acajou vernis à la proue de l’embarcation,  ils  dressent  la table. Ça swingue : porcelaines, cristal, métal , argent. Crépitement de sarments, éclates de pommes de pin. Le cuivre, les bronzes des cloches des églises du canton. Sans omettre la chorale : mésanges, bergeronnettes citronnées, ragondins. Hennissement d’Orion dans la prairie, répons de la voix orgue de cristal de la cavalière. Soudain le gong vibre Capitaine prononce le  mot magique : « à table ». Les papilles gustatives sont au garde à vous. Le couvercle des plats s’éclipsent. Poulet de grain aux anguilles grillées  sur un lit de pleurotes des prés, patates sautées  à l’ail et persil. Salade de cresson et de pissenlits, échalotes. Le vin glougloute, rougit le verre. Le partage. « Exulta té, jouabilité ».
Fin
Auteure Pain.Mangou 
reproduction réservée

 Là vous avez les oreilles du billou du récit
le corps et plus celui de la première image.


Billou

 gros bisous et à demain pour l'instantanée




5 commentaires:

  1. J'ai lu les deux billets d'un coup !
    Un petit régal!
    Gros bisous ma Frankie.
    Belle soirée

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  2. Merci pour ces récits ;-)
    Bonne soirée
    Bizzz Lolo

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  3. c'est de la musique Frankie, c'est un ballet, j'entends Stravinski et le sacre du printemps quand je te lis
    bises du soir

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  4. C'est jubilatoire ma chère Frankie de plonger dans tes mots qui virevoltent et dansent en musique comme le dit si bien Josette ! Il y a des images qui surgissent : entrelacs de souvenirs et de rêves, de joie aussi !
    Je t'embrasse bien fort.

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  5. merci mes douces cette année çà va décoiffée mon ascète de l'été ma fait beaucoup de bien et je vois un peu mieux la narration et peu un peu plus composé pour les plaisir de mes lecteurs et lectrices et vos témoignages me le confirment

    merci de vos commentaires la voie est là... au travail.
    bisous

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