vendredi 2 novembre 2012

chronique du vendredi, pour les plus grands : acte de résistance ," un monde sans récit" ne passera pas par moi.



réécriture d'un roman dont le premier jet fut fait de bout en bout.
Tout pour la couleur 
ou 
la traversée du grand fleuve 

Premier jet
Dans son voyage à Dakar elle était partie  à Saint Louis
A l’heure où elle allait au port du fleuve Sénégal son portable retentit :

Sms : Nous avons eu la bobine du jardin de l’Ambassadeur abimée, il faut tout reprendre.
Revenez au plus vite.  Un train part à 9 heures nous vous attendons à la gare . Nous devrions tournez la scène du baiser  l’après midi. Tout sera à la maison de l’Ambassadeur.  Vous pourrez repartir demain matin pour votre voyage sur le fleuve. Nous vous mettons un billet « open » pour couvrir ce désagrément.

Tout ce trac pour rien, il faudra recommencer la chambre d’hôtel à Saint Louis
Le monologue intérieur de la chambre

Retour Dakar

Elle achète des nougatines cacahouètes et miel à la charrette le vieux pépé et son cheval comme il y a   : çà ne se compte plus . 1962.

Un taxi à vélo cela ira plus vite. Et on profite des odeurs de chaque quartier, des couleurs et des scènes qui jaillissent de partout essaims d’imaginaire "plus de réel" comme dirait Bresson. Pour  réalisateur  ayant plus de deux petits pois dans la tête en plus de son orgueil et son désir d’être Dieu.
Une idée allume sa cervelle contrariée , elle lui évite sa bouderie systématique de changement de programme sauf si c’est elle qui décide la belle Pilar. Elle se dit avoir eu raison de garder son prénom d’emprunt. Ca ne la reconnaît pas , comme quoi une chose est venue transformée ses habitudes , ce n’est pas le réalisateur et son mutisme forcené à lui mettre le nez dans un des ses plus horribles objet petit a qui a rendu folle sa mère, et qui l’a fait espérer toute une vie  et les derniers six mois sans obtenir une phrase plus longue que : "La solitude me sonne dans la tête." De Wataya Risa et elle a mis six mois à la faire celle là. Mon père, le Blanc, couleur des feuilles séchées comme dit mon père le Noir : c’était du genre.


Revoir les girafes courir devant les hyènes dans la savane. Etre entassées avec des cages de poulets sur la tête, une racine de manioc coince  ma cage thoracique , des Fatous mangent des beignets de poissons qui empestent la friture tout le wagon, mélangés à l’odeur de la bouteille où fuit l’alcool de palme. « Eh ! la Blanche Cacahouète et pète » et le rire enfle le wagon comme des vagues déferlantes en avant première   de l’ ouragan Katerina.
 J’en avais dans les oreilles  comme deux nids de cigales qui n’auraient pas trouvé mieux pour du calme : mes oreilles.
 Tgv tgv tgv : c’est de se faire un IVG même si t’es pas enceinte.

sms
« Dites que l’on m’emmène à la piscine de l’hôtel, demander à la coiffeuse le bonnet noir elle comprendra. »

Sms réalisation
« Impossible la nuit tombe trop vite , nous vous cherchons un masseur. »
Arrivée  bousculade sur le quai à marcher contre le vent, un jour de tempête à Saint Malo sur la promenade de Château Briand. Et pourtant le petit de la régie  fait la route. A peine ouverte que rebouchée : çà c’est du Romain Gary :; les routes de la brousse dans la jungle équatoriale « coupe coupe »  tu te retournes , la végétation a repris sa terre.

Service d’accueil  à la Villa de l’Ambassadeur. Une chose rassurante l’île de Gorée est toujours à sa place ,  Madame Allard Michèle la voisine est venue se joindre , mes caméristes  vois l’état de leur actrice. Clin d’œil au premier assistant réalisateur.
« Prêt à tourner dans deux heures. »

- Pilar ou …
- Pilar
- Nous avons un  très bon masseur.
- Très bien, passez-moi le masque frais pour les contours de mes yeux insomnies
Je tiens à, ne pas voir le masseur pour ne pas me décentrer, je le remercierai après la scène dans la boite vous lui direz. Vous avez le texte,  j’ai tout mis aux bagages à l’hôtel. Et mes notes d’interprétation avec.
- Ce qui restera sera le plus juste.
Faite dire au réalisateur que pour les gros plans on commence par moi, c’est moi qui est le plus de texte et Carlos B. l’acceptera aisément car il n’avait pas compris pourquoi il l’avait fait en premier.
-          après les bigoudis,
le make up
-          et   moteurs,        rolling ,      clap,      atchoum !
 La maquilleuse installe le masque frais , dans la pièce transformée en massagerie, une musique style chante de baleine avec une voix  berceuse, étrangère , africaine rythmée sur une chora lointaine. Elle s’allonge, on la calle bien de  cousins  savamment où il faut et
La main.
Chaude , large vigoureuse. Vu sa largeur c’est celle d’un homme. Il ne parle pas, lui fait respirer quelques huiles essentielles, l’huile de massage:  la rose  antique  d’Hespaen .
La peau a confiance , elle  s’assouplit à chaque traversée diagonale  et remontée de la colonne .
 Tonique et doux.
Pâlir sous sa peau.
Pamoison, moisson d'une vie,
Etre  plus que soi sentir sa densité ,
le laboureur et ses enfants
"Labourez, labourez un trésor est caché dedans" Le trésor  : c’est en moi , ouwa ouwa.
Perception spéléologie dans ses oniriques
démangeaisons velues :gorges du Tarn et du Vercors confondues
depuis la nuit de ses temps
 où elle ignorait même qu’ çà s’appelait ainsi.
 Comme des tubes de lait concentré 
Sur une étagère oubliées
 à la cave ou au grenier ,qu’importe , ou le deux
où ils auraient été retenus captifs
 ils déferlent en elle comme des enfants enfin retrouvés.
Le souffle amplifié  les images affluent dans sa tête
dans les reins chute Ethnaïque en éruption,
 elle se retient de gémir,  son nez est en cygnes d’envol migratoire.
Pilar consomme l’extase
en infini spirales
comme le richoché d’une tourmaline bleu
 des profondis
 sur un grand lac
il  ne cesse de rebondir le galet
il  atteint  l’autre rive .

La main en rateau
comme dans un temple japonais - le rituel du sable –
elle ébroue  les émotions recroquevillées , les chasse du recoin.
 « sortir,  sortir les "cabournées"*
 comme les cagouilles des vieilles souches l’hiver que l’on attrape avec un crochet

D’une petite fessée,
elle comprend qu’elle doit se retourner.

Le corps du masseur est nu, il glisse de tout son bras de tout son corps
couvrir sa peau toute surface du sien.
Les zones du chabada bada ne seront pas oubliées
ce masseur n’ignore pas  cet  l’ endroit là
 depuis  « Le tramway nommé désir » avec  Marlon Brando,
toutes les théories, exercices  pratiques de l’Actor Studio :
 Tout réside là.        Juste l' enflammer    .

La clochette du diner.
 C’est le temps écoulé.
Il me prend dans ses bras la  berce, il la porte et la  fait tomber sur ses pieds .
 Je comprends le signe « prends racine », « être bien sur pied »  « les pieds dans la terre ».

Pilar sert la main  au masseur :«  je vous remercierai après la scène
 Bravo , vous avez tout compris , je vous engage à vie. C’est une joie pour le film de l’avoir  eu à refaire.

La caravane des habitudes de chaque jour dans la villa  de l’Ambassadeur s’ébranle. Pilar est triste ce n’est pas l’heure de l’Ambassadeur. Elle ne le verra pas à son bureau à l’oppossé du piano à queue, la régie  a installé la table de maquillage juste  devant le clavier  pour qu'elle puisse en même temps se donner la note  et faire les gammes.

Pilar , la place vide au bureau à l’autre bout du grand salon ;
Elle se referme sur les sensations du massage, le meilleur de sa vie et Dieu sait si elle  en a connu de bon :  M’eschay, Margea, Francis  Laute., Manuel, lui elle l’appellera Tao-Comblas. Tao pour la connexion sublime des énergies  comme le bruit de l’air qui coure entre  les bambous  comme l’énergie qui circule entre les aiguilles d’acuponcture . Comblas pour  la folie des couleurs de tout l’onirisme capté .

Le texte est recalé.
L’aventure des césures réinventée pour la surprise du partenaire . Ne pas s’enquiller dans du déjà vu, alors que la scène d’avant   ne le sera jamais. L’éclat pour cette scène. Et avec Carlos B. mon partenaire, nous en reparlerons encore à la maison de retraite où centenaires nous rediront les dernières heures d’Alexandre Ier sur le bord   du tigre bleu de l’Euphrate de Laurent Gaudé.

Tout est enfin prés . Sauf le cher Ambassadeur . Le sourire de ma maquilleuse et
une main sur mon épaule , 
je regarde dans la glace .
  Sébastian, l’Ambassadeur  est là,
 sa main c’est la poigne de Tao-Comblas.

Il sait . Elle sait.  Moment terrible comme de rentrer dans un contre courant, de perdre pied. Elle réclame vite son accessoire de scène l’éventail. Elle cache son visage. Ferme les yeux. Calme la joie qui l’assaille comme une armée entière qui grimpe à l’assaut d’un château fort. Les moteurs sont prêts à être lancée. Nous attendons qu’elle.  Juste deux  heure trente  pour la tourner dans les deux axes et c’est le mur de la nuit africaine , le rideau tombe en 5 minutes. C’est chaud bouillon, bouillabaisse et crustacés.

Moteurs,, rolling,       clap,,,,,,,  atchoum  ce sont le japonais qui font ainsi… Action… Clap de fin  , on la tire , on la double

* nom en charentais  , la  Charente maritime  des escargots l'hiver quand ils se cache dans le souche d'arbre , du coup de dire de quelqu'un de cabourné c'est quelqu'un très introverti , relis puissant sur lui même
Frankie Pain 
  auteure
pas d'images afin de ne pas nuire à celles créer pour vous 
à votre imaginaire qu'il tricote  


rose de Francis AZmar
 

7 commentaires:

  1. Pour tricoter, ça tricote! A relire, pour ne rien rater, mais le rythme est impressionnant! Bonne soirée!

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  2. merci de ton commentaire sur mon texte , toujours fragile. si le rythme est là c'est bon,
    et bien sur tu étais avec moi dans le TGV car tu connais ces trains
    je t'embrasse bonne nuit

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  3. Tout plein de formules qui font mouche...à miel!

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  4. solee garance
    Pour me remonter le moral, hier soir je suis allée sur ton blog et j'ai lu longuement ta création de Pilar, de l'ambassadeur et de Dakar... J'y ai retrouvé ta verve et ton verbe qui part tous azimuts. Je t'envie cette façon de créer, écrire, c'est se reconstruire dit-on et avec toi le chantier est sans fin, ce que je trouve très optimiste sur l'avancée de l'âge qui n'atteint pas le doute et l'interrogation sur le sens de la vie.

    a solee
    merci de ce retour et tu sais dans quel contexte il fut écrit, la création c'est bon bon bon bon,
    comme vas_y frankie écrit ecrit ...

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    1. en tous sens, dans tous les sens
      Manny Mrandièrepar le mail à Solee garance ce n'est qu'un simple retour en taxi vélo en TGV et un reprise de scéne on va pas dans tous les sens

      beaucoup de sens sont sollicités, je suis une fervente lectrice de Frankie et je me suis permis ce petit détail

      mais peut^zetre estce ce que vous vouliez dire

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  5. J'ai laissé se dérouler le texte et mes suis évadée ...
    Bisous enthousiastes
    Marie-Ange

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  6. ce travail sur la vigne que j'ai vu hier m'a caressé les yeux mais je n'avais pas pu te laisser un mot
    et aujourd'hui je viens pour te remercier d'avoir lu mon texte et de t'y être embarqué. j'ai fait le pari de tout réécrire sans consulter le premier jet car je connais tout du début à la fin maintenant et ce qui est étrange l'esprit prend des raccourci et la veine et puissant comme dans un tgv en afrique
    je t'embrasse et continu de nous ravir par tes montage et prise de vues

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