La clairière primitive
Quand elle part vers le
bois de Benno, la jeune femme devient animale. Son nez devient museau flaire. Ses pieds s’enfoncent profondément à
devenir ventouse de poulpe sur la terre. Chaque arbre elle les salue comme des
potes. Elle porte dans son cœur la lourdeur de la solitude crée de sa
différence qui l’élimine à de nombreuses associations de péquins, pékinois… la
nature l’abreuve, la panse. Elle y puise son amour inconditionnel à la vie
grâce à cela, elle est encore à nos jours dans son éternelle beauté , si
quelques rides on choisit d’illuminer son visage, ce sont celles de
l’expression qui lui vaudra souvent de la part des langues naturelles à la truffe de curare de dire d’elle :
« la Soupe au lait ».
Elle cherche l’arbre
qui inspirera sa désaltération du jour. Elle y grimpera, reniflera ses essences , vibrera
aux chants des oiseaux qu’il héberge,
s’amusera du kaléidoscope de la lumière et
de l’ombre à chaque coup de vent
dans les frondaisons. Dans un califourchon au cœur de l’arbre où elle est
capable d’y passer le crépuscule, la nuit, attendre l’arrivée de la princesse
Aurore…..
A la frontière de la
clairière au croissement des routes
celle venant de Benno et « le » grand route de Saint Niort, à la Rochelle. Le chêne centenaire l’inspire. Quand
sa destination est la forêt, elle prend dans un coin du chai, la ceinture
qu’elle s’est confectionnée avec des lais de sacs de guano sur le modèle des
grimpeurs aux palmiers dattiers.
Elle va escalader le
tronc glissant la ceinture au fur et à mesure de ses pas, se caller en son cœur
point désaltérant de toutes les branches. Nid douillet comme si elle se réinstallait
dans le ventre de sa mère. Elle entendra les bruits de l’arbre comme ceux si
mouvementés aux deux voix masculines qui la berça en son giron.
Dans le bruit de
chouettes et quels autres oiseaux de nuit, chauves souris, elle assista dans
une brume à une scène. Un palimpseste ? Est-ce un rêve, un souvenir qui
lui remontait de la nuit des temps où elle errait dans les limbes pour trouver sa matrice pour naitre.
De Benno un homme très
sombre marchait la voix encore épris des dernières mélodies qu’il avait
chanté avec la chora qu’il portait sur
son dos . De l’épaisse forêt une femme fulminait de rage et de colère. Quand
elle aperçut l’homme, elle fonça sur lui comme les furies de l’antiquité, ses
amazones de la fête des roses qui se jetaient sur les soldats grecs pour se
faire engrosser. Ce fut comme la rencontre de Penthésilée et d’Achille*.
L’homme connaissait cette femme : c’était la femme de son ami déporté
comme lui. Evadés ensemble. Il ne pouvait s’accorder cette frénésie de chair. La
flamme femme incendiait le centre de la clairière. La dame ne supportant pas le
refus se jeta sur l’homme, elle lui
souleva sa robe de fête, le libéra de son chiffon protecteur de gonades,
le branla de lianes et de sa chevelure de crans coiffés. Elle s’affala sur son pinacle, l’étourdi de ses va et vient endiablés L’aurore
se fit entendre par l’éveil .
des oiseaux en ce début avril : quelques éclosions dans les nids égaillaient
la forêt. La
femme heureuse de la semence ainsi perçue partit en hurlant ; « je
suis vengée, vengée vengée ».
*Penthésilée
d’Heinrich Von Kleist
L’homme pria, demanda
pardon aux anciens d’avoir donné le dessus
à un sacrilège de leur loi
fraternelle : « jamais on ne touche à la femme de son ami ». Il
n’osait prononcer le mot mais un viol avait été commis. Cette femme était très
colérique et quand les choses lui résistaient, elle était capable de tout pour
avoir raison. Sa raison, il lui arrivait de la perdre comme à cet instant là.
Soudjata savait que dés qu’il trouverait son ami, il lui parlerait de cette
affaire et ils trouveraient ensemble la solution au plan diabolique qu’elle
s’était mis dans la tête, la femelle à l’ami.
Il se mit à la chora ,
chanta la trahison. La tristesse dans une mélopée en bémol mais la tonicité fit
vite son pli, il accueillait Aurore. Elle
était la bienvenue, elle prononçait ces
mots : « La
vie est une symphonie de Mahler elle ne revient jamais en arrière et ne retombe
jamais sur ses pieds » Mathias Enard
.
De Frankie Map’s
Monde
Droits
réserves
sous la direction artistique de Frankie Pain
Le dernier atelier d’écriture de
l’année
épique et innoubliable
un autre texte vient
le chapitre 10
de "La plage de la Couarde en Ré"
chez la diablesse
foto frankie
Complètement embarquée, une fois encore! Merci!
RépondreSupprimerBonjour chère Frankie,
RépondreSupprimer« Quand elle part vers le bois de Benno, la jeune femme devient animale » : un petit tour du côté des Métamorphoses d’Ovide ? En tout cas, vous nous offrez une description captivante de cette femme qui devient un être dont la sensibilité est décentrée de l’humain et qui « reprend naissance » dans la forêt : votre héroïne est alors un animal juché sur un arbre, qui peu à peu fait corps avec lui, et qui voit se lever le jour comme un premier matin du monde. A l’opposé de Grégor, le cloporte de Kafka qui ne se soucie que de se lever pour aller travailler, la métamorphose de votre héroïne s’accompagne de perceptions et de sensations radicalement nouvelles.
Reste que j’aimerais que cette femme devenue animale soit autre chose qu’une Furie – encore que sa manière d’agresser les hommes laisse place à quelque fantasme bien chaud…
Je vous embrasse, chère Frankie
Jean-Pierre
P.S. Excellente citation de Mathias Enard : j’en ferai mon miel un jour prochain.
Quelle fulgurance Franckie dans cette "animalité"
RépondreSupprimercomme Gine je suis embarquée !
pour jean pierre elle assiste .
RépondreSupprimermerci Gine Josette et jean pierre
La femme, plus que l'homme, peut se fondre dans tous les éléments de l’environnement avec une animalité naturelle.
RépondreSupprimerDramatiquement beau ! J'aime beaucoup l'idée que vie est une symphonie de Mahler !!! Une belle journée pour toi !
RépondreSupprimerC'est du très beau travail cet atelier. Amicales bises.
RépondreSupprimermerci du voyage à la clairière des origines
RépondreSupprimerfrancis lautard
RépondreSupprimerDe la clairière des mots à la clairière primitive....
françoise marga bannward
Merci pour cette chevauchée fantastique où les mots resonnaient sur la musique de Malher au diapason des maux au plus profond du cœur de cette femme animale
Quel élégance de style, quelle beauté!
Merci pour cet ensaignement
d'Olivier dentier
RépondreSupprimerC'est beau et fluide puisé à la source, au sang de l'animal. Quelle patte velours et griffu a cette auteure à hauteur d'arbre sexagénaire !
Douceur fureur douceur ; tu parles de symphonie, eh bien tu arrives là à composer une succession de mouvements qui remuent les sangs (les sens) et tiennent en suspens le cœur du lecteur melomane que je suis. Tu devrais, je le crois, t'associer à un compositeur de talent pour tissage de liens vibratoires à te renvoyer l'humanité à son aurore primate.