La gare de Bordeaux, l’ancienne arrivée.
Une femme plantureuse volubile parle avec un homme grand, poitrail en V. Dans un angle une autre femme
en observation de la scène. Celle ci est très sèche, brune et sel. Elle se
dirige vers la rousse quand l’homme s’échappe d’Elle. Embrassade chaleureuse,
éclats de rires. Le caddy voyageur est emporté par « l’attendeuse ».
La deux chevaux avait trouvé place juste
à l’entrée.
Aussi tôt chargée, le pont de Pierre est pris, une oblique vers la Benauge et direction Castillon la Bataille.
Ces deux femmes aussi différentes que le jour, la nuit, elles portent le même prénom
Constance.
La bordelaise avec un accent assez prononcé
dit : « tu poses le pied à Bordeaux et d’emblée un homme t’accueille ! »
-
J’avoue qu’il
est charmant, serviable, il porte même à certain moment la grâce. Et s’il fut dans mon écurie avant mon départ
pour la capitale
-
pourquoi tu
ne me l’as pas prêté celui là ?
-
J’avais des
chasses gardées, je prêtais simplement mes compléments alimentaires.
-
Et tu as
pécho, un rendez vous ?
-
J’aurai bien
voulu. Il s’est marié et çà : je ne touche pas. Il me portait une belle
entrecôte de son élevage pour cuire sur
les sarments dans ta cheminée.
-
Ah !
j’ai l’impression que je sors de table tellement ce réveillon était
interminable avec des tables baignant de sauces de légumes de toutes tailles et
couleurs et ce brochet ce saumon, ses pintadeaux au cul farci de cèpes et de
morilles et la même abondance côté dessert et t’as l’intention de manger dans mon lieu dit ?
-
Un Réveillon
seule : c’est frugale, mystique. Je me suis réservée pour ce Partage. J’ai
commandé cette Viande, Louis mon ami de l’ile aux oiseaux m’a porté une
bourriche d’huitres japonaises. C’est tout.
-
C’est trop,
tu n’as pas oublié en plus que depuis notre voyage en Finlande en stop : je
ne supporte pas de te voir manger. Te voir manger me rend anorexique. T’as vue
ma sécheresse ?
-
Constance, ma
bordelaise, ta nature est ainsi, tu as l’énergie d’un dragon, tu nous
enterreras tous.
-
Tu nous
ramènes le bluze de Paris ?
-
Ne pouvoir
partager le repas avec toi dont je me fais une fête depuis un mois drainent très
vite vers la surface mes pulsions de mort. Déjà qu’une nuit de Noël avec
simplement ta volonté d’être joyeuse. Un Paris Bordeaux vide comme un wagon allant aux enfers. J’ai
trop faim. T’iras te promener dans les vignes et nous nous retrouverons pour le
café. Je ferai l’effort de supporter ta
cigarette.
-
J’aurai du
penser que te donnant un rendez vous le
jour de Noël, tu ne serais pas comme tout le monde.
-
C’est bien ce
qui t’attires en moi : l’improbable devenu possible.
Constance de Paris regarde son amie,
elle sourie de la voir crispée en avance
sur sa rythmique habituelle. Elle retenait ses vacheries par la queue, Constance
de Paris sentait que cette journée là serait avec la Grande
« Pique Boudique » (dans la région se dit des poules qui mangent les
vers de terre , c’est aussi une caractéristique à certains humains.) Elle ne
la lâchait pas du regard, jamais elle n’était piquante au début du séjour seulement
au bout du quatrième jour. Il lui fallait ce temps là pour monter en pression.
Constance de Paris malgré son manque de
paysages dans sa ville d’exil, elle ne
pouvait s’abandonner à son défilé : terre, bosquet, .Déjà,
elle s’octroierait une pose où elle s’adonnerait à ses plaisirs de bonne bouche,
sans son amie dans les pattes , avec ses ergots de coq de combat.
Le silence s’installe dans la
carlingue antique, le bruit de ses
pièces frôlassent et cependant tiennent : on ignore de quel Dieu cela vient.
La Dordogne du pont de
Castillon est langoureuse elle appelle
comme à Ophélie ou à Virginia. Quelles épousailles !Là Constance se pâme. Les larmes sont à l’assaut de ses
joues.
L’accent de Bordeaux la secoue :
tu ne pourrais pas jouir qu’en toi, faut toujours que tu fasses profiter les
autres de tout.
-
Constance
s’il te plait, dépose hors de moi ta
chape de plomb. De quoi souffres tu pour ne pas t’offrir le plaisir donné à ta
retenue et porter ton glaive comme tu
aimes le faire beaucoup plus tard ?
-
Comment tu
sais ?
-
Nous sommes
en trêve de Noël et je t’aime. Laisse-moi encore gouter à notre amitié avant
que la destructrice prenne le dessus et broie tout. Ca ne m’appartient pas, c’est juste une économie envers les tiens : les premier jets de ta vie. tu les épargnes. Etre bouc çà
suffit. Je suis de l’autre génération.
-
Pensez
l’autre c’est un viol.
-
Tu l’as
cherché . Quand on me charge, je cherche pour qui je prends. Allons prendre un
café sur le bord de cette si belle Dame
dans son débordement d’hiver .Je ne veux pas que tu conduises avec cette
charge de taureau après les banderilles. Mais quelles banderilles ?
-
Tu crois que
c’est agréable, tu débarques à Bordeaux et tu m’imposes la vision de toi avec
un homme parlant en catimini, moi que les hommes ne regardent pas. Je vis avec Raymond,
c’est le seul homme qui m’a proposé d’avoir des enfants et j’ai eu peur que
cela ne se reproduise jamais plus.
-
L’homme a des
antennes plus grandes que nous. Il a un morceau à sauver. Ton corps pour eux
est parfait, léger pas trop d’effort, pas de perte en marche d’approche. Mais il y a dans un angle quelque chose comme le
petit appareil que l’on se sert pour circoncire le blanc des œufs à la coque. Moi la « cucul » la praline
romantique, j’ai mis du temps à voir à
mes dépens. Cà les fascinent, les terrifient : c’est vous qu’ils épousent, Moi l’éternelle Déesse des sleepings d'Orient -Express.
-
Prends moi dans tes bras, j’ai froid. Vite
qu’on arrive à la maison que le feu
crépite j’ai mal, j’ai mal partout. Une herse
m’est passée à l’intérieur.
-
Arrête-toi,
je prends le volant.
La voiture se gare
Constance de Paris tend ses bras dodues
et les entourent enveloppant sa
Constance. Elle la berce. Constance de Bordeaux éclate en sanglot, en flot de sanglots. La parisienne
d’exil prend les plaides de la voiture
pour envelopper son amie. Elle lui donne des gouttes de Reskiou qu’elle a
toujours dans son sac. La voiture démarre . 15 ans sans conduire si çà revient
bien au bout de quelques kilomètres, au
début la voiture est en allergie d’acariens , cela ne cesse de tousser.
Accent de
Bordeaux : j’ai honte Constance, j’ai honte.
- Sers toi contre moi, chavire toi comme ca vient, à part tes coups de flèche sadique à la fin, c’est difficile d’avoir confiance
en soi même si tu es la plus douée de la classe etc.… Il n’y a rien en toi qui
implique ce mot… Rien.
Le petit chemin après Radegonde, la pierre dorée
des maisons, des corps de ferme ou propriétés vinicoles, les ceps de vigne en pelotons
d’armée bien taillés. Le lieu dit : les quelques maisons, les poules, coqs
, oies dindons , canards en vrac sur le chemin le chien "taillot" du voisin. C’est la
fanfare municipale, l’accueil fraternel.
La petite maison au sol de terre battue, la grande
cheminée attendant ses pommes de pins et le petit bois. La flamme est belle, ce
jour de Noël là. Le grill est posé dans
l’angle. Qu’il réchauffe avant la saisie !
Constance la maitresse des lieux dit : je mets
deux assiettes.
-si l’appétit est là, je t’en prie autrement allonges toi sur la méridienne et laisses
toi porter par les ronrons du feu. Tu m’as tant manqué. Paris sans personne
avec qui conversait. Heureusement après avoir joué « La société de chasse »de
Thomas Bernhard je ne pouvais plus écrire pareil, j’ai cherché les arcanes de
la littérature, je cherche encore.
L’odeur de la blonde d’Aquitaine sur les sarments
de vignes révèle toute sa carnation.
Un petit " émietti "d’échalotes
grises pour mieux la savourer.
- Je te sers ?
-
Non, je
m’assois avec toi. En face de toi.
un long silence s'installe Constance l'exilée de ta terre d'aquitaine savoure au plus discret possible. Sa bouche a des petits cris de délices . plus elle reteint la saveur et le plaisir de cette viande l'envahit de partout et soudain, l'amie de Bordeaux d'un bon
- je dois te le dire.
un long silence s'installe Constance l'exilée de ta terre d'aquitaine savoure au plus discret possible. Sa bouche a des petits cris de délices . plus elle reteint la saveur et le plaisir de cette viande l'envahit de partout et soudain, l'amie de Bordeaux d'un bon
- je dois te le dire.
-
L’accent de
Bordeaux, j’étais souvent baigné d’un sentiment de honte, je produisais même
des actes honteux comme pour fournir un vide de ce quelque chose qui sans se
nommait roder partout où j’allais et hier avec toute la famille les enfants et
les petits enfants . A un moment je suis allée dans
la bibliothèque à papa m’échappant de
tous tant j’étouffais
et allant de livre en livre
les ouvrant et reposant j’ai
trouvé une vielle photo, mon père avec un brassard et à l’arrière
plan un train de la honte eux dedans n'allaient plus revenir. Je
suis comme Thomas Bernhard envers son pays
à part que moi ce sont mes parents. Je viens juste de comprendre.
Pardon de ce que j’ai pu t’infliger à certains moments, pardon à l’homme que j’ai pris uniquement pour avoir des enfants.
Pardon de ce que j’ai pu t’infliger à certains moments, pardon à l’homme que j’ai pris uniquement pour avoir des enfants.
- Chute doucement,
maintenant, il va te falloir aller en
parler pour quitter la confusion dans
laquelle ce secret a agi depuis toujours sur ta famille. Ce n’est pas toi. Un
jour tu trouveras la distance et la paix. Je crois au pouvoir de la parole. Et
tes parents aujourd’hui s’ils militent à Amnistie Internationale ils ont
compris et cherchent leur rédemption.
-
J’ai faim Constance,j’ai faim, j’ai faim.. Et les huitres japonaises ?
Fin
de Françoise Frankie Pain La Mangou
sous la direction de Julie Desf. avant la correction
j'adore avoir votre navigation dans vos mots je remettrai quand les choses seront avancées et le titre trouver...
belle lecture
je vous embrasse
Quelle densité Frankie...Constance et Constance, Docteur Jekyll et Mister Hyde...c'est violent cette nouvelle, ça transperce le coeur.
RépondreSupprimerje t'embrasse
et pourtant j'ai tiré le trait au mieux vers le haut. merci de l'avoir lu. j'y ai fait qulesues corrections depuis ta lecture mais au sens rien n'a changé à tout bienttôt
RépondreSupprimerUne double identité, intéressante nouvelle.
RépondreSupprimerDouble identité ou personnalité double ? Et le secret... "Ce qui n'est pas dit n'existe pas" disait J. Lacan, comme c'est vrai n'est-ce pas ? Cette nouvelle est dense, à lectures multiples, c'est formidable et profond à lire. Merci de nous faire partager votre univers et tout votre talent... Je vous embrasse.
RépondreSupprimerle père Lacan m'étonnera toujours. je ne savais pas qu'il pratiquait le dénis tellement antinomique avec les raisons du chemin qui nous font prendre la voie de la psychanalyse. merci pour Garance et de votre petite photo et bien venue parmi nous. si vous avez envie de faire parvenir un de vos textes en attendant que vous ayez un blog bien venue sur ce blog
Supprimerbelle journée
J'étais passée ce matin mais un peu pressée pour laisser un commentaire.
RépondreSupprimerTa nouvelle (ce genre te vas très bien) n'avait pas de titre, celui que tu lui as trouvé lui va comme un gant.
Deux corps pour une seule âme ou bien est-ce l'inverse ?
Comme un miroir qui ne rendrai que l'esprit de l'autre !
C'est très fort un peu comme le mythe de Faust, le Portrait de Dorian Gray ou la Peau de Chagrin.
D'où le rôle très important des "influences" dans le destin d'une femme.
Mais à part ça, j'aurai bien partagé cette côte de bœuf aux échalotes cuite au feu de bois. Miam !
Je t'embrasse très fort ma Frankie.
Belle soirée
merci chéres lectrices, de vous étes attardées avec ses deux dames au même prénom je vais faire quelques nmodification pas grand chose pour la fin plus de lisibilité et merci du retour c'est cette nouvelle que je n'arrivais pas à coucher qui me prenait entre autre la tête sur d'autres écrit dont notre cher instantanées et bien sur partager cette belle cotre de blonde d'aqutazine aus sarments et échalotte avec un bon pommerol du coin
RépondreSupprimerbelle grand e journée
le soleil est là...