DÉSIR.
Ah ! si je pouvais trouver une issue à cette vallée profonde, sur laquelle pèse un froid nuage, oh ! que je serais heureux ! Là-bas j’apercevrais les belles collines toujours riantes et toujours vertes. Que n’ai-je des ailes pour m’élancer vers ces collines !
J’entends résonner les douces harmonies du ciel, et des vents légers m’apportent des parfums balsamiques. Je vois briller des fruits d’or sous un épais feuillage, et les fleurs qui s’épanouissent là ne seront la proie d’aucun hiver.
Oh ! qu’il doit être doux de vivre à cet éternel rayon de soleil ! que l’air de ces collines doit être rafraîchissant ! Mais un torrent fougueux me sépare de cette contrée, et la fureur des vagues épouvante mon âme.
Je vois une nacelle se balancer sur l’onde ; mais, hélas ! je ne vois point de batelier. Allons, courage ! n’hésitons pas, les voiles sont enflées ; il faut croire, il faut oser, sans attendre l’assurance des Dieux. Le miracle seul peut te porter dans la terre du miracle.
LE GANT.
Devant l’arène où les lions doivent combattre est assis le roi Franz. Autour de lui sont les grands personnages de l’Empire, et sur des balcons élevés les dames forment une brillante guirlande.
Le roi fait un signe: la retraite des animaux terribles s’ouvre; un lion s’avance à pas lents, promène silencieusement ses regards autour de lui, ouvre la gueule, secoue sa crinière et s’étend sur le sol.
Le roi fait un second signe: une autre porte s’ouvre, un tigre sauvage sort par un bond impétueux. À l’aspect du lion il mugit, agite sa queue, allonge sa langue, tourne autour du lion en poussant un sombre murmure, puis s’étend à ses côtés.
Le roi fait encore un signe: alors la tanière vomit à la fois deux léopards qui s’élancent avec ardeur sur le tigre. Celui-ci les saisit dans ses griffes puissantes: le lion se lève en mugissant, puis il se fait un grand silence, et les léopards s’étendent sur le sol altéré de sang.
Friedrich Schiller
Rembrandt
expo au Louvre
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