dimanche 17 mars 2013

L’élan du crayon sur la grande page de Françoise de la Mangou

pour votre lundi



L’élan
Du crayon sur la grande page


La robe dans la transparence de la fleur de bougainvilliers,
 Rose carminé,
Les  venelles de  la chlorophylle.

La grâce de ses  bras nous faisant découvrir
Le plafond de la chapelle Sixtine.

Le professeur d’art plastique
Nous parlent d’anatomie sous l’étoffe des dieux.

C’est encore impalpable pour France
Cette spécialité pour laquelle elle se  voue.
Elle  devait apprendre les os sous la chair,
Les vicaires sous la peau,
Le cœur dans sa cage
La cage qui gonfle ou se rétrécit
 Avec apnée - pas apnée.

Devant le chevalet
La France crayon suspendu
 Aux lèvres de Béatrice,
 Elle écoute.


 La voix, rien que la voix
 Est le bruit du ruisseau au printemps
 Quand il caresse les violettes
Le cresson , les primevères.
Des boutons d’or aquatiques.

Aller au delà de la musique les mots,
Comment faire ?
Chaque mot, c’est l’arrivée d’un col en montagne
Découvrir un paysage   dans l’azur
 Ou sous la coupe melba de nuages.

France était sans trait 
de son crayon sur la grande page.
Sans coup de crayon.
Du crayon au chevalet
 C’était le tour du monde
En 40 jours de Jules Verne,
 Écrit par Cocteau
Et Annajo.


Béatrice sur chaque chose leur  faisait
 Palper, palpiter le merveilleux
Elles leur décelaient
 Le goût des jardins sur les choses,

Elle leur disait:
"l’essentiel de s’en rappeler
Quand elles auraient un agonisant
 Sur leur table de travail
L’essence de l’être,
Le parfum de l’être".

Béatrice était dans la vie à l’envers
De tous les professeurs
Qu’elle avait rencontrés jusque là.

Elle hyperactive tous leurs  sens ,
France n’aurait jamais imaginé en avoir autant
Et çà la régalait.
Tous ses points de vue ,
 Points de fuites
De son horizon
S’agrandissaient considérablement.

Et en France  psalmodiait
 Des orgues de cristal ,
Des balafons, des tambours royaux
 , des choras, 
Des pianos à queue , un stradivarius.

En Béatrice elle  voyait l’envol
 Sur tout
Tout  étant fleur - parfum
France métamorphosée abeille et bourdon
Besogneur, baigneur de la Reine
Cette Femme Fleur était son professeur d’art plastique
 Programme force majeure :
 Le découvert et le désir d’anatomie chez  ses élèves
 Qui allaient devenir   les spécialistes
 Diagnostiques en d’imageries.


France n’a jamais su son prénom.
 Elle l’appelle pour cet écrit Béatrice
 Comme l’héroïne  de la divine comédie de Dante.

Elle entrait dans son atelier
Comme dans une église romane.
Son déplacement dans les allées  des chevalets
 Était le parvis de l’entrée de la chapelle
Avec toutes les figures représentées.

Le mouvement du corps et des tissus de Béatrice
 Étaient comme une brise légère.
Un  conte de brises.

Dans ce zéphyr
 France entendait les contes de sa douce enfance
De la bouche à son oreille
 De sa chère Marie Louise : la mémé .
Pansements l’une et l’autre des taillades de l’ardoise
Cri.

La grimace de ses trimestres à l’internat
Sans rentrer à la casbah
Où personne ne l’attendait.
Et "ces" copines de classe qui ne parlaient
 Que de leur weekend end 
 De celui passé et celui à venir
Elles n’avaient que çà en bouche
 Comme un vieux chewing-gum que l’on se refile.

Parcours d’obstacles en terrasse
Dans la façon d’une pâte feuilletée
de la tourte landaise.

Dans la fragrance de Béatrice ,
Ce terroir de douleur se réduisait
Comme un fond de veau dans la casserole avant un glaçage.



Le professeur savait
 Que France ne posait
Trait sur page.
Elle connaissait l’implication de France dans ses études.
Le silence du trait
Etait dans son corps
Matrice , chanson des futurs qui en émaneraient.

Au delà du trait
Visage, yeux déversée des moissons
D’impalpables sensations
Aussi volubiles que le jeu du kaléidoscope.

Oreilles, narines
Étaient champ de regain
 Avant la fauche.

Ses hanches ondulaient
Comme la truite dans le courant d’une eau de torrent
 Quand elle passe sous le pont
 Glisse dans les mousses.

Chaque détail se déposait aux nœuds d’elle
Nids d’elle
France, hirondelle annonçait le soleil d’été,
Dans la classe.




Quand Béatrice arrivait au niveau de son chevalet
France  affolée tentait « béguète » une explication,
Avec larmes dégoulinantes grosses
sur ses belles joues
Rougies.
Le professeur mettait le doigt sur ses lèvres
Chut, chut
Et avec un immense sourire encourageant
Dans un mouvement de mains de chef d’orchestre
 Lors d’un pianissimo et d’un étirement d’un légato
Une invitation  à tisser tous ses fils
Dont France étaient dépassée par la maitrise.




Béatrice appartenait
 Au grand mouvement de pédagogie du début du 20éme siècle
Freinet, Montessori et autres
Une chance pour France.

France avait 20 points
De plus de la  moyenne des autres.
 En anatomie à la fin de l’année.

Le dernier cours
France offrit un tableau à Béatrice
Avec plusieurs figures de la chapelle Sixtine
Les drapées des corps en charge et en action.

Avec en dédicace,
«  Merci de ce plus de Vie que vous m’avez offert à jamais. »

La deuxième et troisième année
France peignit dans l’atelier de Béatrice ,
 elle profita de ses corrections:
 la perspective n’était son fort.

Elle fut majore de sa promo et eut son bac avec mention.
et son emploie dans le grand hôpital régional de Bordeaux
un an de stagiaire 
et le diplôme d'état. 

de Françoise de la Mangou
Frankie Pain est l'actrice


pour l'exposition de Fabrice Lassor en mai 
2013 à Bordeaux

en gestation




 

19 commentaires:

  1. Que la musique des mots conduise sur les chemin de la peinture est de la magie pure...comme la vie...:-))
    Bisous Frankie

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  2. fabrice lassor
    Merci ma jolie Frankie, mais cette expo ne dépend pas de moi, c'est une expo collective sur la photographie et tel que je les connais ça ne marchera pas, tout le monde n'est pas si ouvert que nous. Par contre tu sais que j'adore ta façon d'écrire et de les conter, nous pourrions prévoir ça pour une expo perso avec grand plaisirs,
    j'ai apprécié la lecture et les photos un soupçon coquines
    je t'embrasse bien fort
    Fabrice

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  3. On ne s'en lasse pas... le texte pourrait ainsi continuer dans sa propre musique, avec ses illuminations, ses images furtives, ses éclats de souvenirs et ses sourires. Merci, ce lundi commence très bien! Bonne journée à toi aussi, Frankie!

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  4. Quand ton crayon s'élance ainsi sur la grande plage blanche, il fait des merveilles. Ton texte est aussi beau que les illustrations . Un moment de poésie, d'esthétisme et de grandeur d'âme. Merci Frankie.

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  5. Belle image que cette découverte des fresques de Michel-Ange et de la Création d’Adam : la peau sous le tissu, les os sous la peau.
    Seulement voilà : et Eve dans tout ça ? Comment- a-t-on représenté sa création ? avouez que vous n’en savez rien sauf si vous avez lu Daniel Arasse (« Le sujet dans le tableau » (Champs-art), ch. 5) ou alors mon excellllent Blog (ici : http://citationdujour.blogspot.fr/2009/12/citation-du-29-decembre-2009.html)
    Les féministes ont encore du pain sur la planche pour mettre à niveau Eve par rapport Adam … et à Dieu.
    Je vous embrasse chère Françoise
    Jean-Pierre
    P.S. Dites-donc, j'ai la berlue ou bien Adam a effectivement une splendide érection ?

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  6. Superbe !!
    Bonne journée :-)
    Bizzz Lolo

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  7. Belle présentation pour ces magnifiques peintures. Bon début de semaine.

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  8. la peinture est le début de tout!!
    j'ai sautillé des yeux en te voyant dans "Amélie P " , zappant juste au bon moment!!
    Ayant vu ce film il y a longtemps, du temps avant les blogs, je n'avais pas en tête que tu y étais, alors ce fut une petite fleur de clin d’œil!

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  9. annajo

    et j'ai
    dégusté l'élan de ton stylo à travers celui du crayon de France.

    Tous les sens sont à l'honneur, et comme d'habitude, beaucoup de
    subtilité dans tes peintures métaphoriques.

    .......
    Tendres bises et merci pour ce joli hommage dans ton texte!

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