samedi 8 octobre 2011

suite de la femme seule de Dario Fo et de Franca Rame avec Gabriella MERLONI


ET CHERS BLOGEURS ET EUSES JE VOUS SOUHAITE UN BON WEEK END






Gabriella Merloni interprète Maria, une femme au foyer qui passe son temps enfermée à la maison n’ayant qu’une radio et une télévision comme unique compagnie, tandis que les journées s’écoulent en faisant le ménage, en supportant un beau-frère peloteur, un voyeur, un cochon téléphonique….. L’histoire pourrait continuer ainsi jusqu’à l’infini, sans qu’aucune nouveauté ne trouble son apparente vie paisible. Mais Maria cache un secret et ce sera la découverte d’une voisine d’en face qui lui donnera la confiance nécessaire pour petit à petit dévoiler sa vraie personnalité et son passé plutôt tourmenté…


Note du metteur en scène Pierangelo Summa :

Il s’agit d’un conte de vie ordinaire, d’une fable du quotidien. Comme toute fable, on retrouve une belle femme emprisonnée à l’intérieur d’un château impénétrable, ayant comme unique espoir, une fenêtre. Mais ici, le château est représenté par l’immeuble d’en face, l’ogre par la stupidité et le machisme et pour conclure le prince charmant se révèle ne pas être si charmant que ça. C’est au travers de cette fenêtre que Maria, la femme seule, interpelle le public : tantôt voyeur, tantôt amis solidaire et témoin. J’ai voulu que, à la manière d’un conte, les mots de la femme seule suivent des chemins inattendus en passant d’une approche presque méfiante à une libération progressive et bouleversante du corps de l’actrice.




Note d’I.THALIE :

Le monologue d’Une femme seule — comique et grotesque en même temps — nous redonne, avec la force d’une poésie, « le présent » : le passage des années 60 et 70 à Milan, en Italie. Après le « boom », apportant dans les foyers les électroménagers et la télévision, on s’aperçut que dans cette « Italie qui changeait » il y avait encore des millions de « femmes au ménage ». La « liberté sexuelle » cognait contre les violences domestiques, l’indissolubilité des mariages, les avortements clandestins. Cette pièce s’ajouta aux luttes qui s’achevèrent avec la victoire aux référendums sur le divorce et l’avortement. Mais cette immersion parfois cruelle dans l’intimité d’une femme malheureuse est aussi un message universel, terriblement actuel à l’époque des « ghettos » de la mondialisation.

Car dans son monologue désespéré et de plus en plus conscient, apparaît « cette fissure qui est capable de mettre en crise les certitudes et de mettre en doute les opinions », comme Dario Fo a dit.




Après quarante ans à peu près, « Une femme seule » montre encore son actualité démystifiante et sa force explosive, dans une société où l’on est souvent « seuls » soit dans son propre appartement, soit dans une foule : en lutte, chez soi, avec des ombres, présences et devoirs qui nous poursuivent ou nous conditionnent (le travail, le mari, le beau-frère, le bébé, l’amant...) ; embrouillés, à l’extérieur, parmi l’éclatement de nouvelles alarmantes, scandales et « faits divers » ou incessants débats (tra cui la secolare questione femminile) sur les journaux et les médias.

Le monologue de Gabriella Merloni, dans son caractère essentiel, dans sa faiblesse et spiritualité féminine, défie ce bruit de fond pour focaliser la progressive et douloureuse autorévélation d’une femme dans un moment « x » de sa propre existence.

Cette « femme seule » jouée par Gabriella Merloni et mise en scène de façon très originale par Pierangelo Summa est un cri passionné et une protestation, dont le public, assis dans le sombre de la salle, est le contrepoids silencieux et dialectique ; sur la toile de fond il y a toujours l’ombre présente-absente, de la « voisine d’en face », curieuse et en même temps indifférente, de même que la société envers chacun de nous dans les nombreuses vicissitudes de la vie. Mais, enfin, les questions sociales et politiques s’imposent dans la pièce avec une force inexorable, sans fuites ni alibis. La fissure va se muter en gouffre. Petit à petit, la femme seule prend conscience et le voile du pouvoir et de l’hypocrisie s’écroule, pour redonner de l’espace à la connaissance de soi dans un futur incertain et, peut-être affreux, mais, en tout cas, plus responsable et plus libre.

« La connaissance apporte le doute. Surtout du pouvoir », dit Dario Fo.




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