La
gare de Nantes dimanche après midi comme tous les dimanches , depuis ? On
ne les compte plus…Dans nos petites poches les jetons du nain jaune pour
compter qui gagne à notre jeu de la
gare :« qui attend qui ? ». Nous restons toutes les trois
dans l’habit de la messe de 11h à
l’église Saint Clément. Chaussures vernis et chapeau.de velours.
Train de Marseille, bondé. Nous avons bien observé les attendants. Maintenant frénésie : la mise en recoupement de ceux qui arrivent avec les autres dans le hall de la gare d’arrivée. Au loin , un homme en képis tenue de défilé avec une valise et un porteur avec une grosse malle. Le loin se rapproche. Le mouvement devient ralenti. Silence sur le banc. Chacun cache son cœur. Petit regard de côté des unes sur les autres. Est-ce que la mère a souri ? Est-ce qu’on y croit cette fois là ? Le militaire ne regarde personne sauf quelques regards sur le porteur et la malle. Il avance déterminer vers la sortie, les pensées en lui. « Il ne s’attend pas à être attendu celui là , dit l’ainée Titine .je veux mon jeton , j’ai raison ».Le jeu est mou , l’effervescence est tombée. La petite : « pourquoi on ne joue pas comme les autres dimanche, maman ? » La mère « enfin un poisson au bout du quai. » Les filles : « qui ? » La mère « Je sais pas ». Pompon « Qui gagnera ? Qui donnera à manger au dromadaire du jardin des plantes ? Est ce qu’on aura une glace deux boules ou un paquet de cacahouètes si on joue pas ? » L’ambiance sur le banc est grouillante comme un vivier de truites à l’heure de la pâté. La mère électrique, prête à taper comme quand on mange sur la terrasse et qu’il y a des moustiques .La mère ironique se moque : « celui là a l’habit du 14 juillet et nous sommes en début décembre, y a pas de fêtes nationales à cette saison. Elle l’observe : Sa perme définitive ? Comme c’est un veinard ! On l’a décoré en plus. Il y retourne plus . L’ainée Titine : « tous les troufions ne sont pas à la guerre , il y a obligatoirement les planqués » La mère : « il ressemble à Humfrey Bogart comme votre papa.. Les filles : « l’armée nous l’a redonné vivant, ah . » La mère a des larmes partout qu’elle retient. Elles attrapent les mains de ses filles . Elle les serre fort. Le militaire est devant le banc. « C’est papa ?». « Oui ma chérie, c’est ton papa ». La mère a du mal à parler, les mots sortent difficilement. Le père : « Rentrons vite à la maison mes chéries, au chaud entre nous, dans nos murs ». Le père prend la tête du peloton, la mère ferme la marche, les deux filles se tiennent par la main . Il hèle un taxi, charge dans le coffre la lourde malle et sa valise. Sous son bras il garde son porte document en peau de serpent.
Train de Marseille, bondé. Nous avons bien observé les attendants. Maintenant frénésie : la mise en recoupement de ceux qui arrivent avec les autres dans le hall de la gare d’arrivée. Au loin , un homme en képis tenue de défilé avec une valise et un porteur avec une grosse malle. Le loin se rapproche. Le mouvement devient ralenti. Silence sur le banc. Chacun cache son cœur. Petit regard de côté des unes sur les autres. Est-ce que la mère a souri ? Est-ce qu’on y croit cette fois là ? Le militaire ne regarde personne sauf quelques regards sur le porteur et la malle. Il avance déterminer vers la sortie, les pensées en lui. « Il ne s’attend pas à être attendu celui là , dit l’ainée Titine .je veux mon jeton , j’ai raison ».Le jeu est mou , l’effervescence est tombée. La petite : « pourquoi on ne joue pas comme les autres dimanche, maman ? » La mère « enfin un poisson au bout du quai. » Les filles : « qui ? » La mère « Je sais pas ». Pompon « Qui gagnera ? Qui donnera à manger au dromadaire du jardin des plantes ? Est ce qu’on aura une glace deux boules ou un paquet de cacahouètes si on joue pas ? » L’ambiance sur le banc est grouillante comme un vivier de truites à l’heure de la pâté. La mère électrique, prête à taper comme quand on mange sur la terrasse et qu’il y a des moustiques .La mère ironique se moque : « celui là a l’habit du 14 juillet et nous sommes en début décembre, y a pas de fêtes nationales à cette saison. Elle l’observe : Sa perme définitive ? Comme c’est un veinard ! On l’a décoré en plus. Il y retourne plus . L’ainée Titine : « tous les troufions ne sont pas à la guerre , il y a obligatoirement les planqués » La mère : « il ressemble à Humfrey Bogart comme votre papa.. Les filles : « l’armée nous l’a redonné vivant, ah . » La mère a des larmes partout qu’elle retient. Elles attrapent les mains de ses filles . Elle les serre fort. Le militaire est devant le banc. « C’est papa ?». « Oui ma chérie, c’est ton papa ». La mère a du mal à parler, les mots sortent difficilement. Le père : « Rentrons vite à la maison mes chéries, au chaud entre nous, dans nos murs ». Le père prend la tête du peloton, la mère ferme la marche, les deux filles se tiennent par la main . Il hèle un taxi, charge dans le coffre la lourde malle et sa valise. Sous son bras il garde son porte document en peau de serpent.
« Tu ne pouvais pas laisser tout ce
bordel là bas, cette malle ! »
dit la mère. Le père : « Montez. Je me mets derrière avec les
petites. Montre la route. »
-
La mère sur un ton péremptoire et rugueux : «
tu as oublié ? Et, si on n’avait
pas été là ? t’as même pas l’adresse ? Oh ben non, suis je bête, vu
le courrier que tu nous as envoyé. »
-
- S’il te plait, Mémère ma mission n’est pas encore terminée. J’ai
des choses à rendre. Parle sur un autre ton, la guerre est dans la
malle. Pas ici.
La mère buffe
comme si c’était le bruit de l’étouffement de mots de tous ses mots en
réserve. Le père est au milieu de la banquette, il a écarté ses bras pour tenir ses petites contre
son corps .Il avait oublié dans le
djebel, combien sa chère femme avait l’abrupt comme colonne vertébrale. Il est
mal. Une image du voyage tourne à l’obsession dans sa tête depuis ce mot « bordel » sur la malle de
la dépouille de ses gars. Il réalise qu’il a halluciné en voyant tout le long
de la voie dans les ralentissements du
train, entre le sommeil et la veille, des gens en un petit groupe dont un vieil homme campé avec un bâton. Ils
vociféraient tous, après leurs lèvres closes, seuls leurs yeux disaient leur
même phrase « rendez les nous, rendez les nous ». Il se cramponne à la chaleur des petites mains qui se sont
posées sur sa poitrine, aux petits yeux
qui le regardent timidement avec juste la prémisse d’un sourire. La petite
dit : « Noël est tôt cette année »
- pourquoi ma petite
Pompon ? dit le père
-
je lui ai écrit une lettre. Je lui ai demandé qu’il me
renvoie mon papa de là bas. Mon chausson de Noël il est à raz bord. Nous sommes
que le premier dimanche du mois de Noël.
coeur de Ramalane photo de Ramalane
coeur de Ramalane photo de Ramalane
sous la
direction
de Julie Deffontaines
Françoise Pain la Mangou
nom de Frankie Pain auteure
Et Pompom sauve le père avec cette belle histoire de père Noël ! il en faudra du temps à la mère pour oublier l'absence et la rancœur...les maux font si mal parfois !
RépondreSupprimergros bisous Frankie
merci Josette de ta grande sensibilité de lectrice et de la perception" il en faudra du temps à la mère pour oublier l'absence et la rancœur...les maux font si mal parfois !"
RépondreSupprimermerci chére Cachette de la Josette.. et vive Edmonde de ce matin
de Sophie Garance @
RépondreSupprimer.. La nostalgie inonde ton écriture, c'est épatant comme tout. Merci de ce beau texte, entre souvenirs d'enfance et accomplissement adulte, ton travail est riche, comme toujours. Je viens de relire la première partie sur ton blog et j'aime bien mieux à le lire ainsi dans ton cadre. Je t'embrasse très fort Mamadouce à moi,
merci chére Sophie : entre souvenirs d'enfance et accomplissement adulte c'est un des axe que porte le narrateur obnitient.
et c'est joli le lire dans son cadre;
le blog devenant un cadre c'est une belle ,vision du blog l'écrin pour des mots sortis de l'alambique la joie d'avoir une très belle direction aristique par Julie D.
y est pur beaucoup , dans certains domaine on ne grandit pas seule
à très bientôt sophie
@ annajo
merci du temps que tu as consacré à la lecture de cette nouvelle.
et de tous les détails de ta lectureet de tes perceptions , le fil rouge entre nous Paris et la Malaisie
touhjours présentes toutes les deux sur le blog
Merci pour ce partage Frankie, toujours ce merveilleux ordinaire sortant... de l'ordinaire. Propre à la magie de tes mots. On ne grandit pas seul, tu as raison. Je suis heureuse de grandir avec toi.
RépondreSupprimerJ'ai lu. Deux fois, trois, quatre, je ne sais plus. Je ne suis pas certain d'avoir tout bien compris, je vais relire encore.
RépondreSupprimerMais quelle importance, que je comprenne ou pas ? Je me suis fait ma propre histoire avec vos mots. Normal, c'est toujours comme ça. Et puis je ne suis pas vite sur mes patins. Mais là aussi, quelle importance ?
J'ai trouvé ce texte d'une épouvantable tristesse. Oui, il faut que je relise encore.
vous me touchez beaucoup annajo et roger et ce soir je mets la suite , alors Roger accroche toi mais sache que lamémoire des êtres est une des responsabilités d'un auteur et c'est ainsi que l'on sait que cacun se coltine ses guerres et que parfois dans l'autre il ne perçoit pas toujours à quel combat ondoit affrontzer je vous embrasse avec toute ma tendresse de femme encore là comme cet homme aprés ses guerrs. gros bisous et un petit coup de Gigondas
RépondreSupprimerUne histoire touchante que celle du père qui reviens de la guerre, mais le temps change les êtres. Je reviens pour la suite.
RépondreSupprimerBonsoir ma Frankie.
RépondreSupprimerJe vais aller lire la suite de suite.
Je t'embrasse bien fort.
Belle nuit.