mardi 23 juin 2009

Sur la route de la leçon de la rivière de Nicolas Bouvier

LA poésie quelques phrases à son sujet
Le chant vert du loriot ne sait rien du silence "
Le dehors et le dedans

"La poésie n'est pas un attelage que l'on mène à sa guise mais plutôt la soudaine, imprévisible éclosion de bulles de champagne. Elle m'est plus nécessaire que la prose parce qu'elle est extrêmement directe, brutale c'est du full contact! "

"Je ne pars jamais des mots pour aller aux choses, toujours l'inverse. Un travail d'établi... trouver le mot qui rende justice à une sensation forte, originelle - donc partageable avec chacun - une sensation dont le cœur bat encore. "

"Même dans un poème achevé, il doit rester un petit noyau d'obscurité, deux ou trois mots dont on n'a pas percé le sens, sans quoi il n'y a pas de lecture aveuglante. "

"Il existe des couples de mots comme des particules lourdes, quelque chose qui transcende non pas le quotidien (car il est poétique) mais balaie les catégories qui régissent le quotidien, et sont comme des tiroirs où fourrer ce qu'on gère mal, sûr que ça ne bougera plus, sûr que les fantômes ne ressortiront plus la nuit... "
"La poésie fait irruption, c'est un mauvais rôdeur, un cambrioleur. Si vous recevez le monde de plein fouet, ça dérange et en même temps ça ravit. Ça a l'air contradictoire, mais pas du tout: il y a le choc et il y a le ravissement (au sens étymologique). On est enlevé comme des voyageurs par les brigands".

"Incitation à la brièveté: dire bonjour, lancer un gros caillou et se barrer. C'est ce que la vie vous fait sans cesse - à chacun d'en tirer une leçon, si jamais il y en a une."

"Une autre fonction de la poésie, c'est la conjuration, l'exorcisme. On l'utilise pour tâcher de faire face, de tenir à distance une menace, comme des mantras indiennes. "

"En compagnie, se lever tout à coup, et dire, simplement dire, un poème - comme une poire mûre qui tombe. C'est ainsi que la poésie doit être utilisée, sans prétention littéraire ni salonnarde. Un usage encore fréquent dans les pays de poésie; au Japon, si vous commencez à réciter un haïku, il y a de bonnes chances que les paysans sachent la deuxième et la troisième ligne. Et en Iran, les poèmes soufiques que les paysans illettrés connaissent, voilà qui remet l'église au milieu du village."

"Les grands musiciens allemands ont posé leur musique sur des poèmes sortis des auberges. Les "Lieder eines fahrenden Gesellen" sont des chants de compagnons qui se retrouvaient à la pinte. Pas de la culture professorale: c'était de souche, et partageable. "

"Je préfère la poésie qu'on peut chanter. Il y a des couples admirables, Ferré/Aragon, c'est sublime. En France, la poésie s'est réfugiée là, loin de cette poésie exsangue, un peu blanche, des écoles littéraires. Brassens, Barbara, les Frères Jacques, ces chansons sont de purs chefs-d'œuvre. "Général à vendre", je peux vous le réciter, et ça peut se chanter aussi! Pas les vers de Lamartine. Liée au chant,à la scansion, la poésie n'est pas prisonnière du signe écrit. "

"Le poète iranien Hafiz - ou est-ce Nizami? - résume tout en une phrase: "Si le sage ignore encore les secrets de ce monde, je me demande de qui le cabaretier peut les avoir appris."

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