« Tu
ne pouvais pas laisser tout ce bordel là bas,
suite
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je lui ai écrit
une lettre. Je lui ai demandé qu’il me renvoie mon papa de là bas. Mon chausson
de Noël il est à raz bord. Nous sommes que le premier dimanche du mois de Noël.
La mère - tais-toi donc tu vois bien que ton père
n’est pas dans son assiette.
Le père - Parle Pompon, parle. C’est bon d’entendre ta
voix. Elle m’a tant manquée, çà me donne
de la force pour ce que j’ai vite à faire pour être enfin totalement à vous.
L’ainée : Je
vais t’aider papa !
- Merci ma Grande,
Le soir tombe, le taxi roule dans la campagne, la
maman on ne l’entend plus mais on sent à ses reniflements qu’elle est joyeuse, qu’elle n’y croyait plus à ce retour. De temps en temps le papa caresse
la nuque de sa femme. La Pompon chantonne « Malbroute
s’en va en guerre miroton mirotaine, ne sait quand reviendra, ne sait quand…. Elle rit. Et comme un disque rayé, elle répète : « ne sait quand
reviendra . »
La mère - le
dimanche soir depuis ton départ :
c’est les pieds de cochons panés. Deux pieds panés çà fait 4, les filles ce
soir : il n’y aura pas de rab. » Chez le père cette petite excursion
dans les habitudes de sa femme et petites femmes chasse l’image prégnante des 4
personnages sur le bord de la voie
ferrée : « ramenez nous, ramenez nous les » Ce vieil homme
avec son bâton bien planté dans la
terre. Oui, il a fantasmé çà .
Sa Mémère prendra ses trois jours de retour, donné par
les patrons quand l’homme revient de guerre . Se retrouver dans leur vie. Elle
en a bavé des ronds de chapeaux, avec sa diatribe qu’elle n’a pu retenir. Le
courrier ! Il lui dira que la boite à lettre où il mettait son
courrier n’était pas relevée. Nous avions
appris trop tard que nous avions droit à une mallette diplomatique. Quand le
vaguemestre passait nous étions toujours
en embuscade. En perme à Oran je
lui envoyais des cartes postales. C’est là qu’il ’aimait lui écrire, penser à
elles. Mais au milieu de ce charnier, oh ! Non. Sur la taie d’oreiller, elle se rabibochera, elle retrouvera sa paix. Cette guerre nous a changés. 5 ans c’est long. Comment ne pas prendre des écailles sur le
corps, dans le cœur. Demain quand les filles seront partie à l’école. Pendant
qu’elle s’occupera de laver mes vêtements dans la buanderie, je ferai le partage de la grosse male.
« Allez les filles, on est bientôt à la maison »
la petite : « papa nous avons
joué aux osselets sur le chemin de la
boite à lettre à la maison, toutes les
deux quand il y avait rien, pour savoir
si tu étais encore vivant. On a menti hein !
On a eu raison, c’était vrai. Vivant
papa, vivant papa, pince moi, aïe, c’est
pas un rêve ». Et la petite se met à danser sur le chemin du taxi à la
maison. La sœur : « arrête tu
vas encore te prendre une claque par
maman, tu vois pas que papa est fatigué. »
-« Puff, je suis gaie, je suis gaie, je suis gaie, il regarde même
pas, il a la tête dans coffre avec sa malle de pirate. »
Le lendemain
matin pendant que la maman brosse
les cheveux de Pompon, que la grande range le petit déjeuner, dans la buanderie, le père allume le feu sous la lessiveuse avec le petit
bois que la mère a acheté à la droguerie.
Quand c’est pris, il met les buches du grand père. Le tas est bien rapplaplat. « Ca
manque d’hommes, çà manque d’homme ici, tant mieux, elle ne m’a pas remplacé. » Le soir
pendant qu’il couchait les filles, il lui
avait demandé de lui donner 12 poches, les plus belles qu’elle avait mises de
coté pour resservir. C’est la course avec
le temps, il faut répandre et répartir ce qu’il a pu récupérer
de ses gars dans les poches. Avec son
carnet, il y attribue les objets qu’il a pu retrouver au campement et la
médaille rompue de leur matricule. Ils avaient tous quelque chose d’intime pour
se rappeler leur petit monde en France. Il
écrit leur nom sur les poches. Il entend en cuisine par la fenêtre donnant
sur le jardin : « on se reprendrait pas un autre petit déjeuner ».
– « Non, ma chérie, j’ai des rendus
à faire. Reposes toi de notre nuit, je t’en promets d’autres encore plus belles ».
La mère - Mais qu’est-ce que tu fous ?
Le père - Ne viens pas ; je dois aller vite et tu
ne peux m’aider. Dis-moi qu’est ce que c’est que ces pantalons
étendus qui garnissent tous les fils dans le jardin ?
- Je lave le linge des défunts, en plus de
l’usine, certains mois nous ne recevions
ta solde.
Il s’applique à remplir les poches de ses cendres, de
ces charpies humaines. Ils connaît bien ses gars qu’il n’a pas de mal à
attribuer leur plus intime. Ça va plus vite qu’il ne l’a pensé, il met, les douze poches dans trois
cageots dans le coffre de leur Simca aronde
jaune et noire.
- Je serai là dans deux jours.
- Ah !… un
long temps T’as une maitresse à
voir ?
- Je serai là pour la journée des filles. C’est toi ma maitresse et ma femme.
Il prend la route d‘un ses troufions reformé. Il le
trouve dans son chai à stocker
sur des étagères ses tardives pommes du verger.
Ils se donnent une grande accolade.
- Viens avec moi, je rapatrie les dépouilles de mes
gars du front, morts dans notre dernière embuscade. Je dois voir les parents
des gars du département.
- Le copain : « c’est le moment de me passer la main. . T’aider,
oui bien sur, c’est ôter l’épine de ma
culpabilité. Merci Chef d’avoir pensé à moi. Je prends le volant»
Dans son petit carnet, il regarde l’itinéraire qu’il a fait sur le
bateau aussitôt Alger la blanche hors de son champ de vision. La première
adresse de son parcours, il retrouve le vieux du bord de la voie de chemin de
fer. Il avait du voir des photos que lui avait montré leur fils. Les parents : « nous pourrions
l’enterrer sous le noyer. » Ils ont
bu après le pineau. « On sait que
vous avez fait ce que vous pouviez. Il nous a raconté vos chiens : les kikis de un jusqu’à 15 que vous mettiez dans le grand hélicoptère
vous les larguiez sur le terrain avant d’y envoyer vos gars. »
Les onze visites qui suivirent: des paroles où entre les
dits, les silences pesaient plus lourds que tous leurs corps réunis. Les verres
de Pineau, les émotions, ils étaient devenus
les visiteurs du soir. A l’aube ils ont les cartes, et, quand le
chauffeur n’a pas besoin de pilotage, le
soldat dormait. Ne pas s’arrêter. D’une
rencontre à l’autre, il devenait meilleur pour la famille, accueillir ce qui avait
besoin d’évoquer de leurs enfants, mari,
père, frére. Mercredi jour du
marché à 11h ils ont fini, alors le copain l’amène chez Paillot le bistrot de
la place du marché, ils font une belotte
Il vole sur la route. L’école des filles, la sortie de
l’usine de sa femme et le diner enfin en famille.
La mère : Mangeons çà va refroidir
La Pompon : - alors
tu restes pour toujours. Mes chaussons de Noël déborde de ma joie de toi Papa.
Le père :Je repars après la galette des rois,.
La Pompon, la fourchette en
suspend de l’assiette regarde son père
bien dans les yeux .
La Pompon dans un cri : « papa ce n’est plus la guerre »
Fin
sous la direction
de Julie Deffontaines
Françoise Pain la Mangou
nom de l'auteure frankie pain
belle lecture et à demain , toutes mes tendres pensées.
frankie
Merci pour ces touchants souvenirs.
RépondreSupprimercomment comprendre ce qu'on a pas vécu...toutes les émotions comme la pluie larmes d'étoiles
RépondreSupprimerles filles ça n'aime pas la guerre qui prend les papas
je t'embrasse Frankie
elle est belle cette histoire elle remue le coeur
Ton histoire est très émouvante.
RépondreSupprimerJe trouve que la force de ton récit vient de la persévérance de ce père courage à rendre aux familles de ses hommes les quelques souvenirs qu'ils leur restent.
L'opiniâtreté dont il fait preuve dans son devoir est de l'étoffe d'un grand héros anonyme.
Ces filles son fières de lui mais le manque se fait cruellement sentir.
Je trouve que le format de la nouvelle, te convient parfaitement.
Je t'embrasse bien fort ma Frankie.
Belle journée
Jolis retours de Mireille, Manouche et Josette, qui viennent honorer l'écho que tes mots ont fait vivre en elles.
RépondreSupprimermerci merci de tout cœur à cet héros anonyme dont parle Mireille
RépondreSupprimermerci on écrit pour la mémoire comme aussi manouche avec son livre à 4 mains et son écriture sur Cora.
ce notre chère Josette et sa poésie qui hier matin m'a troublé avec son edmonde , comme la ballade à la chapelle qu'avait fait construire en vous lisant et j'oublie la pétite auteure annajo qui depuis sa malaisie aprés son voyage en Birmanie se joint à nous pour faire vibrer les mots comme nous tous et tous dans la blogosphére
vous m'avez donné des frisons d'émotion et je suis très heureuse pour cet homme qui vcomme beaucoup jne s'en est très difficilement remis et nous a quitté bien jeune
merci dames grande lectrices et ily a Sophie de Garance , la gramnd mére Solange
et Elfi et Giné et Roger le grand frére québequois et jean pierren hammael et Le marquis de L'orée et tous les coucou pline de fraternité
merci d'offrir de votre cœur à mots et la puissance suversive de l'écriture
belle soirée
J'arrive un peu tard, mais j'ai lu attentivement - d'une traite! C'est beau, c'est touchant - la littérature comme je l'aime quand elle est le reflet de l'âme! Merci Frankie!
RépondreSupprimermerci Giné. Tu parles juste. l'écriture reflet de l'âme. merci chère muse photographe
RépondreSupprimerJe n'ai pas connu ça mais je peux facilement comprendre, c'est très touchant.
RépondreSupprimerC'est pas gai du tout. De quelque façon qu'on le prenne, c'est pas gai. Et ils sont tous marqués pour la vie, tous. Comment trouver comment rire après ça ?
RépondreSupprimerSales guerres.