René Char Quelques poésie dans le coeur allangui deans les brumes éparses
Pyrénées
in "Commune présence"
Montagne des grands abusés,
Au sommet de vos tours fiévreuses
Faiblit la dernière clarté.
Rien que le vide et l'avalanche,
La détresse et le regret!
Tous ces troubadours mal-aimés
Ont vu blanchir dans un été
Leur doux royaume pessimiste.
Ah! la neige est inéxorable
Qui aime qu'on souffre à ses pieds,
Qui veut que l'on meure glacé
Quand on a vécu dans les sables.
René Char
J'habite une douleur
Le poème pulvérisé
(1945-1947)
Ne laisse pas le soin de gouverner ton coeur à ces tendresses parentes de l'automne
auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie. L'oeil est précoce
à se plisser. La souffrance connaît peu de mots. Préfère te coucher sans fardeau:
tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger. Tu rêveras que ta maison n'a plus
de vitres. Tu es impatient de t'unir au vent, au vent qui parcourt une année en
une nuit. D'autres chanteront l'incorporation mélodieuse, les chairs qui ne
personnifient plus que la sorcellerie du sablier. Tu condamneras la gratitude
qui se répète. Plus tard, on t'identifiera à quelque géant désagrégé, seigneur
de l'impossible.
Pourtant.
Tu n'as fait qu'augmenter le poids de ta nuit. Tu es retourné à la pêche
aux murailles, à la canicule sans été. Tu es furieux contre ton amour au
centre d'une entente qui s'affole. Songe à la maison parfaite que tu ne
verras jamais monter. A quand la récolte de l'abîme? Mais tu as crevé les
yeux du lion. Tu crois voir passer la beauté au-dessus des lavandes noires...
Qu'est-ce qui t'a hissé, une fois encore, un peu plus haut, sans te convaincre?
Il n'y a pas de siège pur.
René Char
l'orage au printemps rené char
Le Marteau sans maître, 1934
Commune présence
Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.
Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.
René Char
la complainte du lézard amoureux
pour commune présence Magritte
Merci Frankie de ces jolis mots :-)
RépondreSupprimerBonne journée
Bizzz Lolo
http://ptitesphotosdelolo.blogspot.fr/
Je connais mal René Char, mais chaque fois je suis touchée. Merci!
RépondreSupprimerFine way of explaining, and pleasant post to
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