« En rang d'oignons »
Sur une seule ligne, à la file.
À ma connaissance, personne n'a jamais vu des oignons quitter le potager en marchant au pas, bien rangés les uns derrière les autres, en direction de la cuisine.
Ou alors, il ne s'en est pas vanté, ayant peur qu'on l'accuse d'avoir un peu trop forcé sur la bouteille.
Par contre, on peut imaginer que l'origine vient de la manière dont le jardinier plante méticuleusement ses oignons dans le potager, bien alignés les uns après les autres.
Sauf que les oignons ne sont pas les seuls ainsi traités. Pourquoi ne parlerait-on pas plutôt de rangs de poireaux, de carottes ou de salades ?
Une explication traditionnelle, reprise dans plusieurs ouvrages, veut que cette expression nous vienne du XVIe siècle, à l'époque où, à Blois, au cours des États Généraux qui se tinrent en 1576 et 1588, officiait un maître de cérémonie qui avait entre autres pour rôle d'assigner les places des seigneurs et des députés.
Ce maître, qui avait exercé sous plusieurs rois, en commençant par Henri II, aimait ranger son petit monde selon des règles protocolaires précises qu'il devait absolument faire respecter.
Ce personnage était Artus de la Fontaine-Solaro, baron d'Oignon.
C'est en raison de sa renommée et de sa science du placement des personnes avec le respect du protocole que notre locution serait née.
Oui, mais il se trouve que "se mettre en rang d'oignons", en 1611, donc quelques années plus tard, voulait dire "s'intégrer à une compagnie où on n'a pas sa place" ou bien "prendre place dans une réunion où on n'est pas invité", peut-être, selon le DHLF (Lien externe), par déformation de "se mettre en rang d'union" mais plus probablement par allusion à la manière dont les paysans rassemblaient les oignons cueillis par taille décroissante, en commençant par les plus gros (même s'ils les rangeaient, ils ne faisaient pas de bottes d'oignons de même taille, mais mettaient les petits avec les gros, tout comme des gens de petites conditions pouvaient se mêler en rang d'oignons avec des gens de la bourgeoise, par exemple).
Et ce ne serait qu'en 1654 que l'expression aurait également pris le sens actuel, le précédent continuant à être utilisé pendant encore au moins un siècle.
Textes du jour de la blog-woman, phrases : colonne vertébrale, contes, légendes, mots d'humeurs, d'amour, lettres à la mer, recherche de connivence, complicité, ses dessins, ...la jazzeuse des grands chemins et sentes, écrivaine nomade des murmures de la vie intérieure et des happening minimalistes nés au hasard d'un banc public dans un parc aromatique , un abri bus , un train , un marché, les pas perdus d'un aérogare tous les lieux insolites pour une rencontre.
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I must say, I have never seen a field of this common item on the menu ...
RépondreSupprimerAlors ça j'adore !
RépondreSupprimerEnchantée de faire la connaissance du Baron d'Oignon !
Et moi qui pensait qu'il s'agissait d'une simple histoire de lamelles collées les unes aux autres ! Me voilà bien confite !
Je n'ai jamais réussi à faire pousser droit un rang de quoi que ce soit, même en plantant méticuleusement mes p'tits plants de salade le long d'une corde tendue avec précaution...
Merci Frankie, bon dimanche très ensoleillé dans le Poitou !