une aussi me rappelle la representation de " L'attente et l'oubli" de Blanchot. où le spectateur est plongé dans l'attente du commencement de la pièce de théâtre et les acteurs arrivent et attendent en face de nous et on attend ensemble, il ne se passe rien que des réactions d'impatience dans le public et quelques minimalistes mouvements chez les acteurs et à la fin les acteurs s'en vont et on attend qu'ils viennent saluer et il ne viennent pas . quelle soirée !
Heureusement que je n'étais pas venue seule et nous étions avec un des acteurs de la compagnie qui d'ailleurs ne nous en a dit mot, ni avant, ni pendant la cérémonie , ni après . Il faisait partie de ses acteurs très branchés qui était puissant par le silence qui régnait dans son être. Très bel homme au demeurant :l'auberge espagnole parfaite jusqu'au jour où comme dans Stringerg "La plus forte" on se rend compte qu'il n'y avait rien à l’intérieur.
Je me rappelle aussi la représentation de "En attendant Godot" au théâtre de l'atelier avec Rufus et çà me reviendra... Attente et remémoire . .... Ca va revenir
L'image l'attente, latente ... J'ai à y écrire...
voici il y avait longtemps que je m'étais tue.
beau voyage au texte de Roland Barthes
“ ATTENTE.
Tumulte d’angoisse suscité par l’attente de l’être aimé, au gré de menus
retards (rendez-vous, téléphones, lettres, retours).
1. J'attends une arrivée, un retour, un signe promis.
Ce peut être futile ou énormément pathétique : dans Erwartung (Attente),
une femme attend son amant, la nuit, dans la forêt ; moi, je n'attends qu'un
coup de téléphone, mais c'est la même angoisse. Tout est solennel : je n'ai pas
le sens des proportions.
2. Il y a
une scénographie de l'attente : je l'organise, je la manipule, je découpe un
morceau de temps où je vais mimer la perte de l'objet aimé et provoquer tous
les effets d'un petit deuil. Cela se joue donc comme une pièce de théâtre.
Le décor représente l'intérieur d'un café ; nous avons rendez-vous, j'attends. Dans le prologue, seul acteur de la pièce (et pour cause), je constate, j'enregistre le retard de l'autre ; ce retard n'est encore qu'une entité mathématique, computable (je regarde ma montre plusieurs fois) ; le Prologue finit sur un coup de tête : je décide de « me faire de la bile », je déclenche l'angoisse d'attente. L'acte I commence alors ; il est occupé par des supputations : s'il y avait un malentendu sur l'heure, sur le lieu ? J'essaye de me remémorer le moment où le rendez-vous a été pris, les précisions qui ont étés données.
Que faire (angoisse de conduite) ? Changer de café ? Téléphoner ? Mais si l'autre arrive pendant ces absences ? Ne me voyant pas, il risque de repartir, etc. L'acte II est celui de la colère ; j'adresse des reproches violents à l'absent : « tout de même, il (elle) aurait bien pu… », « il (elle) sait bien… » Ah ! Si elle (il) pouvait être là, pour que je puisse lui reprocher de n'être pas là ! Dans l'acte III, j'atteins (j'obtiens ?) l'angoisse toute pure : celle de l'abandon ; je viens de passer en une seconde de l'absence à la mort ; l'autre est comme mort : explosion de deuil : je suis intérieurement livide. Telle est la pièce ; elle peut être écourtée par l'arrivée de l'autre ; s'il arrive en I, l'accueil est calme ; s'il arrive en II, il y a « scène » ; s'il arrive en III, c'est la reconnaissance, l'action de grâce : je respire largement, tel Pelléas sortant du souterrain et retrouvant la vie, l'odeur des roses.
(L'angoisse
d'attente n'est pas continûment violente ; elle a ses moment mornes ;
j'attends, et tout l'entour de mon attente est frappé d'irréalité : dans ce
café, je regarde les autres qui entrent, papotent, plaisantent, lisent
tranquillement : eux, ils n'attendent pas.)
3. L'attente
est un enchantement : j'ai reçu l’ordre de ne pas bouger. L'attente d'un
téléphone se tisse ainsi d'interdictions menues, à l’infini, jusqu'à
l'inavouable : je m'empêche de sortir de la pièce, d'aller aux toilettes, de
téléphoner même (pour ne pas occuper l'appareil) ; Je m'affole de penser qu'à
telle heure proche il faudra que je sorte, risquant ainsi de manquer l'appel
bienfaisant, le retour de la Mère. Toutes ces diversions qui me sollicitent
seraient des moments perdus pour l'attente, des impuretés d'angoisse. Car
l'angoisse d'attente, dans sa pureté, veut que je sois assis dans un fauteuil à
portée de téléphone, sans rien faire.
4. L'être
que j'attends n'est pas réel. Tel le sein de la mère pour le nourrisson, « je
le crée et je le recrée sans cesse à partir de ma capacité d'aimer, à partir du
besoin que j'ai de lui » : l'autre vient là où je l'attends, là où je l'ai déjà
créé. Et, s'il ne vient pas, je l'hallucine : l'attente est un délire.
Encore le téléphone : à chaque sonnerie, je décroche en hâte, je crois que c'est l'être aimé qui m'appelle (puisqu'il doit m'appeler) ; un effort de plus, et je « reconnais » sa voix, j'engage le dialogue, quitte à me retourner avec colère contre l'importun qui me réveille de mon délire. Au café, toute personne qui entre, sur la moindre vraisemblance de silhouette, est de la sorte, dans un premier mouvement, reconnue.
Et longtemps après que la relation amoureuse s'est apaisée, je garde l'habitude d'halluciner l'être que j'ai aimé : parfois, je m'angoisse encore d'un téléphone qui tarde, et, à chaque importun, je crois reconnaître la voix que j'aimais : je suis un mutilé qui continue d'avoir mal à sa jambe amputée.
Encore le téléphone : à chaque sonnerie, je décroche en hâte, je crois que c'est l'être aimé qui m'appelle (puisqu'il doit m'appeler) ; un effort de plus, et je « reconnais » sa voix, j'engage le dialogue, quitte à me retourner avec colère contre l'importun qui me réveille de mon délire. Au café, toute personne qui entre, sur la moindre vraisemblance de silhouette, est de la sorte, dans un premier mouvement, reconnue.
Et longtemps après que la relation amoureuse s'est apaisée, je garde l'habitude d'halluciner l'être que j'ai aimé : parfois, je m'angoisse encore d'un téléphone qui tarde, et, à chaque importun, je crois reconnaître la voix que j'aimais : je suis un mutilé qui continue d'avoir mal à sa jambe amputée.
5. « Suis-je amoureux ? - Oui, puisque je l'attends. » L'autre, lui, n'attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n'attend pas ; j'essaye de m'occuper ailleurs, d'arriver en retard ; mais, à ce jeu, je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve désœuvré, exact, voire en avance. L'identité fatale de l'amoureux n'est rien d'autre que : je suis celui qui attend.
(Dans le
transfert, on attend toujours – chez le médecin, le professeur, l'analyste.
Bien plus : si j'attends à un guichet de banque, au départ d'un avion,
j'établis aussitôt un lien agressif avec l'employé, l'hôtesse, dont
l'indifférence dévoile et irrite ma sujétion ; en sorte qu'on peut
dire que, partout où il y a attente, il y a transfert : je dépends d'une
présence qui se partage et met du temps à se donner – comme s'il s'agissait de
faire tomber mon désir, de lasser mon besoin. Faire attendre :
prérogative constante de tout pouvoir, « passe-temps millénaire de l'humanité.
»)
6. Un mandarin était amoureux d'une courtisane. « Je serai à vous, dit-elle, lorsque vous aurez passé cent nuits à m'attendre assis sur un tabouret, dans mon jardin, sous ma fenêtre. » Mais, à la quatre-vingt-dix-neuvième nuit, le mandarin se leva, prit son tabouret sous le bras et s'en alla. ”
In : Roland Barthes, Fragments du discours
amoureux, collection Tel Quel aux éditions du Seuil, pp.47-50.
de jean pierre hammel en commentaire
(merci jean pierre Hammel
blog citation du jour)
"Dans l'acte
III, j'atteins (j'obtiens ?) l'angoisse toute pure : celle de l'abandon ; je
viens de passer en une seconde de l'absence à la mort ; l'autre est comme mort
: explosion de deuil : je suis intérieurement livide Dérapage : ça commence
comme une trauma infantile : je suis abandonné. Et puis ça continue comme une
catastrophe : l’autre est mort. Entre les deux : rien – ou si peu. Qu’importe
que l’autre soit mort ? Ce qui compte, c’est que je me sente abandonné. Le (la)
méchant(e) qui est mort au lieu de continuer à s’occuper de moi !" sur Allégorie
sur l'attente.
L’attente
aquarelle de frankie Map's Monde
aquarelle de frankie Map's Monde
bon vendredi
Frankie Map's Monde
j'attends un jugement fin mai...qui ne devrai pas avoir de résultat et j'attendrai le prochain dans ??? un temps lourd de conséquence pour la famille ...garde partagée ???
RépondreSupprimerje t'embrasse Frankie
Merci Frankie pour tes précieux conseils...je jette mes cris pour ne pas me laisser atteindre la méchanceté et la bêtise d'une mère qui veux tant faire de mal au papa qu'elle laboure profond dans les cœurs.
Supprimerje t'embrasse
Je suis aussi avec toi Josette.
SupprimerJe vous embrasse bien fort toutes les deux.
Jeter l'ancre dans le port de l'attente...
RépondreSupprimerJoli florilège... que j'ai lu sans attendre ;))
RépondreSupprimerUn texte plein de vérité. Je déteste attendre et je suis toujours en avance. Bonne fin de semaine.
RépondreSupprimerUn texte plein de vérité. Je déteste attendre et je suis toujours en avance. Bonne fin de semaine.
RépondreSupprimerDans l'acte III, j'atteins (j'obtiens ?) l'angoisse toute pure : celle de l'abandon ; je viens de passer en une seconde de l'absence à la mort ; l'autre est comme mort : explosion de deuil : je suis intérieurement livide
RépondreSupprimerDérapage : ça commence comme une trauma infantile : je suis abandonné. Et puis ça continue comme une catastrophe : l’autre est mort. Entre les deux : rien – ou si peu. Qu’importe que l’autre soit mort ? Ce qui compte, c’est que je me sente abandonné. Le (la) méchant(e) qui est mort au lieu de continuer à s’occuper de moi !