samedi 12 décembre 2009

le mois où le rouge est sacré



le calendrier de l'avant


« Ce matin, à mon réveil, je n’osais ouvrir les yeux ; dans mon rêve, tout était en noir et blanc, les couleurs m’avaient été dérobées »

Le front des pentes des collines de Toscane couvert de coquelicots. Leur mouvement, la caresse de Zéphir dans les corolles.

La saison fleurie du flamboyant , au pied de la terrasse : bain de merveilles, vermillon. J’invite mes petites copines vivre la couleur du sacre de la fin journée . Nous jouons au cheval, aux grands tournois du Moyen-âge avec les étamines corail des fleurs ardentes du flamboyant.

Je suis le Chevalier au rhinocéros de cuivre. Quand nous cessons les combats, nous buvons à la paille du sirop d’hibiscus grenat - je tiens à la différence - les plus sottes prennent de la grenadine. Le vermillon au flamboyant. Ne boire que l’éclat du rubis de l’hibiscus.

Nous dînons de cœurs de canard en brochette au barbecue, enfin : une grille sur la partie métallique d’un pneu sur le charbon ardent de « rouge feux follets ». Les flammes courtes, ivres titubent dans les espaces saignants de ces cœurs carmin qui calcinent.

Papa a préparé les mâchoires de cochon avec son poignard. Il a délicatement sculpté des sillons en carré dans les joues en marmonnant une litanie qui venait de très loin : « ravau, je suis en ravau, ravau » . Des ruisseaux miniatures de « petit sang », comme dans « l’égoûtterie » le petit lait du fromage, circulent et créent une mare dans la grande assiette en porcelaine.

Maman a dressé la table sous le frangipanier, l’odeur tenace de ses fleurs blanches absorbe la tonalité de l’odeur de grillé. La mère sert la soupe. Ces soirs là, au menu, c’est toujours « mâchoires, cœurs », tourin à la tomate aux perles du japon. Le blanc des fleurs, la transparence des perles et la porcelaine harmonisent de silences visuels la gamme des incandescents.

Il y a une pirogue pour aller au marché sur la rive de l’autre bras du Sénégal, l’étal de poissons sous l’envol des mouches domptées à la tapette. Les poissons : « toujours regarder les ouies ! Si elles sont rouges, c’est vivant, ils sortent de l’eau ».
« On vous les prépare ? » « Non, merci ! »

Dans la famille, nous aimons trop nettoyer le poisson… Ouvrir le ventre sans hésitation, faire la grande blessure, belle, longue ; ce camaïeu de rouge, de rosé, les bulles d’air des poumons comme des ballons ou des vessies, la laitance dans son arachnéen de suintement safrané, la densité orangée des œufs. Quel régal ! Quelle douceur le mystère des ventres de poissons et le soleil qui ricoche d’éclats dans le jeu infini des écailles…
La r a s c a s s e .

Inès a fini ses dessins sur la table du jardin, elle a rangé tous les pinceaux, elle lève les yeux et reste un moment bouche bée : « regarde Mamita, c’est le coucher de Soleil, tu as vu la couleur de ses draps ? Rouges, comme les tomates apéritif. Ah ! J’aime quand on fait des fêtes à la maison, les draps du Soleil des milliers « milloniers » de tomates apéritif et le drap de la Lune, s’il pouvait être comme la couleur des cerises… C’est possible ! Les oiseaux, la nuit on ne les entend plus, ils sont dans les draps de la Lune , ils mangent toutes les cerises. C’est çà Mémé gros nénés, Mémé fruits d’or ? »

U A Ï N A, la vague
La dernière des trois vagues est couleur sang. Pogo, le marin voit dedans un monstre. Il prend le harpon, s’ attache au mousqueton de la balustrade du chalutier, lance l’arme. Il atteint le monstre. U A Ï N A la troisième vague déferle mais, de l’horizon à la plage, la mer est couleur poivre de Cayenne. Il ne sait pas qu’en tuant la bête de la haute vague scélérate, il trouverait sa sirène morte dans leur maison à Saint Martin en Ré .

A l’hôpital, les soirs de gardes, je n’aimais pas les brancards inondés de sang. Quand le sang coule, c’est comme la rupture d’un barrage, la Loire qui déborde, c’est ce goulet infernal, cet entre deux, le passage, le cri du nourrisson, le bâillement de l’agonie.

Pourquoi le rouge dans les bordels ? Les rideaux, nos lampions du 14 juillet... Leur mémère ne leur déride plus le cou de poulet aux « chichounets » coqs, à la crête flasque, tombante, rouge-rate. Les dessous des dames, mon bleu de travail, moi Prune, Prunette : rouge, rouge , rouge . Pas comme la couleur des prunes de la mi-août qui tirent sur l’indigo.

Pour dégorger leurs bigorneaux, il leur faut une muleta comme les taureaux. Ah ! Les matadors ! Rouge la muleta pour l’estocade à notre triangle des Bermudes, le gazon maudit, « La création du monde » de Courbet ! Dans cette demi-heure là, nous sommes leurs héroïnes. Dans l « ’érictus », certains crient nos noms en lettres d’encre rouge. Quels grands frissons. J’aime mon métier, je me sens utile à la société, l’un m’appelle Délivrance. Je m’en lave les dents à l’ « émail diamant » !

La grenouille s’attrape avec des bouts de tissus rouges. Etrange coïtcidence, coïncidence !

Lionel , grand peintre , n’a jamais pu se servir de la couleur Rouge, ce n’était pas à cause des poissons rouges. L’abandon de sa mère . Elle avait « pété plus haut que son cul » dans les velours couleur église - cardinal du châtelain, son patron. Ni une ni deux, aussitôt vêlé. Pas de prénom. Pas de trace. Chez les métayers les plus éloignés, le ballot fut livré. Chez le notaire, une grosse rente à vie – certes - pour lui et le secret des fermiers. Le lion ailé, Lionel. Il a vu Rouge quand il l’apprit. Déjà le rouge, il ne le voyait pas, et ses tableaux baignent, sanglotant dans les variations colorées de son absence.


La rouge pomme d’Eve , de Blanche Neige, la pomme d’Adam. Le sang de Caïn…

Il est l’heure d’aller au lit. Dans les draps de Soleil ?
De la Lune ?
Dans U A Ï N A la troisième vague ?

Dans un hamac sous le flamboyant ?

A l’aube, chevaucher la ligne de crête des collines de Toscane…
Des champs de coquelicots en boutons se balancent comme des singes au cocotier imitant le rossignol des cimes !

Ballottée sur la croupe d’Océan. Mon bon percheron anglo-arabe à la crinière de vague !

Buena note, l a « roja » note

Le Boa de plumes vous chatouille les orteils et tous leurs entre-deux

Quelle couleur ?

Celle de la queue de perroquet des nègres marron de la montagne Palmarès au Brésil. Rouge et orange
Avez-vous observé le jeu du rouge à Chicago le 5 novembre, Barack et sa famille ,dans leur vêtement? Quel premier salut notre président !

« C’est çà mon papa , pourquoi a-t-il perdu sa couleur ? »
Cà c’est une autre grande histoire, dans l’alambic de l’alcool de Prune.

Pour ce Noël dans le tableau de Lionel qui est en cours, il y a du , oui du rouge.

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