jeudi 25 février 2010

Conte du vendredi PEAU DE COCHON



Un grand prince avait une femme très belle et il l’aimait par-dessus tout. Mais la princesse mourut et il lui resta une seule fille, qui ressemblait à sa mère comme deux gouttes d’eau. Le prince dit : « Ma chère file, je veux t’épouser ! » Elle alla au cimetière pleurer avec piété sur la tombe de sa mère. La mère lui dit : « Demande-lui de t’acheter une robe parsemée d’étoiles scintillantes ! » Le père acheta la robe et aima sa fille plus que jamais. La fille retourna pleurer sur la tombe de sa mère. La mère dit : « Demande-lui de t’acheter une robe où brillent, sur le dos, la lune claire, et, sur la poitrine, le soleil radieux ! » Le père réussit à acheter la robe et s’enflamma encore davantage. A nouveau la fille gagna la tombe et pleura avec piété :
« Mère, mon père m’aime encore davantage ! – Alors, mon enfant, demande-lui à présent, une peau de cochon ! »
Le père lui fit faire la peau de cochon. Elle l’enfila. Le père cracha de dégoût et la chassa de la maison, sans lui fournir ni servante, ni pain pour sa route. Elle se signa et s’en fut. « Remettons-nous-en, se dit-elle, à la volonté divine ! » Un jour s’écoula, un deuxième, un troisième, , et elle passa en terre étrangère.

Soudain, les nuages s’amoncellent, l’orage menace. Où s’abriter de la pluie ? La princesse vit un chêne énorme, elle grimpa dedans et se cacha dans les branches épaisses. A ce moment un tsarévitch chassait. Comme il passait devant le chêne, les chiens s’élancèrent vers l’arbre en aboyant. Ceci intrigua le tsarévitch qui envoya en avant son écuyer. L’écuyer revint dire : « ma foi, Votre altesse, il y a, perché dans l’arbre, un être étrange, mi-animal, mi-humain ! » Le tsarévitch s’approcha du chêne et dit : « Qui es-tu, être étrange ? Est-ce que tu parles ou non, » La princesse répondit : « Je suis Peau de Cochon ! » Le tsarévitch ne pensait plus à la chasse, il fit monter Peau de Cochon dans sa voiture et dit : « Il faut que je la montre à mon père et à ma mère ! » Le père et la mère restèrent stupéfaits à sa vue, puis ils lui donnèrent une chambre à part.

Au bout de quelque temps, le tsar apprêta un bal auquel tous les courtisans furent conviés. Peau de Cochon demanda aux laquais : « Est-ce que je peux rester à la porte pour regarder le bal ? – Tu rêves, Peau de Cochon » alors elle s’en fut par la vaste plaine, revêtit la robe étincelante, parsemée d’étoiles scintillantes. Elle se mit à siffler d’une voix tonnante et un carrosse apparut : elle y monta et se rendit au bal. La voilà qui arrive et se met à danser. A sa vue, tous s’extasièrent, se demandant d’où pouvait venir beauté pareille. Lorsqu’elle eut bien dansé, elle disparut ; renfilant sa peau de cochon, elle retourna dans sa chambre. Le tsariévitch vint la voir et demanda : « Est-ce que ce n’était pas toi, Peau de cochon, qui était si belle, - comment veux-tu que ce soit moi, avec ma peau de cochon ? » répondit-elle. Je me tenais seulement à la porte ! »

Une seconde fois, il y eut un bal à la cour. Peau de Cochon demanda la permission de venir voir : « Tu rêves ! », se moqua-t-on. Elle s’en fut par la vaste plaine, se mit à crier, à siffler, non pas d’une voix de rossignol, mais de sa voix de fille, et un carrosse apparut. Elle laissa glisser sa peau de cochon, mit la robe où brillait, sur le dos, la lune claire, et, sur la poitrine, le soleil radieux. Arrivant au bal, elle se mit à danser. Tous la regardèrent sans se lasser. Puis elle disparut. « Que faire à présent ? songea le tsariévitch. Comment savoir qui est cette beauté ? » une idée lui vint : il enduisit de poix la première marche afin que le soulier de la belle se prit dedans.

Au troisième bal, la princesse fut encore plus admirée ; lorsqu’elle ressortit, le soulier resta englué. Le tsariévitch le ramassa et s’en fut chercher par tout le royaume à qui il pouvait aller. Il fit tous les environs, le soulier n’allait à personne. Lorsqu’il rentra à la maison, il s’approcha de Peau de Cochon : « Montre-moi ton pied ! », dit-il. Elle le montra. Il lui essaya le soulier, qui se trouva lui aller juste. Le tsariévitch. Le tsariévitch découpa alors la peau de cochon et la lui enleva. Puis il prit la princesse par sa blanche main, la conduisit à son père et à sa mère, et leur demanda la permission de l’épouser. Le star et la tsarine les bénirent et on les maria. Le tsariévitch demanda à sa femme :
« Pourquoi portais-tu une peau de cochon ? – Parce que, dit-elle, je ressemblais à ma défunte mère et que mon père voulais m’épouser. »

FIN

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