Textes du jour de la blog-woman, phrases : colonne vertébrale, contes, légendes, mots d'humeurs, d'amour, lettres à la mer, recherche de connivence, complicité, ses dessins, ...la jazzeuse des grands chemins et sentes, écrivaine nomade des murmures de la vie intérieure et des happening minimalistes nés au hasard d'un banc public dans un parc aromatique , un abri bus , un train , un marché, les pas perdus d'un aérogare tous les lieux insolites pour une rencontre.
jeudi 30 septembre 2010
Le tipi de l'enfance. : rubrique la maison
Le tipi de l'enfance.
Lorsque j'étais une petite fille, j'ai découvert Cochise le magnifique apache aux aventures idéales, à la droiture d'esprit comparable au degré de culpabilité développée alors par les cinéastes américains face au génocide des "natifs" américains !!
A l'époque on disait amérindiens, mais c'était la même chose.
J'admirais Géronimo et je me gavais de ces fantastiques westerns réalisés par John Ford, Sam Pekimpah ou d'autres, j'aimais les Indiens.
A six ans mon rêve d'aventures se résumait à posséder deux longues tresses noires (je maudissais mes cheveux blonds et enviais ceux noir corbeau de ma soeur aînée !), d'être vêtue d'une robe en chamois très doux, avec des plumes sur ma chevelure, des turquoises en colliers et bracelets, de jolis mocassins brodés de perles multicolores. Bien sur, tous les guerriers mouraient d'amour pour moi, qui n'avais d'yeux que pour Aigle Noir, le fils du chef Grand Bison Rouge.
Il était évident que mon tipi était ravissant !
Le problème, c'est que mon tipi n'existait ... que le jour des lessiveS du blanc.
A cette époque, peu après la disparition de Monsieur Cro-Magnon, les mamans non fortunées, comme la mienne, ne possédaient pas de lave-linge et le "blanc" devait bouillir dans une lessiveuse immense (enfin pour mes six ans) posée sur la gazinière.
Pendant cette opération dangereuse, ma mère éloignait ses trois fillettes de la cuisine car il fallait trois lessiveuses pleines pour rendre propre les draps de 5 personnes...
Elle nous mettait dans notre chambre en nous laissant les draps sales en attente de propreté.
Il me fallait absolument le plus grand, le balai, deux petits tabourets et des cubes.
La connivence de mes deux sœurs avait parfois du bon. Si souvent j'étais exclue eu cercle sororale, là je trouvais la solitude bien douce.
D'abord coincer le balai entre les deux tabourets, puis passer le drap au dessus du manche ainsi dressé. Me glisser dessous avec tous les cubes, tendre le drap en utilisant les cubes comme des lests, ne pas oublier la porte et sortir pour constater la perfection de mon tipi éphémère mais sublime.
Je devenais alors "Rayon de Soleil" ou "Flocon de Neige" ou encore "Rosée du Matin" en fonction du scénario du jour.
J'aménageais alors mon tipi. Des chiffons colorés que je faisait mine de broder, des peluches qui devenaient ma couche de fourrure, et surtout les chants que j' entonnais comme des mélopées magiques, dans une langues étrange dont même moi ignorais le sens.
Ma sœur ainée criait que j'étais folle : moi je continuais mon murmure envoûtant sans même ciller. J'étais heureuse, si heureuse ! C'est ça qui le rendait furieuse pardi !
Quand ma mère venait chercher mon drap elle faisait toujours assez de bruit pour que je l'entende arriver à l'avance. Aujourd'hui, j'ai compris qu'elle me laissait ainsi du temps pour "abandonner mon tipi", car moi d'ordinaire si dissipée, si bavarde, aussi longtemps que j'étais dans mon jeu, j'étais calme et apaisée. Elle savait que cet abri fabriqué pour être loin du monde m'était essentiel.
Aujourd'hui je la remercie de cela quelles qu'en furent ses motivations d'alors.
Adieu tipi, rendez-vous à la prochaine lessive du blanc !
Deux ans plus tard, un lave-linge entra chez nous : je l'ai haï d'emblée. Blanc, froid, bruyant, berkkkkkkk.
Je vous dirai un jour comment le dessous du lit devint alors un fort imprenable ...
En terminant cette chronique j'entend aux infos de la nuit que Arthur Penn qui réalisa Little Big Man, vient de mourir.
Je ne crois guère aux co-incidences, et je pense que Monsieur Penn qui rendit leur dignité aux Indiens en décrivant la mort de l'infâme Général Custer lors de la bataille gagnée par les sioux à Little Big Horn, m"a soufflé cet authentique souvenir d'enfance.
Je vous salue, chapeau bas Monsieur Penn ! De nombreux indiens vous attendent là où vous allez pour vous remercier de leur avoir rendu un peu de leur honneur perdu !..
DE sophie la brodeuse de mots
vous savez SOPHIE DANS MA "GRANde carrière d'artiste je fus la fiancée d'aigle noir
je crains que si vous m'aviez croisé à ce moment la vous m'auriez donné un coup de tomawouak merci pour votre texte qui nous amène au pays merveilleux de l'enfant divin
heureusement qu'il c'est niché en nous éternellement
illustré par frankie tata gros nénés
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Si, si... c'est une coïncidence et une belle encore...
RépondreSupprimerEt après ça, tu diras encore que tu n'y crois pas???
BZZZ P.
Bis... Ah et puis, les Apaches ne vivaient pas dans des tipis.... les tipis, c'est les indiens des Plaines.... Sioux, Cheyennes etc...
RépondreSupprimerEt puis Cochise, c'était pas non plus un enfant de choeur... et Géronimo non plus...
reBZZZ
P.
Heureusement que l'on peux raconter nos rêves d'enfants.... j'ai connue les lessiveuses ,nous étions six à la maison ...
RépondreSupprimerMerci d'avoir permis pour la photo avec les gâteaux..
Bisous et douce journée.
Thérése.
Tout d'abord un grand merci à ma Frankie qui a si bien illustré mon histoire !
RépondreSupprimerDepuis j'ai, comme vous, appris les différences entre les tribus des plaines, des montagnes, du sud, du nord et même de l'est et l'ouest et que bien sur mes indiens chéris n'étaient effectivement pas des anges !..
De là à les éradiquer des terres nord américaines ... Mon père juif m'enseigna très tôt qu'on ne pouvait tuer des hommes simplement parce qu'ils étaient nés ... Que toutes les tueries sont toujours atroces.
Enfin que oui, je crois bien qu'il s'agit d'une formidable coïncidence !!
Encore une jolie histoire d'enfance si bien racontée et illustrée, et qui nous rappelle souvent des souvenirs personnels et charmants.
RépondreSupprimeret bien la pomme n'écrit que rarement mais bravo
RépondreSupprimerdeux fois c'est excellent
oui je n'ai pas eu le temps de te le dire , j'ai beaucoup apprécié ton texte en plus avec la mort du cinéaste de little big man je te fais plein de gros bisous et à demain pour le jeu du torchon
Quels plaisirs de retrouver ces bonheurs d'enfance où l'on se construisait tout un monde avec trois bouts de chiffons...
RépondreSupprimer