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Le prince amoureux
On raconte qu’un jeune prince se prit d’amour, un jour de pluie, pour une princesse mouillée qu’il avait vue de sa fenêtre chercher un abri de fortune sous une tonnelle fleurie. Il accourut à son secours, il voulut l’entraîner chez lui, mais elle le retint sous l’averse en affirmant qu’il faisait beau. Ses yeux étaient de tels soleils qu’il fut aussitôt convaincu. Ils restèrent blottis ensemble en espérant qu’il plût toujours. Le lendemain, dans le jardin, ils fêtèrent l’anniversaire de leurs premiers mots échangés. Il lui fit un cadeau par jour. Tous les soirs elle pria le Ciel de ne pas dormir de la nuit afin que jamais ne s’efface dans les ténèbres du sommeil le visage de son aimé. Une année ainsi s’écoula avant la mauvaise nouvelle.
Une horde de conquérants aux cheveux en queue de cheval pillait les terres frontalières. Le prince dut coiffer son casque, se vêtir de cuir et de fer. Il promit à sa bien-aimée d’écrire jusqu’à son retour un poème, chaque matin, à la gloire de sa beauté. Il le fit sans manquer un jour. Il revint couronné d’étoiles. L’ennemi brûlait en enfer. Après le bal de la victoire il ôta son manteau brodé, il prit la main de son amie et l’entraîna jusqu’à sa chambre. Il la fit asseoir. Il lui dit :
- Ecoutez ce que j’ai écrit.
De la poche sur sa poitrine il sortit son cahier secret.
A la lueur d’un chandelier il lut un poème après l’autre. Il s’émut des mots qu’il disait. Il répéta plusieurs passages qu’il trouvait joliment troussés.
- N’est-ce pas beau, ma bonne amie ? S’il vous plait, écoutez encore.
Elle baissa la tête et pleura. Il en resta la bouche ouverte.
- Ce n’est pas moi que vous aimez, dit-elle enfin, ce sont vos phrases, c’est l’exaltation qui vous tient, c’est votre cœur quand il s’emballe. Vous êtes amoureux, c’est vrai, mais hélas, pas de moi, de vous.
Il protesta sans grande force, se vit si pauvre qu’il se tut. Il jeta au feu son cahier. Il lui dit qu’il l’aimait assez pour vouloir tout apprendre d’elle. Ce fut ce jour-là, pas un autre, que leur vie commença vraiment.
(Henri Gougaud, Le livre des chemins)
Textes du jour de la blog-woman, phrases : colonne vertébrale, contes, légendes, mots d'humeurs, d'amour, lettres à la mer, recherche de connivence, complicité, ses dessins, ...la jazzeuse des grands chemins et sentes, écrivaine nomade des murmures de la vie intérieure et des happening minimalistes nés au hasard d'un banc public dans un parc aromatique , un abri bus , un train , un marché, les pas perdus d'un aérogare tous les lieux insolites pour une rencontre.
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@ la brodeuse de mots
RépondreSupprimerUn joli conte qui a failli mal finir !
RépondreSupprimerbeau sujet , moi qui écrit sur le printemps en ce moment le ciel est là et grâce à tes ciels il sera encore plus présent c'est impressionnant la richesse qu'offre tous les blogs pour ses travaux
Supprimerje t'embrasse et fais nous pleins de beaux ciels
le ciel de traîne tu dois aussi aimer frankie , françoise dans le civile
oui , tu as vu comme le conte a failli
le problème des personnalités narcissique, fille comme homme ne pas trop de place à l'empathie à part la sienne
dans les contes peut-être
magnifique conte... je pense à une jeune fille que j'ai entendu un jour dire à l'homme qui pretendait l'aimer et lui lisait ce qu'il ecrivrait:
RépondreSupprimer" tu t'ecoutes ecrire" lui avait elle dit.
ce jour là j'ai cru que cette jeune fille avait entrevu le narcissisme de l'homme en question...
merci pour ce conte frankie...
oui n'est-ce pas ?
Supprimerentrevue le narcissisme de l'homme.
oh so beautiful your flor and the ligth
RépondreSupprimerwonderfull and your work about le painter
kiss and tha
J'aime beaucoup Meryl Streep, j'ai l'intention d'aller voir ce film...
RépondreSupprimerJe me suis rendue sur le site de ton ami Henri Gougaud, très riche!
Merci ma belle pour ta visite et tes mots adorables!
Je te souhaite un très bon week-end
J'aime cette écriture de Henri Gougaud ! J'aime aussi énormément la belle Méryl ... pourtant je n'ai aucune envie d'aller voir ce film !
RépondreSupprimerBisous ma chère Frankie !