Il est atroce de camper dans un être et fou de s'y installer,
sachant qu'on en sera délogé.
[ Jean Rostand ]
L'homme moderne ne supporte plus aucune contrainte, plus aucun
partage, plus aucune perte. Cette course effrénée, souvent pour des raisons
économiques, risque de le conduire à sa perte.
La bête du Gévaudan : Le loup réhabilité de Hervé Boyac
[ Hervé Boyac ]
Amour ou amitié
L'amour est masochiste. Ces cris, ces
plaintes, ces douces alarmes, cet état d'angoisse des amants, cet état
d'attente, cette souffrance latente, sous-entendue, à peine exprimée, ces mille
inquiétudes au sujet de l'absence de l'être aimé, cette fuite du temps, ces
susceptibilités, ces sautes d'humeur, ces rêvasseries, ces enfantillages, cette
torture morale où la vanité et l'amour-propre sont en jeu, l'honneur,
l'éducation, la pudeur, ces hauts et ces bas du tonus nerveux, ces écarts de l'imagination,
ce fétichisme, cette précision cruelle des sens qui fouaillaient et qui
fouillent, cette chute, cette prostration, cette abdication, cet avilissement,
cette perte et cette reprise perpétuelle de la personnalité, ces bégaiements,
ces mots, ces phrases, cet emploi du diminutif, cette familiarité, ces
hésitations dans les attouchements, ce tremblement épileptique, ces rechutes
successives et multipliées, cette passion de plus en plus troublée, orageuse et
dont les ravages vont progressant, jusqu'à la complète inhibition, la complète
annihilation de l'âme, jusqu'à l'atonie des sens, jusqu'à l'épuisement de la
moelle, au vide du cerveau, jusqu'à la sécheresse du cœur, ce besoin
d'anéantissement, de destruction, de mutilation, ce besoin d'effusion, d'adoration,
de mysticisme, cet inassouvissement qui a recours à l'hyper irritabilité des
muqueuses, aux errances du goût, aux désordres vaso-moteurs ou périphériques et
qui fait appel à la jalousie et à la vengeance, aux crimes, aux mensonges, aux
trahisons, cette idolâtrie, cette mélancolie incurable, cette apathie, cette
profonde misère morale, ce doute définitif et navrant, ce désespoir, tous ces
stigmates ne sont-ils point les symptômes mêmes de l'amour d'après lesquels on
peut diagnostiquer, puis tracer d'une main sûre le tableau clinique du
masochisme ?.
Moravagine
[ Blaise Cendrars ]
Nous devons tous tenter de parvenir à ceci : considérer ce que
nous possédons avec le regard précisément que nous aurions si cela nous était
arraché ; qu'il s'agisse des biens, de la santé, des amis, des êtres aimés, de
la femme et de l'enfant, la plupart du temps nous ne sentons la valeur qu'après
la perte.
L'Art d'être heureux : A travers cinquante règles de vie de Arthur Schopenhauer
Un ami est un bien que le sort ne nous montre quelquefois que pour
nous porter le coup le plus sensible ; mais pour qui sait penser, la perte d'un
ami dispose à la mort, et en adoucit l'image.
L' homme à projets: Par Guillaume-Charles-Antoine
C’est le paradoxe absolu : dans une perte totale, tu touches ce
qu’est ton être véritable !.
L’enfantement, l’éros et la vieillesse Propos recueillis par Patrice van Eersel
[ Christiane Singer ]
Une chose est pire que n'importe quelle souffrance c'est la perte
de l'estime de soi.
Sandor Marai, Les braises. P199
Tout le reste est d'emprunt, le temps seul
est notre bien. C'est la seule chose, fugitive et glissante, dont la nature
nous livre la propriété ; et nous en dépossède qui veut. Mais telle est la
folie humaine : le don le plus mince et le plus futile, dont la perte au moins
se répare, on veut bien se croire obligé pour l'avoir obtenu ; et nul ne se
juge redevable du temps qu'on lui donne, de ce seul trésor que la meilleure
volonté ne peut rendre.
Sénèque : Lettres à Lucilius
Publiant et accusant mes imperfections, quelqu’un apprendra de les
craindre. Les parties que j’estime le plus en moi, tirent plus d’honneur de
m’accuser, que de me recommander. Voilà pourquoi j’y retombe, et m’y arrête
plus souvent. Mais quand tout est compté, on ne parle jamais de soi, sans perte
: Les propres condamnations sont toujours accrues, les louanges mécrues.
Montaigne -Essais - Livre III - Chapitre VIII - De l’art de conférer
[ Montaigne ]
Ce qui fait évènement, c'est ce qui est vivant et ce qui est
vivant, c'est ce qui ne se protège pas de sa perte.
Autoportrait au radiateur de Christian Bobin
Ce qui distingue le plus mauvais architecte de l'abeille la plus
experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire
dans la ruche.
[ Karl Marx ]
Un simple pion peut causer la perte d’un roi.
Le Jeu de l'amour et de la mort, tome 1 : Un homme pour le roi de Juliette
Benzoni
Aucune perte n'est irréparable ; tout se remplace, et un homme en
vaut un autre ; croyez-en ma vieille expérience.
La belle-Jenny
[ Théophile Gautier ]
Je me suis débattu longtemps aussi violemment que vainement. Sans
adresse, sans art, sans dissimulation, sans prudence, franc, ouvert, impatient,
emporté, je n'ai fait en me débattant que m'enlacer davantage et leur donner
incessamment de nouvelles prises qu'ils n'ont eu garde de négliger. Sentant
enfin tous mes efforts inutiles et me tourmentant à pure perte, j'ai pris le
seul parti qui me restait à prendre, celui de me soumettre à ma destinée sans
plus regimber contre la nécessité. J'ai trouvé dans cette résignation le
dédommagement de tous mes maux par la tranquillité qu'elle me procure et qui ne
pouvait s'allier avec le travail continuel d'une résistance aussi pénible
qu'infructueuse.
Les rêveries du promeneur solitaire, première promenade.
[ Jean-Jacques Rousseau ]
mots
couleur locale
à penser pour retrouver sa verve d'autan
merci de tous vos mots qui m'ont donnés du rutabagas !
Frankie de la Blogosphére
Beaux moments de réflexion pour débuter la semaine. Des grands noms qui ont écrit des choses intéressantes. Bon début de semaine.
RépondreSupprimerEncore un lundi plein de réflexions Frankie !...et si bien illustrées
RépondreSupprimerPour moi Cendras parle de la passion pas de l'amour... que je ne reconnais pas dans ce texte !
"Nous devons tous tenter de parvenir à ceci : considérer ce que nous possédons avec le regard précisément que nous aurions si cela nous était arraché ; qu'il s'agisse des biens, de la santé, des amis, des êtres aimés, de la femme et de l'enfant, la plupart du temps nous ne sentons la valeur qu'après la perte." Là je reconnais le puissance de l'instant où on réalise que son enfant est mortel, terrible moment qu'on n'oubliera plus et qui fera qu'on lui pardonnera tout.
Bonne nuit et je t'embrasse BelleFrankie
Honte à tous les démolisseurs qui s'attaquent à l'estime que tu dois avoir de toi !
RépondreSupprimer"L'amour est masochiste" mais c'est la vibration de la vie.
Voilà de quoi réfléchir. Merci pour tes petits mots
RépondreSupprimerLa blanche colombe ne se laisse pas atteindre par la bave du crapaud.
Bises
Juste avant de glisser dans mes draps, la lecture de tes pensées m'apporte de quoi méditer et m'endormir sereinement... Bonne nuit, merci!
RépondreSupprimer@merci à vos échos qui par cette saison de mon étre me sont très réconfortant autant que c'est mots que j'ai cherché question de revoir des fondamentaux
RépondreSupprimerles insidueises choses qui dérapent malgré notre attention puissante
à françois où j'espére un bon dénouement de son carnaval de Venise, à la conscience de notre josette nationale
0 manouche toujours dans la subtilité de prendre la créme de l'essentiel et de la monter dans une belle chantilly de vie et d'humour
à Giné qui aprés lecture va bien dormi
et moi de vous avoir lu ainsi siolenge qui decouvre ses auteurs
je vous salue avec douceur et tendresse tant importante en ces premices de printemps
merci de votre fidélité.
Ah Moravagine, j'adore, c'est très fort; je l'ai fait lire à des tas de gens et moi, je disais "et les tortues pondaient, pondaient inlassablement", j'ai cécrit un roman en pensant à lui, car il parlait de la Guyane où j'ai un peu baroudé...
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