dimanche 19 novembre 2017

novella fantastica atelier du samedi 19 nov :"Quand la plume méne la danse"

pas encore le titre
titre provisoire 
"Quand la plume mène la danse" 

si vous avez l'idée sur le bout de la langue ne vous en privez pas





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si vous avez l'idée sur le bout de la langue ne vous en privez pas


Je  portais le sari jaune sur le paquebot via la Corse. Deux jours de traversée. J’avais réussi à le convaincre  de ne pas amener sa femme. Nuisible pour la tâche à accomplir. La maison dans ses oliviers pouvait se passer d’Elle. Comme relectrice j’avais posé mes conditions. « 15 ans pour écrire un livre ….. Que ce fut long ….. 150 pages seulement… ; ces quelques mots racontaient  bien des choses d’Elle. Alors l’avoir dans les pattes. Répondre aux heures de repas : couper en pleine phrase…Je ne voulais pas de cette moufflette : improductif pour ce travail. Et lui déjà j’imagine bien castré de cette vie. Soyons à l’écart, ne buvons pas comme un buvard les avantages et les inconvénients d’un tel choix, le nôtre est à Trinidad.

7 jours  pour 150 pages çà se pouvaient… Attention au lion chinois trois pas en avant 4 en arrière. Ce n’est pas ma vie.

Nous prendrons une mémé corse de ses connaissances pour préparer les repas et le soir nous irons manger au restaurant sur des terrasses dans de beaux décors. Face montagne, face à la pleine mer. Nous oublierons les lignes de la journée, elles feront le travail de se caser à la bonne place. Elles suinteront le lendemain. De leur fraicheur, leur gout de menthe, citronné, citronnelle.  Les effluves des sens profonds bien ourlés de simplicité, de douceur : gambader dans la sagacité d’un récit  qui avance et tiens ses promesses.

J’avais dit oui à sa proposition quand le langage non verbale du Monsieur était venu à lui toucher la main, et son avant bras par la suite de l’entretien –c’est souvent là que s’exprime la juste demande-. Eucalyptus avait besoin de faire vivre son livre. Le tactile initie un bon transfert. Une qualité qui fait avancer dans le travail. L’autre argument fut : « je n’aime la pluie qu’en Corse, elle rend vivace mes oliviers et de toute la nature, elle crée son verdoyant. »

Nous étions habités de nos êtres femme et homme. Loin de l’embrassade, « l’enlaçage », de la saillie.

Quand la femme écrit,  elle est aussi bien homme que femme et l’homme quand il écrit  Valère Novarina dit : « ouvrez votre vagin "messieux".

Le troisième argument, nous aurons à jouxter de la psychanalyse à la littérature et vice et vers le "çà".

Je suis lovée dans mon sari jaune sur mon transat en la plage latérale m’offrant le grand large.

Je l’aperçois pont arrière se diriger vers moi. J’ai un coup de sang. Sortir de la douceur de mon dedans extrêmement prolixe par un tel paysage : d’un pinceau infatigable, l’horizon à l’infini se poudroie d'une palette où l'addition n'est que multiplication. Je ronronne de bien être. Je suis conscience de chaque bolée d’air pur  m’emplie comme une grande fontaine à champagne,  mes alvéoles pulmonaires, mes cellules se goinfrent de cette becquetée d’oxygène. Mon esprit gambade d’une pensée à une autre juste un « pataugie » d’enfant, sans tirer de plan sur la comète : attrape chimère.

Je ne voulais parler : l’heure de correction était demain sur sa terrasse à 9 heures. Assise version la garigue ou version la côte sud de Dame Corse. Ma douceur à ce moment était peut-être cachée comme derrière les chutes du Niagara. Avec un homme marié je ne peux toucher à mon patrimoine : « jouissance du silence » acquis de 35ans du sacrement de chasteté que je dus m’imposer pour ne pas briser le respect avec moi-même, ceux qui m’ont crée, le sexe que je porte.

Le sentiment d’être la portion alimentaire du manque en Oméga 3 du Monsieur, me couper toute création de parole. Molière aurait placé sa fameuse réplique : « voici pourquoi votre fille est muette ». Non,  il ne volera pas ma tête hors de nos emplois du temps sauf  le soir pour notre détente et briefing de la journée.

Il tire  prés de mon transat le sien, m’offre un plaid de laine fine, légère comme dans le long courrier de nuit.

Eucalyptus

-J’ai le trac. Je suis broyé de partout comme si ma dernière heure était arrivée. Pourtant écrire un livre n’est pas une question de vie ou de mort ?

-C’est bien Monsieur Eucalyptus, vous êtes en pleine mutation de votre métier de commerçant, à celui de la plume. C’est possible la sensation que vous avez. Je ne vous raconterai jusqu’où mon corps a été capable d’aller la semaine dernière. Simplement  un écrivain édité me dit sans pincette : « je ne vois rien, ne comprend rien à ce que vous écrivez. Première rencontre : fatale ». Point. Heureusement une personne a eu le courage et l’implication de dire : « moi, je vois et comprends… » C’est comme une seconde peau à Nous, l’écriture. Même si le sujet que nous écrivons n’est pas Nous…

Il me prit la main, me remercia d’avoir pris au sérieux sa parole, il se rapprocha de mon transat, se pelotonna dans son plaid, regarda la mer. Son visage s’emplissait de douceur. Je le sentais ronronner au-dedans comme un petit chien heureux d’avoir retrouvé son maitre.

Ca je le peux, nous sommes dans la maïeutique. Le travail a ouvert ses baïnes à l’Océan de lui-même… La mer gonfle, les vagues heurtent avec plus de force les flancs du bateau. Le tangage à augmenter son degré de creux et de pleins. Nous entendons l’hélice se déployer dans l’air et le plouf quand le paquebot retouche la mer.



Nous prenons la voiture louée en même temps que les billets aller et retour. Open, j’avais fait préciser, en cette saison c’est sans augmentation. Nous quittons le port pour enfourcher la montagne dans ses lacets savoureux de couleurs, de vertiges, de la pente. Je voyage sur le dos des biquets qui fleurissent les coteaux. Soudain Eucalyptus dit : « tiens du feu dans la cheminée, elle fume, ma femme aura demandé au jardinier de réchauffer les murs ». La route se continue dans le silence, je sens qu’en Eucalyptus la douceur est entrain de virer en fournaise de l’Etna. Il craint la fin de son rêve.

 Je commence à être fixée. Sa femme est venue en avion. Il la connait tellement, il sait qu’elle en est capable, c’est Elle la loi chez Elle, lui simplement le banquier.

-N’allons pas plus loin, ramenez-moi à la ville. Trouvons- moi un hôtel. Demain 9h si elle n’est pas là, nous commencerons dans un coin tranquille de l’établissement. Si elle a fait le voyage, je reprends le bateau. Le travail ne pourra s’effectuer dans de bonnes conditions, n’usons pas votre œuvre en cours par une mauvaise météo. J’en connais qui on voulut la braver, ils sont morts sans retour. 

Une autre fois. La douceur pour les mots est incontournable.  Tant d’osculations, tranquillement sans précipitation, d’un repentir à un autre, des glissades comme sur une pente sans trop être poudreuse au cœur d’une forêt de pins dans les traces du pisteur. Suivre les courbes, les bosses. Attendre la levée de la brume. Prendre la pose quand elle hurle : «  pitié  je n’sais plus où je suis » . La rythmique plus rigoureuse qu’un métronome sans pléonasme. Madame Ecriture sur l’air de la chanson de Léo Ferret : « Monsieur William vous manquez de tenue! Que faites vous  dans la treizième avenue ? » . L’Ecriture est notre grande Maîtresse. Pour qu’elle ait sa justesse, des cures de silence avant comme après, sont absolument obligatoires. Je n’ai pas connu plus rigoureuse qu’elle, sauf un hiver à Helsinki. Dans d’autres conditions le cerveau se fait : rutabaga.



Je pleure. Mon empathie pour « Eucalipso » me déborde. J’ai mal en mon cœur pour lui et son bébé livre.

Il arrête la voiture sur une place d’un panorama "fabulos". Il me prend dans ses bras. Me berce en silence.

- Je suis si désolé, Françoise de ce désordre dans ce projet. Je le voulais tant.

-Je sais.

-Reposez-vous, je vous offre le séjour de 8 jours à l’hôtel. Nous  rentrons sur le paquebot et là si vous le voulez bien, le penser juste,  nous enchainons les plages de travail, dans le train aussi. Si nous avons encore quelques pages pour clore, je louerai un hôtel vue  sur le Luxembourg, nous irons jusqu’à la dernière ligne.

Je souris, il avait compris, j’étais même presque sur que chaque jour il crapahuterait ses phrases dans l’élan du désir pour son livre.

Je lui pris ses deux fines joues, je l’embrasse dans une extrême douceur comme j’aurai fait à un bébé joufflu.

-Promettez si vous y travaillez,  éditez moi chacun de vos jets de correction, travaillez qu’à partir d’une copie des épreuves que nous devions réentendre ensemble.

Il me choisit un hôtel cossu dans années d’autan, une piscine simplement avait été rajoutée à cette architecture du milieu de siècle dernier.

-prenez bien soin d’Elle. ....  la regardant longuement, comme suspendu  sur un fil entre le Trocadéro et la tour Effel. ......  Longtemps après   Il s'adresse au patron
Avez-vous vos plateaux de fruits de mer ?

Allez Françoise, laissons- nous en rire, fêtons le saugrenu, mettons nous en,  plein la lampe de iodés.

-jusqu’au dernier bigorneau.

Eucalyptos n’alla jamais à sa maison.  Il prit une suite. Ils vécurent de travail, de rires et de douceur. Le lieu du laboratoire changeait  chaque jour jusque dans des granges de boucs. Des cabanes de bergers. Ils allèrent jusqu’à travailler 15 heures par jour. La nuit comme un corps ayant retrouvé sa moitié,  ils se lovaient blottis.  De tous leurs plis, ils en comblaient le creux de l’élasticité de leurs chairs. Ils étaient 4 dans le lit. Ils le savaient.

Comme des gamins,  ils jouaient au "Chat botté"  tous leurs « si » devenaient réalité.

Sa dame était repartie. Eucalyptus put présenter ses oliviers centenaires à la Dame des mots.

Eucalyptus changea les billets de paquebot pour l’avion à Ajaccio afin de prolonger de trois jours leur séjour  en temps de vacances. Ils  serpentèrent  par les sommets, la remontée du Sud vers le Nord de l’île.

Fin

Frankie Map’s Monde

Sous la direction artistique de Frankie Pain






droits réservés




A

7 commentaires:

  1. Bon dimanche, amie, enroulée dans tes boubous; tes plaids, tes écharpes de mots et de phrases colorées.

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  2. Roxane de l'atelier mendibouroua à la petite rockette.

    Très belle histoire Frankie.

    Je pense qu"Un Amour Livresque" pourrait être pas mal.

    Si tu cherches un titre sans rapport direct avec la relation entre l'homme et la femme, "Vacances en Corse" pourrait être bon, je pense.


    Dis-moi ce que tu en penses.


    Bisous.


    Roxane.

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  3. Oui, je regarde en arrière en paix. C'est pourquoi j'ai écrit ce texte sur mon blog.
    Bonne soirée !

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  4. je le sais depuis longtemps. Séraphine beau chaque jour. j'aide ceux qui ne vois en paix en arrière.. c'est pas donner à tout le monde. parfois ce sont de grandes aventures . On ne nait pas obligatoirement en naissant. et pour certains faut juste une epousièreuse d'autre ce sont des des pelleteuses et meurent en cours de route. Ou creve de cancer....

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  5. Que de retard de lecture... je ne sais pas trop pour un titre il faut que je "relise" j'aimerais qu'apparaisse l'idée de relecture mais le mot ne me viens pas.
    Gros bisous Frankie

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  6. Joli texte, pour le titre difficile à dire je ne trouve pas.

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  7. merci de vos lectures, et du souffle sur le titre moi je séche aussi

    gros bisous

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