poésie pour la beauté d'un repos dominical
Ces mots ont été cueillis pour deux amis - deux frères- l'un se bat pour deux cancers et l'autre pour sa famille car une petite fille est en souffrance un œil en danger par le méchant crabe.
Offrir du jeu dans leur vie, par rapport à un réel collant tenace et virago
bulle d'air pour se poser.
ces phrases les ont aidé, un niama , niama, (un petit rien en OULOF) elles datent d'une semaine la cueillette, les mots ont sonnés dans leur cœur, alors maintenant je vous l'adresse
René Char - L'esprit souffre (Moulin premier XXIX)
L'esprit souffre, la main se plaint.
L'humour entre eux comme un sextant écorché.
Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés
sont préférés aux buts lointains.
La vérité attend l'aurore à côté d'une bougie. Le verre de fenêtre est
négligé. Qu'importe à l'attentif.
Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému.
Il n'y a pas d'ombre maigre sur la barque chavirée.
Bonjour à peine est inconnu dans mon pays.
On n'emprunte que ce qui peut se rendre augmenté
Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays. Les
branches sont libres de ne pas avoir de fruits.
On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur.
Dans mon pays, on remercie.
René Char Qu'il vive (1968) (Extrait des Matinaux)
j'ai pas noté l'auteur
Vivant ne vivant plus
les amants séparés
ne peuvent pas dormir
redisant le nom de l'amour
et de la source inconsolable
Criant ne criant plus
la bouche enfoncée dans la nuit
ils roulent sur l'oreiller impossible du temps
et c'est le temps qui les nourrit
Leurs deux noms enlacés dans la matière noire
les amants séparés ne peuvent pas dormir
priant que le temps passe
priant et suppliant
que le temps de l'amour ne passe jamais
vivant ne vivant plus
vivant l'inexorable.
Ton corps rit-il toujours sous la caresse pénétrante
de la main ou de l’air, retrouve-t-il dans l’air
d’autres corps quelques fois ? Il en resurgit tant
d’un frisson du sang, d’un néant. Le corps qui s’étendit
près de toi, te cherche lui aussi ce néant.
C’était un jeu léger de penser qu’un jour
resurgirait la caresse de l’air, souvenir
jaillissant tout à coup du néant. Ton corps
s’éveillerait un matin, amoureux
de sa propre ferveur, dans l’aube déserte.
un souvenir pénétrant te parcourait
et un sourire pénétrant. Cette aube revient-elle ?
Cette fraîche caresse se serrerait
contre ton corps dans l’air et au cœur de ton sang,
et tu saurais alors que l’instant de ferveur
dans l’aube répondrait à un autre frisson,
Frisson né du néant. Tu le saurais
comme en un jour lointain tu savais
qu’un corps s’étendant près de toi.
tu dormais légère
sous un air rieur de corps fugitifs,
amoureuse d’un néant. Le pénétrant sourire
te parcourut figeant ton regard de stupeur.
cette aube, n’est-elle plus revenue du néant ?
Basho
L’eau est si froide
Qu’elle ne peut s’y endormir
la mouette.
Les cigales vont mourir –
Mais leur cri
N’en dit rien
Les sangliers eux-mêmes
Sont emportés
Par la tempête d’automne
De temps en temps les nuages
Nous reposent
De tant regarder la lune
Une fleur me fut offerte
Telle que Mai n’enfanta
jamais ;
Mais je me dis : « J’ai un
gentil rosier.»
Et je négligeai la douce
fleur.
Puis j’allai voir mon gentil
rosier
Pour le soigner jour et nuit
;
Mais ma rose se détourna avec
jalousie
Et ses épines furent mes
seules délices.
Elle(il)désirait,
sans connaître,
Elle(il)a
péri, sans savoir,
Arbres,
fumées,
Toutes
lignes de vent et de déception
Furent
son gîte,
Elle(il)
n'a étreint que sa mort.
Et elle est debout la
négraille
la négraille assise
inattendument debout
debout dans la cale
debout dans les cabines
debout sur le pont
debout dans le vent
debout sous le soleil
debout dans le sang
debout
et
libre
debout et non point pauvre
folle dans sa liberté et
son dénuement maritimes
girant en la dérive parfaite
et la voici :
plus inattendument debout
debout dans les cordages
debout à la barre
debout à la boussole
debout à la carte
debout sous les étoiles
debout
et
libre
et le navire lustral
s'avancer impavide sur les eaux écroulées.
C'est cette mince
pellicule sur le remous du vin mal déposé de la mer
c'est ce grand
cabrement des chevaux de la terre
arrêtés à la
dernière seconde sur un sursaut du gouffre
c'est ce sable
noir qui se saboule au hoquet de l'âbime
c'est du serpent
têtu ce rampement hors naufrage
cette gorgée
d'astres revomie en gâteau de lucioles
cette pierre sur
l'océan élochant de sa bave
une main
tremblante pour oiseaux de passage
ici Soleil et Lune
font les deux
roues dentées savamment engrenées
d'un Temps à nous
moudre féroce
c'est ce mal être
cette fiente
ce sanglot de
coraux
c'est fondant du
ciel mémorable
jusqu'au leurre de
nos coeurs rouges à l'aube
ce bec de proie
rompant la poitrine inhospitalière
cage
et
marécage
C'est cet émouchet
qui blasonne le ciel de midi de nos noirs coeurs planant
ce rapt
ce sac
ce vrac
cette terre
Il se fait des contes et ne
peut les suivre,
la terre à sa cheville.
Alors, il redevient l’enfant
inconsolable
et mains au dos
brise le jouet du temps
La légèreté, elle est partout, dans l’insolente fraîcheur des pluies
d’été, sur les ailes d’un livre abandonné au bas d’un lit, dans la rumeur des
cloches d’un monastère à l’heure des offices, une rumeur enfantine et vibrante,
dans un prénom mille et mille fois murmuré comme on mâche un brin d'herbe, dans
la fée d’une lumière au détour d’un virage sur les routes serpentines du Jura,
dans la pauvreté tâtonnante des sonates de Schubert, dans la cérémonie de fermer lentement les volets le soir, dans une fine
touche de bleu, bleu pale, bleu-violet, sur les paupières d’un nouveau-né, dans
la douceur d’ouvrir une lettre attendue, en différant une seconde l’instant de
la lire, dans le bruit des châtaignes explosant au sol et dans la maladresse
d’un chien glissant sur un étang gelé, j’arrête là, la légèreté , vous voyez
bien, elle est partout donnée. Et si en même temps, elle est rare, d’une rareté
incroyable, c’est qu’il nous manque l’art de recevoir, simplement recevoir ce
qui nous est partout donné.
La vie
Secrète
L'insondable énigme
Le temps
Réduit
Cette aventure du souffle
A l'aune d'un sablier
En nos corps dissemblables
En nos visages divers
Quelle symphonie traduisons-nous
Quel récit, Quel livre ouvert
De notre chair si concrète
D'où tirons-nous lumière ?
Chaqun côtoie
Le fleuve des présences
Personne n'escorte
La mer.
Depuis hier, la poésie de "Mare
Nostrum" est orpheline.
Andrée Chedid,
l'une de ses grandes
figures s'en est allée pour son dernier voyage.
Elle symbolisait l'âme du brassage des cultures en Méditerranée : née au
Caire de parents libanais, elle arrivera en France à l'âge de 26 ans après un
séjour de quelques années au Liban.
Romancière et poétesse de grand talent, sa vaste oeuvre littéraire
s'exprimera aussi bien en français, qu'en anglais et arabe.
Relisons encore une fois l'un de ses beaux poèmes.
Où la mer lentement progresse,
là-bas, reposent les îles.
Sur l'eau accablé de ténèbres,
l'homme recueillait les promesses
d'un soleil bientôt absent.
De ce temps-là, le vent des démesures se laissait boire,
les colonnes du silence veillaient.
Au loin, la mer délaisse son noueux combat ;
Embrasse l'île envoilée. Se confie, éprise.
Là-bas,
la terre ne parle pas pour rien.
Tantôt profanes tantôt
magiques
Perclus d’ombres et d’élans
Equipés pour l’ascension
Comme pour la chute
Nous cheminons
Nous nous acheminons.
A chaque souffle qui se perd
Dans les marais de l’âme
A chaque force qui s’étiole
Dans le vaisseau du corps
Je sonde l’ingénieuse vie
Gardienne de nos arcanes
Sa réponse inaudible
Multiplie nos fictions.
Loin des berges stridentes
Egarer l’ancre
Rompre les amarres
Suivre l’appel
De l’intime horizon.
Qui
Se tient
Derrière le pelage du monde ?
Quel visage au front nu
Se détourne des rôles
Ses yeux inversant les images
Sa bouche éconduisant les
rumeurs ?
Quel visage
Veillant par-delà sa vue
Nous restitue
Visage ?
Quel visage
Surgi du fond des nôtres
Ancré dans l’argile
S’offre à l’horizon ?
Dans l'eau des
rivières mortes
Chevalier sans
armure
A quoi sert de te mirer
Je te regarde
Il n'est plus de
mystère
Au jour
désenchanté
Voir les jardins
se referment
L'arbre renonce à
ses prodiges
Le songe s'est
dévoré
Toute vie
Amorça
Le mystère
Tout mystère
Se voilà
De ténèbres
Toute ténèbre
Se chargea
D’espérance
Toute espérance
Fut soumise
A la vie
Quand je glisse en tes yeux,
Une allée me prolonge
Loin du mortel pays
Amour, il fallait bien que tu
sois.
Au bord des rives où tout
trépigne et s’efface ;
Il fallait bien que l’eau
perpétuelle
Nous donne ce qui est plus
que la vie.
.
Bon dimanche Frankie, je vous embrasse
Malgré le propos grave, j'ai retrouvé avec plaisir le niama niama tant utilisé et que j'avais - presque - oublié! Mais ton billet ce n'est pas un niama niama. Il est bien pensé pour consoler - ce qui est consolable. Merci pour ces extraits que je reviendrai lire, pour m'apaiser.
RépondreSupprimerMerci Frankie pour ces beaux textes...
RépondreSupprimerSuis bien triste de la savoir partie , tant j' aime Andrée Chédid , Bobin , Char ..:-))
Merci, de tout coeur