Textes du jour de la blog-woman, phrases : colonne vertébrale, contes, légendes, mots d'humeurs, d'amour, lettres à la mer, recherche de connivence, complicité, ses dessins, ...la jazzeuse des grands chemins et sentes, écrivaine nomade des murmures de la vie intérieure et des happening minimalistes nés au hasard d'un banc public dans un parc aromatique , un abri bus , un train , un marché, les pas perdus d'un aérogare tous les lieux insolites pour une rencontre.
vendredi 23 juillet 2010
Le mouton noir CONTE DU VENDREDI
MON NOUVEAU TOUR DE CONTES S'APPELLERA
FRANKIE PAIN : LA BERGÈRE DU VERBES, DES VACHES ET DES MOUTONS
LE MOUTON NOIR
Quelque part dans les plaines d'Anatolie, un berger travaillait pour un riche propriétaire. Les jours s'écoulaient, paisiblement, il gardait ses moutons en jouant de la flûte, et la vie suivait son cours.
Un jour, la fille du propriétaire vint à passer près du troupeau. Le berger sentit l'amour fondre sur lui tel l'aigle sur le mouton. Il passa le reste de la journée à jouer de la flûte en hommage à la beauté de la jeune femme, et à se lamenter sur leur différence de statut social qui empêcherait tout mariage. Il confia sa tristesse à son mouton préféré, le seul dont la laine était noire comme les plumes du corbeau, en lui disant qu'il serait le plus heureux des hommes s'il n'avait ne serait-ce qu'une mèche de cheveux de sa bien-aimée.
La fille du propriétaire, qui s'était cachée derrière un buisson pour s'enivrer du son de la flûte, entendit les déclarations du berger. Et le lendemain, il trouva sur son chemin une longue mèche de cheveux sombres enroulés autour d'une rose rouge. Dès lors, les deux jeunes gens s'aimèrent et se retrouvèrent jour après jour dans les plaines, jusqu'à ce qu'ils décident d'avouer leur idylle au propriétaire.
L'homme commença bien sûr par refuser une telle union, mais lorsque sa fille déclara que le berger était le meilleur musicien du royaume, il décida de lui faire subir une épreuve. Pendant trois jours et trois nuits, on ne donna pas une goutte d'eau aux moutons de son troupeau. Et lorsque vint le matin du quatrième jour, on lui demanda d'empêcher les bêtes d'aller boire au ruisseau par la seule force de sa musique.
Au début, indifférents au musicien, les moutons se dirigèrent vers le cours d'eau. Mais lorsque la mélodie se fit de plus en plus plaintive, désespérée, on vit le mouton noir changer de direction et se rapprocher de son berger pour l'écouter jouer. Les autres moutons suivirent, un par un, et finalement aucun d'eux ne s'abreuva avant que le son de la flûte se soit éteint.
Le propriétaire dut tenir sa parole et promettre sa fille au berger, mais il fixa la date des noces au printemps suivant, lorsque le jeune homme serait revenu des pâturages d'hiver. Et tandis que le promis travaillait au loin, il organisa le mariage de sa fille avec le fils d'un riche marchand des environs. On ne sait pas vraiment comment le berger eut vent de cette traîtrise, mais on dit que le mouton noir n'y fut pas étranger... Toujours est-il qu'il revint en ville le jour des noces, au moment où la fête commençait.
Les serviteurs refusèrent tout d'abord de le laisser passer, car il n'avait aucun cadeau pour la mariée. Mais il sortit alors sa flûte et déclara qu'il avait sa musique à offrir. Il joua un morceau si triste, si poignant, que tous ceux qui étaient là, béats d'admiration, s'écartèrent pour qu'il s'approche du cortège.
Sentant que la situation lui échappait encore une fois, le propriétaire lança le cortège au galop. Le berger, qui s'avançait lentement au milieu de la route, perdu dans sa musique, fut piétiné par la horde de chevaux. La jeune femme, horrifiée, poussa un cri strident et tomba de sa monture avant d'être piétinée à son tour.
On les enterra côte à côte, sur une colline surplombant les plaines. Un rosier blanc poussa sur la tombe du berger, et un rosier rouge sur celle de sa fiancée. Et l'on raconte que pendant de nombreuses années, on vit de temps en temps un mouton noir qui grimpait la colline, et qui respirait les roses avant de rejoindre son troupeau
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la fin du conte est un peu cruelle.. Mais c'est très joliment raconté :)
RépondreSupprimerJe vous remercie infiniment pour votre joli commentaire sur mon blog, je suis bien contente de vous avoir rencontrée, j'aime beaucoup votre style, vos jeux avec les mots, les couleurs, les matières. C'est adorable.
Et en effet, comme vous l'avez dit : "comment reconnaître le grand amour quand on en a connu que ses mirages". Je sais que je l'ai connu auprès de Lui, je sais que j'étais tout pour lui, mais l'amour est un sentiment triste, surtout quand il est gâché.
Merci mille fois pour vos folies douces.
je sens que vous êtes encore très attachée à lui
RépondreSupprimeraller à sa rencontre et faites lui la cour
chantez lui Brel
les dessinateurs ont droit à trois traits pour leur croquis
BATTEZ VOUS JE VOUS OFFRE MON SOUFFLE ET MES PENSEES
Encore une jolie histoire belle et triste aussi, que vous savez si bien nous offrir, bon vendredi.
RépondreSupprimerComme quoi il est presque impossible d'unir deux personnes d'origines sociales si différentes, même lorsqu'elles s'aiment intensément...
RépondreSupprimerDans les contes non plus les bergers n'épousent pas les princesses, c'est pourquoi j'aime tant celui-ci.
Moi aussi j'ai aimé un jeune homme fortuné, dans une autre vie. Sa famille a tout mis en oeuvre pour nous séparer. Il a tenu bon, et des fiançailles eurent lieu.
Six mois avant le mariage j'ai jeté l'éponge.
Je ne voulais pas entrer dans cette famille bourgeoise et stricte à pleurer.
J'ai fait mon sac et j'ai quitté le continent blanc pour la continent noir.
J'y ai trouvé qui j'étais et la certitude d'avoir eu raison de fuir.
Parfois le courage c'est la fuite, hé oui !!