vendredi 17 octobre 2014

La bas bleu et le bas rouge de Frankie Pain



retour à l'atelier de Paris 
écrit dans mes pérégrinations du Sud ouest.

Petite pièce de la robeuse des châteaux dans la traversée du grand fleuve.
Sud ouest France Vendée
Faits divers
Un coup de croc d’un bas rouge. Tue le fils de la Jonquière de La Ronde. Le croc ne ripe pas sur la carotide. Il s’est vidé séance tenante. Il revenait d’un salut d’un de ses spectacles privés dans sa champignonnière .L’affaire est entre les mains de la police locale.
Le commissaire
Vous savez qu’étant la propriétaire du chien, vous êtes Madame de la Jonquière de La Ronde la première des suspects.
Marguerite de la Jonquière de La Ronde
Je suis  que la robeuse du  Château Monsieur le commissaire,  par des circonstances, …., non prévue aux cahiers des charges de mon emploi, je mis au monde le petit Etienne René.
Le commissaire
Et,  maline vous vous faites épousée !
Marguerite la robeuse
Les ragots du village ne viennent pas jusqu’à votre office de Maillé Monsieur le commissaire, je m’en serai largement dispensée. Sa mère qui désespérait d’être grand mère malgré la multiplication des zombis du marais  avec la marque de fabrique de l’héritier  des Jonquière de la Ronde, c’est à dire tous , toutes : la touffe blanche de cheveux au dessus du crâne à l’endroit où s’échappe l’âme des défunts. Un matin alors que Monsieur  Norbert de  la Jonquière de La Ronde était revenu du pavillon de chasse particulièrement amoché, poché…., sa mère le réveilla dans  son premier sommeil, le pistolet sur la tempe.  Elle mit le choix au bout du barillet : « Tu épouses Marguerite la robeuse du château ou la balle partira . Quand on connaît tes frasques, le qu’en dira-t-on  ne manquera pas d’annoncer qu’un souffle de conscience t’est imposé d’ajournée l’enfer que tu fais subir à tout ce que tu regardes ou tu touches : ton suicide sera ta bénédiction pour ta mémoire et ton au-delà, cela t’évitera l’enfer. » 
La réponse fut rapide, Monsieur le Commissaire. Ma belle mère Marie Françoise avait la réputation d’une gâchette pertinente. Elle avait perdu le Nord en éduquant son fils unique venu sur le tard, comme nos oies de Noël, Monsieur le Commissaire, il fut gavé de toutes ses gâteries, hors limite.
Le commissaire
Vous devez être satisfaite de fille mère à Madame de la
Marguerite la robeuse
Pensez donc, ma crainte est plus qu’elle fasse de mon fils ce qu’elle a mis de diabolique au sien. Depuis qu’elle est grand mère, je vois Etienne René que quelques heures par jour et elle part en villégiature avec lui, sans moi. L’alliance de Monsieur feux mon époux, outre les obligations de droit de cuissage dans mon simple rôle de robeuse, il a rajouté à la liste de ses sévices des extravagances comme ce spectacle dans la champignonnière où je dus  me trémousser nue sur un bloc de glace sur lequel coule du miel. Quand je rechignai d’aller saluer, il leva la main sur moi. Le chien m’a défendu. Pour une fois, il était là Gudule. D’habitude, Monsieur l’attache à sa niche quand nous sommes ensembles.
Le commissaire
Vous avez toujours parlé aussi bien ?
Marguerite la robeuse
N’est pas robeuse au château sans une certaine éducation. Ma marraine m’a formé dans cette optique, elle fit le nécessaire  pour que je possède quelques conversations. Les essayages durent parfois très longtemps, nous nous devons de savoir écouter et répondre à bon escient : çà forme la parole. Et il y eut aussi mon apprentissage dans la Marne de tailleur pour hommes où très vite  je changeais le tissu de couture  en petite main pour recoudre les poilus.
Le commissaire
Mon respect Marguerite.
Marguerite la robeuse
Quand on a du talent au bout des doigts, sa place est pour servir la vie en premier. Et dans les blocs opératoires qui jouxtait les tranchées entre les bruits de la charge des obus et le cri des éventrés la parole circulait au dessus des champs opératoires, nous y colmations surtout au début, nos hauts le cœur. La parole nous permettait de continuer sans perdre notre dextérité qui nous étaient requises, le matériel que nous avions, était fort limité en regard  du nombre des interventions. C’est là que j’ai fini mes humanités. Il y avait de grands érudits, Maurice Genevois qui fut vite mis sur la touche avec ses blessures, j’allais à son chevet, il me prenait la main, me parlait de sa Loire : c’était notre évasion. Vous comprenez… J’ai appris sans chercher  à apprendre, les mots nés dans de telles conditions sont gravés  comme par une herse dans notre chair.
C’est aussi pour cette raison que Madame de la Jonquière de la Ronde  pensa à me donner le titre de sa bru. Son fils d’orgie en orgie noyait l’activité de ses neurones, et l’odeur  de mou d’alambic qu’il trimbalait avec lui dans toutes les pièces. Pour les réceptions, il eut fallu le faire jeuner comme les lumas (escargots) avant de pouvoir les cuisiner. A table Monsieur  était dispensé, je le représentais ainsi que son fils.
Les nuits d’insomnie entre Etienne René et Gudule, Marguerite cherchait les arguments  pour son futur interrogatoire.
Lors de l’interrogatoire Marguerite fut muette. L’avocat de la famille plaida  l’affaire. Il connaissait le Sujet Norbert par cœur, on sentait que ce n’était pas la première fois qu’il mettait les mains dans les lentilles du marais poitevin des terres  de la Jonquière de la Ronde. Il fut question d’abattre le bas rouge, son Gudule. Marguerite demanda alors de parler à l’Avocat. Elle lui dit les conditions par lesquelles  elle était tombée enceinte sous le regard de Gudule, ce chien lui avait été donné après l’armistice,  il avait eu avec son maitre la médaille de guerre. Chien des tranchées. Monsieur Norbert avait voulu la gifler au retour d’un salut. Quand Il avait pris son élan pour la gifle magistrale, le chien ne lui a pas laissé le temps de poser sa main, il avait bondi. Cette main là, l’aurait mise, Elle, sur le carreau. L’Avocat lui mit un doigt sur sa bouche et lui offrit un sourire rassurant.
L’avocat fut plus incisif, plus rapide que les boniments de ses nuits. Le jugement n’alla pas au Palais. Fataliste la conclusion. Les actes de Monsieur lui étaient revenus « dans la gueule » par l’innocence d’un chien médaillé de 14-18. Gudule put vivre sa retraite de guerre au château. Veuve, Marguerite eut droit de partir en villégiature à  Bagnières de Luchon dans la vallée du Lys dans les habitudes de la famille de la Jonquière de la Ronde, et ce temps là ,  elle ne fut plus coupée de son Etienne René.
Fin


auteure Pain. Mangou
reproduction réservée
 
Foto de frankie
dimanche avec le verdoyant chez Martine Tollet avec Kristine la chef de choeur Belge 



6 commentaires:

  1. Bonsoir Frankie
    Tu nous gâtes avec cette belle page qui nous emmène du Sud Ouest au Nord Est dans toute ton humanité.
    je te souhaite 2 belles semaines de vacances et beaucoup d’écriture.
    je t'embrasse

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  2. je suis de retour ma belle josette
    merci de ton commentaire

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  3. bravo à Gudule !
    et à toi bien sûr la grande ordonnatrice des beaux destins...

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  4. a ce cher Gudule !
    je te remercie de ta lecture et de ce retour court qui en dit bien long et bien sur me touche vu la place qu'il aura dans ...
    merci de notre rencontre en vrai qui fut un superbe cadeau de la blogsphére et la relation qui file bon train car elle est déjà faite de l'essentiel.
    pas banale ces blogs... et ce bon repas à à l'auberge des poètes....

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  5. Wow, quelle splendide morceau d'écriture, Frankie. Il faut lire jusqu'à la fin, difficile de faire autrement, difficile de s'arrêter ! C'est marrant, mais en même temps il y a toute une réflexion sur la vie ici. Bravo.

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    1. merci mon très cher Roger, de votre attention et votre lecture à tout bientôt

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