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bonne lecture chers amis blogosphère...
la parution ne figurera pas longtemps dans sont intégrité. après si vous le voulez vous passerez par le blog.
Billou
La Dame et les anguilles .
suite et fin
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Le Capitaine prit son relais aux anguilles. Quand il en sortit,
il avait comme la danse de Saint Guy.
Les chiens allaient de la baignoire à la cabine de Pilar - Sébastian, leurs
poils redressaient au milieu de leur échine : les sons produits d’un lieu
à l’autre ne devaient pas encore être identifiables en leur
mémoire. Ils avaient la Trouille
aux fesses. Le Capitaine douché, rasé, endimanché, au travers de leur porte de chambre dit :
« mille Sabord, ce cent d’anguilles m’amènent à une autre centaine…. Je
vous laisse Laïka et Billou, la gabare est solidement amarrée, le
cadre sera de circonstance à votre
réveil. Nos gourmandises pour le déjeuner sont préparées. Dressez la table et quand vous
m’apercevrez, craquez quelques allumettes sous les sarments. Je porte le
pain. Gardez vous bien du feu qui pâlit »
Sébastian : « et vous, Capitaine : battez
le fer jusqu’au blanc». Leurs rires en
écho où les deux pôles s’éloignent, sont vite remplacés par les grattements des
pattes de Laïka et Billou sur la porte de la cabine, accompagnés de
gémissements. Pilar sent le syndrome de l’abandon chez ces deux chiens
perdus-trouvés, elle en a tant entendus dans la jungle de ses nuits aux
urgences. La porte s’ouvre, Billou, Laïka
trouvent vite leur brassée de câlins. Rassurés ils s’enchâssent l’un dans
l’autre et ronflent copieusement à couvrir presque le rire bleu de la gabarre
dans sa contemplation de la lune pleine. Arrivent sporadiquement les cris de la buse. Elle avait choisi la gabarre
comme halte depuis leur mouillage avant Bergerac. Elle bivouaquait
sur le mât aux drapeaux du Capitaine.
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Pas loin de là, les coqs d’une basse-cour font
des Battles. Leurs cocoricos s’enchainent à d’autres à la ronde. Leurs chants racés dessinent
l’espace. Se rendormir encore. Cette heure là qui ne l’aime pas ? Un
autre réveil, aux piaillements d’enfants. Rose les tabliers des
filles, bleu ceux des garçons. Toutes les têtes chaussées de casquettes jaunes au
rabat jaune sur la nuque. Ils se
déplacent dans le champ de colza, au rythme de leur cueillette. Le chemin de
halage est bordé des touffes de
jonquilles. Quel bouquet pantagruélique ! Et ce jaune Sol Lewitt à
l’infini. « Le Capitaine - pense tout haut
Pilar- a
soigné l’amarre. Il ignorait la venue des enfants de l’orphelinat.
Pilar voit le plan qu’aurait pu
faire Fellini. Il composait ses
séquences comme un tableau et dans tout
film de Federico, il ne manquait pas d’évoquer orphelins ou un orphelinat ». La buse avait ouvert son entreprise aux rats
des champs. Entre les rougeoiements des
iris, elle guettait aussi les poussins des poules d’eau. Le héron au bec
claquetant, impatient dodeline dans la vase de la berge. Il taquine la buse
avec ses prises régulières de gardons et de tanches. Le martin pêcheur au rire sceptique se tâte :
« est-ce bien l’heure déjà de pêcher ?». Pilar est émue par l’offrande matinale de
la nature. Sébastian dans un élan de tendresse virile l’enveloppe contre son
corps dans ses bras. Contemplation. Puis, il chuchote à l’oreille de
Pilar : « sur le sein de cette paix règne la grâce de l’innocence
alors que chacun cherche sa proie. » Bêlements et biquetteries
rejoignent la fanfare des rives. « Quel
réveil mon ami ! Suis-je Femme ou Ondine ? » Sébastian :
« Femme c’est déjà diablement (pause) incommensurable.
Il s’adresse aux chiens qui les collent aux talons : « hum,
hein Laïka, hum batard Billou ! ». Ils battent le plancher de la
gabarre avec leur queue en rythme : « ouah, ouah,
ouaf ! »
8
« Me Amor,
la faim piétine mon estomac. Que
notre Capitaine arrive. Ne
vois-tu rien venir ? ». Le grand échalas trapézoïde taillé comme Burt
Lancaster dans « The swimmer » pédale. A l’avant du vélo : des
paquets d’agapes certainement, sur son sillage, dans la poussière de la
sente de terre et de pierres : une cavalière sur un superbe destrier blanc tacheté de gris.
Sourires complices de Sébastian et de Pilar. Sur la table ronde d’acajou vernis
à la proue de l’embarcation, ils dressent la table. Ça
swingue : porcelaines, cristal, métal , argent. Crépitement de sarments,
éclates de pommes de pin. Le cuivre, les bronzes des cloches des églises du
canton. Sans omettre la chorale : mésanges, bergeronnettes
citronnées, ragondins. Hennissement d’Orion dans la prairie, répons de la voix
orgue de cristal de la cavalière. Soudain le gong vibre Capitaine prononce le mot magique : « à table ». Les
papilles gustatives sont au garde à vous. Le couvercle des plats s’éclipsent.
Poulet de grain aux anguilles grillées
sur un lit de pleurotes des prés, patates sautées à l’ail et persil. Salade de cresson et de
pissenlits, échalotes. Le vin glougloute, rougit le verre. Le partage. « Exulta
té, jouabilité ».
Fin
Auteure Pain.Mangou
reproduction réservée
Là vous avez les oreilles du billou du récit
le corps et plus celui de la première image.
Billou
gros bisous et à demain pour l'instantanée
J'ai lu les deux billets d'un coup !
RépondreSupprimerUn petit régal!
Gros bisous ma Frankie.
Belle soirée
Merci pour ces récits ;-)
RépondreSupprimerBonne soirée
Bizzz Lolo
c'est de la musique Frankie, c'est un ballet, j'entends Stravinski et le sacre du printemps quand je te lis
RépondreSupprimerbises du soir
C'est jubilatoire ma chère Frankie de plonger dans tes mots qui virevoltent et dansent en musique comme le dit si bien Josette ! Il y a des images qui surgissent : entrelacs de souvenirs et de rêves, de joie aussi !
RépondreSupprimerJe t'embrasse bien fort.
merci mes douces cette année çà va décoiffée mon ascète de l'été ma fait beaucoup de bien et je vois un peu mieux la narration et peu un peu plus composé pour les plaisir de mes lecteurs et lectrices et vos témoignages me le confirment
RépondreSupprimermerci de vos commentaires la voie est là... au travail.
bisous