mercredi 27 novembre 2013

une nouvelle suite et fin




 « Tu ne pouvais pas laisser tout ce bordel là bas, 


suite  


-              je lui ai écrit une lettre. Je lui ai demandé qu’il me renvoie mon papa de là bas. Mon chausson de Noël il est à raz bord. Nous sommes que le premier dimanche du mois de  Noël.
La mère - tais-toi donc tu vois bien que ton père n’est pas dans son assiette.
Le père - Parle Pompon, parle. C’est bon d’entendre ta voix. Elle  m’a tant manquée, çà me donne de la force pour ce que j’ai vite à faire pour être enfin totalement à vous.
 L’ainée : Je vais t’aider papa !
- Merci ma Grande,
Le soir tombe, le taxi roule dans la campagne, la maman on ne l’entend plus mais on sent à ses reniflements qu’elle est joyeuse,  qu’elle n’y croyait plus  à ce retour. De temps en temps le papa caresse la nuque  de sa femme. La Pompon chantonne « Malbroute s’en va en guerre miroton mirotaine, ne sait quand reviendra, ne sait quand….  Elle rit.  Et comme un disque rayé,  elle répète : « ne sait quand reviendra . »
La mère -   le dimanche soir  depuis ton départ : c’est les pieds de cochons panés. Deux pieds panés çà fait 4, les filles ce soir : il n’y aura pas de rab. » Chez le père cette petite excursion dans les habitudes de sa femme et petites femmes chasse l’image prégnante des 4 personnages sur le bord de la  voie ferrée : « ramenez nous, ramenez nous les »  Ce vieil homme avec  son bâton bien planté dans la terre. Oui, il a fantasmé çà .
Sa Mémère prendra ses trois jours de retour, donné par les patrons quand l’homme revient de guerre . Se retrouver dans leur vie. Elle en a bavé des ronds de chapeaux, avec sa diatribe qu’elle n’a pu retenir. Le courrier ! Il lui dira que  la boite à lettre où il mettait son courrier  n’était pas relevée. Nous avions appris trop tard que nous avions droit à une mallette diplomatique. Quand le vaguemestre passait nous  étions toujours  en embuscade.  En perme à Oran je lui envoyais des cartes postales. C’est là qu’il ’aimait lui écrire, penser à elles. Mais au milieu de ce charnier, oh ! Non. Sur la taie d’oreiller,  elle se rabibochera,  elle retrouvera sa paix. Cette guerre  nous a changés. 5 ans c’est long.  Comment ne pas prendre des écailles sur le corps, dans le cœur. Demain quand les filles seront partie à l’école. Pendant qu’elle s’occupera de laver mes vêtements dans la buanderie,  je ferai  le partage de la grosse male.




« Allez les filles, on est bientôt à la maison »  la petite : « papa nous avons joué  aux osselets sur le chemin de la boite à lettre  à la maison, toutes les deux quand il y avait rien,  pour savoir si tu étais encore vivant. On a menti  hein ! On a eu raison,  c’était vrai.  Vivant papa, vivant papa,  pince moi, aïe, c’est pas un rêve ». Et la petite se met à danser sur le chemin du taxi à la maison. La sœur : « arrête  tu vas encore te prendre une claque  par maman, tu vois pas que papa est fatigué. »  -« Puff, je suis gaie, je suis gaie, je suis gaie, il regarde même pas, il a la tête dans coffre avec sa malle de pirate. »


Le lendemain  matin pendant que  la maman brosse les cheveux de Pompon, que la grande range le petit déjeuner,  dans la buanderie, le père  allume le feu sous la lessiveuse avec le petit bois que la mère  a acheté à la droguerie. Quand c’est pris, il met les buches du grand père. Le tas est bien rapplaplat. « Ca manque d’hommes, çà manque d’homme ici, tant mieux,  elle ne m’a pas remplacé. » Le soir pendant qu’il couchait les filles,  il  lui avait demandé de lui donner 12 poches, les plus belles qu’elle avait mises de coté pour resservir. C’est la course avec  le  temps, il faut  répandre et répartir ce qu’il a pu récupérer de ses gars dans les poches.  Avec son carnet, il y attribue les objets qu’il a pu retrouver au campement et la médaille rompue de leur matricule. Ils avaient tous quelque chose d’intime pour se rappeler leur  petit monde en France. Il écrit leur  nom sur les poches.  Il entend en cuisine par la fenêtre donnant sur le jardin : « on se reprendrait pas un autre petit déjeuner ». – « Non, ma  chérie, j’ai des rendus à faire.  Reposes toi  de notre nuit,  je t’en promets d’autres encore plus belles ».


La mère - Mais qu’est-ce que tu fous ?
Le père - Ne viens pas ; je dois aller vite et tu ne peux m’aider.   Dis-moi qu’est ce que c’est que ces pantalons étendus qui garnissent tous les fils dans le jardin ?
- Je lave le linge des défunts, en plus de l’usine,  certains mois nous ne recevions ta solde.
Il s’applique à remplir les poches de ses cendres, de ces charpies humaines. Ils connaît bien ses gars qu’il n’a pas de mal à attribuer leur plus intime. Ça va plus vite qu’il ne l’a pensé,  il met, les douze poches   dans trois cageots  dans le coffre de leur Simca aronde jaune et noire.
- Je serai là dans deux jours.
- Ah !… un long temps   T’as une maitresse à voir ?
- Je serai là pour la journée des filles.  C’est toi ma maitresse et ma femme.
Il prend la route d‘un ses troufions reformé. Il le trouve  dans son  chai  à stocker sur des étagères ses tardives pommes du verger.
Ils se donnent une grande accolade.
- Viens avec moi, je rapatrie les dépouilles de mes gars du front, morts dans notre dernière embuscade. Je dois voir les parents des gars du département.
- Le copain : «  c’est  le moment de me passer la main.  .  T’aider,  oui bien sur, c’est ôter l’épine de ma culpabilité. Merci Chef d’avoir pensé à moi. Je prends le volant»
Dans son petit carnet, il  regarde l’itinéraire qu’il a fait sur le bateau aussitôt Alger la blanche hors de son champ de vision. La première adresse de son parcours, il retrouve le vieux du bord de la voie de chemin de fer. Il avait du voir des photos que lui avait montré leur  fils. Les parents : « nous pourrions l’enterrer sous le noyer. »  Ils ont  bu après le pineau. « On sait que vous avez fait ce que vous pouviez. Il nous a raconté vos  chiens : les kikis  de un jusqu’à 15  que vous mettiez dans le grand hélicoptère vous les larguiez   sur le terrain  avant d’y envoyer vos gars. »
Les onze visites qui suivirent: des paroles où entre les dits, les silences pesaient plus lourds que tous leurs corps réunis. Les verres de Pineau, les émotions, ils étaient devenus  les visiteurs du soir. A l’aube ils ont les cartes, et, quand le chauffeur  n’a pas besoin de pilotage, le soldat  dormait. Ne pas s’arrêter. D’une rencontre à l’autre, il devenait meilleur pour la famille, accueillir ce qui avait besoin d’évoquer de leurs enfants, mari,  père, frére.  Mercredi jour du marché à 11h ils ont fini, alors le copain l’amène chez Paillot le bistrot de la place du marché,  ils font une belotte
Il vole sur la route. L’école des filles, la sortie de l’usine de sa femme et le diner enfin en famille.
La mère : Mangeons çà va refroidir
La Pompon : -  alors tu restes pour toujours. Mes chaussons de Noël déborde de ma joie de toi         Papa.
Le père :Je repars après la galette des rois,.
 La Pompon, la fourchette en suspend de l’assiette regarde  son père bien dans les yeux .
La Pompon dans un cri : «  papa ce n’est plus la guerre » 
Fin



 sous la direction
de Julie Deffontaines

Françoise Pain la Mangou
nom de l'auteure frankie pain





belle lecture et à demain , toutes mes tendres pensées.

frankie

9 commentaires:

  1. Merci pour ces touchants souvenirs.

    RépondreSupprimer
  2. comment comprendre ce qu'on a pas vécu...toutes les émotions comme la pluie larmes d'étoiles
    les filles ça n'aime pas la guerre qui prend les papas
    je t'embrasse Frankie
    elle est belle cette histoire elle remue le coeur

    RépondreSupprimer
  3. Ton histoire est très émouvante.
    Je trouve que la force de ton récit vient de la persévérance de ce père courage à rendre aux familles de ses hommes les quelques souvenirs qu'ils leur restent.
    L'opiniâtreté dont il fait preuve dans son devoir est de l'étoffe d'un grand héros anonyme.
    Ces filles son fières de lui mais le manque se fait cruellement sentir.
    Je trouve que le format de la nouvelle, te convient parfaitement.
    Je t'embrasse bien fort ma Frankie.
    Belle journée

    RépondreSupprimer
  4. Jolis retours de Mireille, Manouche et Josette, qui viennent honorer l'écho que tes mots ont fait vivre en elles.

    RépondreSupprimer
  5. merci merci de tout cœur à cet héros anonyme dont parle Mireille
    merci on écrit pour la mémoire comme aussi manouche avec son livre à 4 mains et son écriture sur Cora.
    ce notre chère Josette et sa poésie qui hier matin m'a troublé avec son edmonde , comme la ballade à la chapelle qu'avait fait construire en vous lisant et j'oublie la pétite auteure annajo qui depuis sa malaisie aprés son voyage en Birmanie se joint à nous pour faire vibrer les mots comme nous tous et tous dans la blogosphére
    vous m'avez donné des frisons d'émotion et je suis très heureuse pour cet homme qui vcomme beaucoup jne s'en est très difficilement remis et nous a quitté bien jeune

    merci dames grande lectrices et ily a Sophie de Garance , la gramnd mére Solange
    et Elfi et Giné et Roger le grand frére québequois et jean pierren hammael et Le marquis de L'orée et tous les coucou pline de fraternité
    merci d'offrir de votre cœur à mots et la puissance suversive de l'écriture

    belle soirée

    RépondreSupprimer
  6. J'arrive un peu tard, mais j'ai lu attentivement - d'une traite! C'est beau, c'est touchant - la littérature comme je l'aime quand elle est le reflet de l'âme! Merci Frankie!

    RépondreSupprimer
  7. merci Giné. Tu parles juste. l'écriture reflet de l'âme. merci chère muse photographe

    RépondreSupprimer
  8. Je n'ai pas connu ça mais je peux facilement comprendre, c'est très touchant.

    RépondreSupprimer
  9. C'est pas gai du tout. De quelque façon qu'on le prenne, c'est pas gai. Et ils sont tous marqués pour la vie, tous. Comment trouver comment rire après ça ?

    Sales guerres.

    RépondreSupprimer