Textes du jour de la blog-woman, phrases : colonne vertébrale, contes, légendes, mots d'humeurs, d'amour, lettres à la mer, recherche de connivence, complicité, ses dessins, ...la jazzeuse des grands chemins et sentes, écrivaine nomade des murmures de la vie intérieure et des happening minimalistes nés au hasard d'un banc public dans un parc aromatique , un abri bus , un train , un marché, les pas perdus d'un aérogare tous les lieux insolites pour une rencontre.
vendredi 8 octobre 2010
le conte du vendredi
artstor_lion_rembrandt.
Rembrandt-A-Lion-Lying-Down-
Rembrandt_Shah_Jahan
daniel-lions-Rembrandt
andywarol+galery de rembrandt
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de la pensée du jour
je vous souhaite une belle journée, le soleil semble nous accompagner, ce lion me fait penser au lion croquis de REMBRANDT QUE J'AVAIS PU VOIR LORS DE L'EXPOSITION AU Louvre, si je ne le trouve pas sur le web je vous scannerai cet aprés midi ce lion
a plus
Le choix
Être de ces guerriers-chasseurs à la parole rare et sûre, secrètement aimés des femmes et respectés des paysans, voilà ce que voulait Kofi. Il en avait toujours rêvé. Enfant, à peine savait-il se tenir ferme sur ses jambes qu’il imitait leur marche lente, leur fierté, leurs regards de haut. Il était maintenant à l’âge où il pouvait enfin prétendre à être admis parmi ces forts. Il avait appris à chasser aux côtés des maitres du clan, à manier l’arc, la sagaie, à garder l’affût sous le vent aussi longtemps qu’il le fallait. Il était prêt. Il le savait.
Ce matin-là, dernière épreuve. Il devait seul, dans la savane, affronter un père lion. S’il s’en revenait chez les siens avec sa peau sur son épaule, il ferait partie de la caste. S’il échouait, “plutôt mourir”, se disait-il, la tête haute. Il avait vu rentrer bredouilles, le soir venu, quelques aînés. Les filles s’étaient détournées pour rire de leur pauvre mine. Ceux-là n’étaient plus bons à rien qu’à mener les troupeaux à l’herbe, ou vivre courbés sur leur champ. Il ne serait jamais des leurs.
Il s’en fut sans se retourner dans la brume du petit jour. Il connaissait bien le pays. Sous une falaise, vers l’est, au seuil d’une grotte cachée, un vieux père lion veillait sur son domaine aux arbres rares. Il l’avait souvent aperçu, errant derrière des buissons. Il y fut droit. Il y parvint vers midi, à l’heure sans ombres. Il y faisait une chaleur à décourager les oiseaux. Il trouva le refuge vide. Il pensa : “Il est allé boire”. Il s’accroupit derrière un roc, il l’attendit, s’impatienta, courut enfin au marigot. Il n’y trouva qu’une gazelle. Elle détala quand il parut. Il s’en alla, rageur, parmi les hautes herbes. Il scruta les mille horizons, il appela. Ce fut en vain. Il s’inquiéta. Le ciel pâlit. Le soleil, à l’ouest, rougeoya. Il s’imagina revenir sans rien sur le dos. Il eut honte. Il ne savait plus où chercher. Il s’assit contre un arbre sec. Ce fut alors qu’il l’aperçut, couché sur une pierre plate.
C’était un lion prodigieux. Sa crinière était toute blanche. Kofi se ramassa, attendit son assaut. La bête resta impassible, les yeux à demi clos, luisants. Il cogna du pied, il gronda, il fit virevolter sa lance. L’autre ne bougea pas d’un poil. Comment cela se pouvait-il ? Un lion en danger attaque. Celui-là, non. Il l’observait. Le garçon fit un pas, puis deux. Il s’arrêta, il se pencha. Il vit du sang sous le poitrail. Le lion ne l’attaquait pas parce qu’il n’en avait pas la force. Il était blessé. Il souffrait. Kofi se sentit envahi d’une bouffée de joie féroce. Il n’avait plus qu’à l’achever et s’en revenir au village avec cette crinière blanche, cette peau, ces griffes de roi. Quel accueil, quel triomphe et quelle haie d’honneur lui feraient les guerriers ! On lui demanderait de conter son combat. Que dirait-il alors ? La pauvre vérité ? Impossible. Il s’assit dans l’herbe. Le lion l’observait toujours. Alors Kofi, dans son regard, lut des paroles silencieuses. Elles étaient simples, vraies, tranquilles. Elles n’avaient rien de douloureux.
- Prends ma vie, garçon, disaient-elles, et ton clan sera fier de toi. Tu raconteras ton combat, tu l’inventeras, peu importe, on se plaira à t’écouter. Qui mettra ta parole en doute ? Personne, sauf qu’au fond de toi tu sauras que tu as menti, que tu n’es pas celui qu’on croit. Veux-tu cela ? Si oui, tue-moi. Sinon tu écoutes ton cœur, tu me laisses mourir tranquille, tu t’en retournes, le front bas, et tu fais honte à ta famille. Mais tu sauras au fond de toi que tu vaux bien plus qu’un guerrier.
Choisis la route qui te va.
(Henri Gougaud, Le livre des chemins)
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Bonjour Frankie, excellent le site de Henri Gougaud, merci pour le tuyau.
RépondreSupprimerToi qui aime les contes, voici l'adresse d'un site intéressant qu'un ami alimente en contes. http://www.carmina-carmina.com/
Amicalement
Très beau conte, qui offre plein de lectures différentes quand on imagine la fin...
RépondreSupprimerBon we !
sébastien
Les femmes n'ont pas à choisir de tuer pour être de la caste des déesses.
RépondreSupprimerEt c'est tant mieux !
Nous portons et mettons au monde des petits, puis les élevons pendant 20 ans... Et parfois, après tout ce travail d'amour, une guerre passe et en un seul jour vous prend la vie que vous avez donné.
Je veux croire que Kofi rentrera cultiver son jardin, avec un coeur de roi !..
Il y a toujours cette attente et une si belle fin...Comme toujours.
RépondreSupprimerEt chacun peut y trouver son chemin.
Merci beaucoup.