mercredi 23 décembre 2009

"Ne pas avoir (pour) deux sous de jugeote »



"deux beaux sous de jugeote"

Manquer sérieusement de bon sens, de discernement
Ne pas être très intelligent


On trouve le mot 'jugeote' pour le première fois en 1871 dans la correspondance de Gustave Flaubert[1].
Tout comme on peut dire 'tremblote' pour 'tremblement', Flaubert est parti du mot 'jugement' dont il a remplacé la fin par le suffixe diminutif '-ote'[2].

Le jugement, c'est ici, comme nous dit le Robert : « la faculté de l'esprit permettant de juger (plus ou moins bien) des choses qui ne font pas l'objet d'une connaissance immédiate certaine, ni d'une démonstration rigoureuse », faculté qu'on associe généralement à l'intelligence ou à la capacité de raisonnement.
Au point que quand on dit de quelqu'un qu'il n'a pas de jugeote, c'est plus souvent pour dire qu'il est un imbécile.

Alors dire d'une personne qu'elle n'a pas (pour) deux sous de jugeote, c'est affirmer qu'elle en a tellement peu que, si on devait payer pour l'obtenir, on n'en donnerait même pas deux misérables sous (le 'pour' actuellement souvent escamoté introduit la somme qu'on serait prêt à débourser 'pour' cette chose, tout comme vous pourriez dire à votre poissonnier, par exemple, "mettez-moi pour 215,27 euros de pétoncles").

[1] Mais le mot 'jugeoteur', tombé dans l'oubli, a été utilisé à partir de 1845. Il désignait une personne qui s'autorisait à avoir un jugement sur tout sans avoir pour autant les connaissances ou compétences nécessaires.

[2] Non, compote, bergamote, rebelote, homozygote, capote et chypriote ne sont pas construits de la même manière !

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